Le 03/10/2018 The big Lebowski
Mercredi 3 octobre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Cycle " Les Losers magnifiques " (1/3)
The Big Lebowski
Ethan & Joel COEN (États-Unis, 1998 - 117 mn)
" L’œuvre des Coen est au-delà d’une simple farce. Dans un monde rationalisé et
tourné vers la rentabilité, le Dude propose une forme de rébellion salvatrice.
C’est un film post-idéologique : le Dude fait la révolution tout seul dans son coin.
Mais il peut, si on l’imite, ébranler le système." (Olivier Maulin).
Mythologie
Comme l'expliquait l'ethnologue Isabelle Rivoal dans les colonnes du HuffPost, le regain d'intérêt du loser ne date pas des frères Coen. "Le loser, c'est l'antithèse du golden boy des années 1980. Avec lui, l'image de l'homme hyper-individualiste qui réussit s'effondre complètement. Du coup, le loser s'indiffère au monde qui l'entoure". L'émergence de figures telles que celle de Homer Simpson est symptomatique de cette époque. Mais un autre personnage mythique créé par les frères Coen, incarne peut-être mieux que tout autre la lose du changement de siècle. Jeff Lebowski, plus connu sont le nom de The Dude (traduit en Duc dans la version française) et héros de The Big Lebowski. [avoir-alire.com]
Comment « The Big Lebowski » est devenu un film culte
A sa sortie en 1998, le film des frères Coen, présidents du Festival de Cannes 2015, n’a pas fait grand bruit. C’est au fil des ans et des fans que cette ode à la non-performance s’est imposée comme un phénomène mondial.
« Ils n’ont ni notre bénédiction ni notre malédiction. » Placée en exergue de Je suis Lebowski, tu es Lebowski (éditions Séguier), un livre de fans, cette citation de Joel et Ethan Coen synthétise leur ambivalence à l’égard du culte suscité par The Big Lebowski, rediffusé en salles à l’occasion de leur présidence cannoise. Souvent galvaudé par la pop culture, le mot « culte » peut s’entendre ici dans son sens premier puisque le personnage de loser magnifique incarné à l’écran par Jeff Bridges, surnommé « The Dude » (le mec), a été canonisé en 2005 par le « dudeism », une religion potache mariant le Non-Agir (précepte tiré du taoïsme), déambulations en peignoir, et dégustation de cocktails (White Russians, of course). Délivrant ses ordinations à ses ouailles sur canapé par simple retour de mail, le dudeism (dudeism.com) revendique 220 000 prêtres en ce bas monde.
Sorti en 1998, The Big Lebowskimet en scène, sur une trame empruntée au Grand Sommeilde Raymond Chandler, les aventures picaresques du Dude, un personnage d’apparence minable sorti de sa routine (joint-cocktail-bowling) par un acte sacrilège : un malfrat, le confondant avec un homonyme, s’est permis d’uriner sur son tapis persan, celui « qui harmonisait la pièce ». Au box-office américain, cet antihéros en peignoir et tongs réussira modestement à s’installer à la sixième position dans le sillage du Titanic de James Cameron qui écrase alors la concurrence.
Un succès mitigé aux yeux du public comme de la critique. Même Jeff Bridges avoue sa relative déception en préface de Je suis un Lebowski, tu es un Lebowski. « On me demande souvent si je suis surpris par le retentissement qu’a eu The Big Lebowski ces dernières années. En général, on s’attend à ce que je réponde “oui”, mais ma réponse est toujours “non”. Ce qui me surprend, c’est qu’il n’ait pas aussi bien marché que ce à quoi je m’étais attendu. Il était extrêmement drôle et les frères Coen venaient de remporter l’Oscar pour Fargo. Je pensais que les gens allaient adorer. Pour vous dire la vérité, j’ai été un peu déçu.» [Julien Guintard, Le Monde, 7 mai 2015]
- Publié dans Les Loosers Magnifiques
- Écrit par Krishna
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