Le 04/11/2018 Lost in Translation
Mercredi 7 novembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Cycle " Au féminin " (1/3)
LOST IN TRANSLATION
(Sofia Coppola - USA - 2004 - 102 min)
La mise en scène de Sofia Coppola, tapissage sensoriel de lumière tamisée, de musique planante et de calfeutrage nocturne, restitue opportunément ce déphasage spatio-temporel des personnages qui les pousse irrésistiblement, entre attraction amoureuse et affinité amicale, à trouver en l'autre une planche de salut existentiel. (…)
Sans doute Sofia Coppola - depuis Brève rencontrede David Lean (1945) jusqu'à In the Mood for Lovede Wong Kar-waï (2000) - n'est-elle pas la première à tirer d'un amour impossible matière à d’aussi aléatoire poésie. Mais la drôlerie et l'élégance de sa mise en scène, cette touche singulière qui lui permet de suggérer un maximum de choses en un minimum de mots, sa prédilection pour un pastel esthétique qui relèverait de l'effet de mode si elle n'ouvrait sur un abîme de désarroi, tout cela fait de Sofia Coppola bien plus qu'une fille à papa - ce qui ne serait en l'occurrence pas si mal -, mais une cinéaste à part entière, c'est-à-dire quelqu'un qui sait faire corps avec son temps.
Jacques Mandelbaum [Le Monde, 6 janvier 2004]
L'ACCUEIL CRITIQUE EN FRANCE
Le film obtient un score de 4,45/5 sur la revue de presse d'Allociné. Florence Colombani, du Monde souligne « la drôlerie et l'élégance de la mise en scène » et le don qu'a Sofia Coppola de « suggérer un maximum de choses en un minimum de mots ». Emmanuel Burdeau, des Cahiers du cinéma, évoque « le meilleur cinéma, immobile et attentif, occupé à la tâche sans fin de son autotraduction ». Serge Kaganski, des Inrockuptibles, estime que c'est « une comédie romantique aussi subtile que mélancolique ». Jean-Pierre Coursodon, de Positif, évoque « un film très libre, et parfois désopilant, en même temps que secrètement nostalgique ». Pour Martine Landrot, de Télérama, c'est un film « radieux, retenu et remuant [qui] marque une date dans l'histoire personnelle de celui qui l'a vu » et bénéficiant de l'interprétation de « deux acteurs au jeu translucide et pénétrant ». Didier Peron, de Libération, met en avant la « légèreté de la forme » et la « profondeur de fond », une « étude en mode mineur d'un certain état de l'individu moderne déchiré entre les souffrances de l'ubiquité et les ravissements de la solitude ultime »
[https://fr.wikipedia.org/wiki/Lost_in_Translation]
SENSE OF TOUCH
Ne pas s’y tromper : avec ce second essai, Sofia Coppola nous laissait alors le soin de rêver, de flotter tout doucement dans l’éther du 7ème Art, sans jamais perdre cette sensation unique. Avec plein de questions qui continuent encore de toquer à notre esprit : l’âme du Japon moderne n’avait-elle jamais été aussi bien captée et retranscrite sur grand écran ? L’impression de naviguer dans une atmosphère de zénitude et de volupté n’avait-elle jamais atteint un tel zénith auparavant ? Bill Murray était-il devenu en l’espace d’un seul film l’acteur le plus éblouissant du monde ? Scarlett Johansson avait-elle enfin quitté son enveloppe de comédienne cantonnée aux seconds rôles ingrats pour irradier l’écran dans un mélange de douceur et de sensualité ? Sofia Coppola avait-elle touché à l’essence même de ce qui peut inconsciemment relier le spectateur à toutes les composantes d’une œuvre de cinéma ? Et de notre côté, avait-on enfin la sensation de tomber littéralement amoureux d’un film, au point de ne jamais vouloir s’en séparer ? Les réponses sont dans les questions.
[http://www.courte-focale.fr/cinema/analyses/lost-in-translation/]
- Publié dans Au Feminin
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