Le 20/03/2019 LA SIRÈNE DU MISSISSIPI
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Mercredi 20 mars 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)Cycle Imposture (2/3)
LA SIRÈNE DU MISSISSIPI
(François TRUFFAUT - France - 1970 - 123 min)
« Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort :
Jean-Paul [Belmondo] aussi vivant et fragile qu’un héros stendhalien,
et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. »
(François Truffaut à Catherine Deneuve)." Tout ce que je sais, je l’ai appris par le cinéma, à travers les films. C’est par le cinéma que passent mes idées sur la vie. Et le cinéma, on apprend son histoire, son passé et son présent à la Cinémathèque ! On ne peut apprendre que là ! C’est un enseignement perpétuel. Je fais partie de ces gens qui ont besoin de revoir sans arrêt les films anciens, les muets, les premiers parlants. Donc, je passe ma vie à la Cinémathèque, sauf quand je suis occupé à tourner moi-même." (François Truffaut, L’Express, 20 mars 1968).
" C'était un personnage nouveau pour moi : celui d'une aventurière, avec des traits qui étaient loin de moi, mais dans un climat si étrange que le film n'entre dans aucun genre. C'est une histoire d'amour très pathétique, très passionnée, très romantique - et cela correspond tout à fait à la personnalité de Truffaut, ce romantisme - avec des éléments comme l'aventure, l'intrigue policière, qui viennent se mêler à cela… Mais j'ai assez de mal à parler de ce film parce que le tournage a été merveilleux, facile, agréable, sans aucun problème, dans une ambiance formidable, avec une confiance totale… C'est comme le bonheur en fin de compte, cela ne se raconte pas : il faut le vivre ou en être témoin pour comprendre. (Catherine Deneuve, Cinéma 1969).
Le récit d'une dégradation par amour, d'une passion
" Dans la Sirène, j'ai admiré surtout la répartition des événements, les apparitions, disparitions et réapparitions des principaux personnages. J'ai donc respecté cette construction pour le film, j'ai cherché à en conserver toutes les proportions."
" Irish fait partie de ces auteurs américains qui ont subi l'influence du cinéma. Cette influence m'est apparue de façon plus sensible pendant que j'adaptais la Sirène et que je travaillais le livre à la main comme si celui-ci était déjà le scénario. Dans le roman, Irish dit du détective : " Il avait le regard le plus direct que l'on eût rencontré. " C'est l'unique indication que j'ai donnée à l'interprète du rôle. Michel Bouquet, et qui lui a suffi pour faire sa composition.
" Mon scénario définitif a été moins une adaptation au sens traditionnel qu'un choix de scènes. Enfin, avec ce film j'ai pu réaliser le rêve de tous les cinéastes : tourner dans l'ordre chronologique une histoire chronologique qui représente un itinéraire."
" Jean-Paul Belmondo est, avec Jean-Pierre Léaud, mon acteur préfère, et pour Catherine Deneuve il était impossible de ne ¦pas songer à elle. En effet, son rôle de la Sirène cumule divers aspects d'elle que nous avons pu voir récemment : par exemple, son aspect romantique dans Benjaminet son aspect " vie secrète " dans Belle de jour. Puis, c'était bien d'avoir dans un film lié à une certaine tradition du cinéma américain deux acteurs de célébrité égale. Mais tout en trouvant superbe le couple Deneuve-Belmondo, je sens bien qu'il existe à Paris une sorte de préjugé à l'égard des vedettes et à plus forte raison quand elles vont par deux. À New-York, l'optique est très différente : j'y étais l'an passé, et quand j'ai parlé de la Sirène à des journalistes américains ils m'ont dit : " Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo sont charmants, ils vont " former un joli petit couple. "
" Enfin, et parce qu'il est l'acteur le plus complet d'Europe, Belmondo fait alterner dans sa carrière trois personnages : celui qui descend de Sganarelle, celui qui s'inspire du héros des films de gangsters américains, celui qui serait le fils du Gabin de la Bête humaine. C'est cette troisième possibilité que je lui ai demandé d'explorer en utilisant sa gravité, qui lui permet de dire tellement bien les dialogues d'amour."
[Propos de François Truffaut recueillis par Yvonne Baby, Le Monde, 21 juin 1969]
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