Le 10/10/2018 Macadam Cowboy
- Écrit par Krishna
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Mercredi 10 octobre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Cycle " Les Losers magnifiques " (2/3)
MACADAM COWBOY / MIDNIGHT COWBOY
John Schlesinger (États-Unis, 1969 - 110 min)
Macadam Cowboy et le Nouvel Hollywood
Courant majeur dans l'histoire du cinéma américain, le Nouvel Hollywood a marqué les années 70 et profondément renouvelé la manière de faire des films. La tendance est à la fin du héros américain ordinaire (Butch Cassidy et le Kid, Les Désaxés …); dans Macadam Cowboy, le cow-boy est un gigolo, qui vit dans un studio avec un tuberculeux. Les deux amis (interprétés par les stupéfiants Jon Voight et Dustin Hoffman) vivent dans des conditions indignes et sordides, mais John Schlesinger les filme toujours avec respect. Le nouveau héros l'est par ses qualités humaines et la façon dont il surmonte ses difficultés.
Le prostitué et le clochard
Il fallait beaucoup de tact, d'humour et de virtuosité pour rendre supportable cette histoire sordide. John Schlesinger a su éviter le pire sans pour autant édulcorer le roman de James Leo Herlihy, d'où est tiré ce Midnight Cowboy rebaptisé en français Macadam Cowboy.
Oui, il fallait de la part du réalisateur beaucoup de tact, d'humour et de virtuosité... Aussi souvent qu'il a pu, John Schlesinger a gommé la crudité des situations en faisant bifurquer son récit vers la comédie (les premières rencontres de son cow-boy sont plus cocasses que déplaisantes), en multipliant les gags et les notations satiriques et, surtout, en utilisant - avec habileté - les ressources d'un style dont l'élégance et la fantaisie nous distraient de la réalité immédiate. Il y a de l'illusionniste chez Schlesinger. Mais cet illusionniste n'est pas un tricheur. S'il jette de la poudre aux yeux, il n'escamote pas l'essentiel. Sa description de New York est impitoyable (sur un trottoir, cet homme affalé que personne ne regarde, cette crasse des bas quartiers et partout cette fange morale...), et c'est sans concession qu'il dépeint ses personnages, leur veulerie, leur abjection, la stupidité de Joe, le cynisme de Ratso. La désinvolture du ton n'exclut jamais ici la franchise et la sensibilité.
Les interprètes sont parfaitement dirigés. Jon Voight fait d'excellents débuts dans le rôle du cow-boy et la composition de Dustin Hoffman sous les traits du clochard souffreteux et boiteux confirme le talent de ce comédien révélé par le lauréat.
On peut souhaiter d'autres films sur d'autres sujets. Mais si, dans Macadam Cowboy, John Schlesinger remue beaucoup de boue, du moins, personnellement, garde-t-il les mains propres.
TROIS OSCAR EN 1970. [Jean de Baroncelli, Le Monde, 2 mai 2008]
Macadam Cowboy, une tragédie urbaine d'une poésie sans limite
Premier film américain d’un grand cinéaste anglais, classé X (strictement interdit aux moins de 17 ans) aux Etats-Unis lors de sa sortie en 1969, porté par les interprétations éblouissantes de John Voight et Dustin Hoffman, Macadam Cowboyest typiquement LE FILM impossible à produire dans le système hollywoodien actuel.
Du fait, Macadam Cowboy commence fort : le premier plan du film fait entendre une bande-son de western alors qu’un zoom arrière s’éloigne de l’écran de cinéma d’un drive-in. John Schlesinger annonce la couleur et semble dire: « Je vais vous sortir du mythe du Far West, du Western, du rêve américain ! Macadam Cowboy ne va pas vous caresser dans le sens du poil !»
Et c’est parti pour 1h53 d’un cinéma tant en avance sur son temps qu’il n’a quasi pas pris une ride (on ne s’habille plus vraiment comme cela aujourd’hui, mais on s’en fiche royalement).
L’une des grandes forces de Macadam Cowboy, c’est évidemment ses interprètes. On découvre à l’époque un jeune gars qui fera une belle carrière : Jon Voight. Le futur papa de Angelina Jolie n’a que quelques films à son actif lorsqu’il est préféré à des stars plus confirmées comme Warren Beatty; mais beaucoup trop identifiables par le public. Voight impose un mélange assez inédit de candeur, sex-appeal. Son personnage de Joe Buck amuse autant qu’il agace, attendri ou effraie.
Dustin Hoffman, quant à lui, est exceptionnel dans le rôle de Ratzo Rizzo: loser number one de la Grosse Pomme. Hoffman qui sort à peine de Le Lauréatde Mike Nichols est méconnaissable. On a quitté un gamin propre sur lui pour découvrir un homme aux aboies, habitant un taudis dégueulasse et vivant d’arnaques minables. Ratzo Rizzo est le rôle qui restera de Hoffman avec ceux de Little Big Manet Le Lauréat!
L’association des deux acteurs est explosive ! En un sens Macadam Cowboyest le plus grand Buddy Movie de l’histoire du cinéma américain.
Le film est une histoire d’amitié bouleversante, d’une noirceur qui se déroule tout au long du récit. Jusqu’à une fin désespérée – que nous ne dévoilerons pas – et qui rendra hystérique tout amateur de happy end! Aucun studio n’oserait produire un tel film aujourd’hui ! D’autant plus que Schlesinger (qui n’a jamais vraiment fait mystère de son homosexualité) y aborde la sexualité de manière crue, misérable, réaliste, sordide mais aussi joyeuse ou hilarante.
Dans Macadam Cowboyle sexe est homo, hétéro, gratuit ou tarifé. Schlesinger se permet même de montrer sous formes d’images mentales (et dans un noir et blanc crapoteux) le viol commis sur le personnage de Joe Buck. On imagine la tête des spectateurs lorsqu’ils ont découverts le film au moment de sa sortie ! Mais, une fois de plus, Macadam Cowboy est avant tout une histoire d’amitié, qui chavire le cœur et vous fait monter les larmes. Sans démagogie. Sans putasserie !
Macadam Cowboy recevra l’Oscar du meilleur film pour son producteur Jerome Hellman. John Schlesinger celui du meilleur réalisateur. L’Oscar de la meilleure adaptation sera décerné à Waldo Salt pour son travail sur le film.
Schlesinger – mort en 2003 – retrouvera Dustin Hoffman sept ans plus tard pour un autre futur classique du cinéma américain : Marathon Man (1976). Un seul mot résume Macadam Cowboy: CHEF-D’OEUVRE ! [Grégory Marouzé (toutelaculture.com)]
Attention
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