Le 3/04/2019 Les Cheyennes
Mercredi 3 avril 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)Cycle "Grands espaces, Grand écran "(1/4)
LES CHEYENNES
(John FORD - États-Unis - 1964 - 154 min)
" C'est sans doute une réaction inconsciente, mais c'est en effet un peuple très digne - même lorsqu'il a été battu. Naturellement, ce n'est pas très populaire aux États-Unis. Le public aime voir les Indiens se faire tuer. Il ne les considère pas comme des êtres humains, possédant une profonde culture, différente des nôtres. Si vous regardez les choses en détail, vous découvrirez pourtant que leur religion ressemble en de nombreux points à la nôtre." John Ford.
[Cité par Peter Bogdanovich in John Ford.University of California Press, Berkeley. 1967].
Cinéaste attaché à la dignité humaine, Ford ne pouvait décemment terminer sa carrière sans nous donner un grand film sur les Indiens, ces mal-aimés du cinéma hollywoodiens. En fait, le cinéaste avait en projet de relater la tragédie des Cheyennes depuis le début des années cinquante. Les aléas de la production ont fait de ce thème son tout dernier western. Et il est presque heureux qu’il ait dû attendre si longtemps pour le réaliser. Cheyenne autumn (le magnifique titre original donne à lui seul la tonalité de l’œuvre) synthétise les sentiments d’un homme revenu de tout et qui s’interroge avec pessimisme sur les ambiguïtés de son pays. Le film - il faut s’en souvenir pour mieux en comprendre la portée - a été tourné juste après l’assassinat de Kennedy.
Situé dans les paysages désertiques époustouflants de Monument Valley (Utah) - région que Ford, au fil de sa longue carrière, a contribué à rendre célèbre dans le monde entier -, Les Cheyennes est servi par une extraordinaire conjonction de talents. Qu’il s’agisse du directeur photo, William Clothier, formidablement inspiré ici. Ou d’Alex North, un des plus grands compositeurs hollywoodiens (pour le situer, sachez qu’il a collaboré avec Kubrick sur Spartacus et 2001 : Odyssée de l’espace). A noter pour la petite histoire que Ford, pour des raisons obscures, détestait cette BO qui cependant contribue pour beaucoup à la beauté poignante de son film. Quant à la distribution, il suffit de lire les noms qui s’égrènent au générique pour en deviner la cohésion. Oui, décidément, pour son dernier western, Ford, déjà très malade, a mis tous les atouts de son côté. Cheyenne autumn est un de ses films les plus aboutis, un testament lyrique aux accents crépusculaires. [avoir-alire.com].
- Publié dans Cycle Grands Espaces
- Soyez le premier à commenter!