Le 05/06/2018 La vallée des loups
- Écrit par Krishna
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Attention: séance exceptionnelle le MARDI
Mardi 5 juin 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
En présence du réalisateur
LA VALLÉE DES LOUPS
Jean-Michel BERTRAND (France - 2016, 90 mn)
Jean-Michel Bertrand:
" Je suis né dans les Hautes-Alpes, dans une vallée très préservée, et j’ai toujours eu la passion du sauvage. J’ai quitté l’école à 16 ans pour filmer et photographier les animaux près de chez moi, mais les hasards de la vie m’ont fait réaliser des documentaires aux quatre coins du monde, en Mongolie, en Sibérie, en Chine ou encore en Irlande. C’était passionnant mais j’étais frustré à chaque fois que je partais en expédition. J’ai fini par tout arrêter, pour réaliser un film comme je l’entendais, Vertige d’une rencontre (sorti en 2010), dans ma vallée et sur un sujet qui me fascinait : les aigles. Je n’ai jamais été aussi mal financièrement mais aussi bien dans ma tête.
Une nuit, j’ai eu une révélation. Je me suis dit que les loups étant revenus en France depuis vingt-cinq ans, j’allais essayer de les trouver dans ma vallée, qui me paraissait ultrafavorable car immense, isolée et giboyeuse, située à 1 800 mètres d’altitude. Ce canidé, c’était le Graal pour moi, un être inaccessible, que j’associais au Grand Nord canadien, à la Mongolie. Certains l’avaient croisé, mais l’animal restait discret, très difficile d’accès. Je voulais absolument filmer le vrai loup, le loup sauvage. J’ai du mal à comprendre l’intérêt de raconter le sauvage en filmant des animaux apprivoisés. Il n’y a pas de poésie, pas de magie, pas d’émotion.." [Propos recueillis par Audrey Garric (Le Monde, 4 janvier 2017)].
La vallée des loups n'est pas un documentaire animalier comme on en produit et diffuse à la chaîne. C'est un vrai film de cinéma, avec un point de vue et des choix de mise en scène. Un documentaire peut aussi avoir ses personnages. La route du cinéaste est ponctuée de rencontres toutes plus insolites les unes que les autres : chouettes et chevaux deviennent ainsi ses compagnons d’aventure. Aidé de ces drôles d’acolytes, l’auteur trace ses itinéraires sur un simple carnet à dessin, et pointe des lieux pour bivouaquer d’une croix comme sur une carte au trésor. Jean-Michel Bertrand a la force d’un chasseur et la ruse d’un renard : pour être au plus près de l’animal, il faut en devenir un et marquer son territoire. Pas question pour Jean-Michel Bertrand d'opter pour la facilité et d'aller filmer des loups dans des parcs ou des réserves. Faire un film sur la liberté, cela ne se fait pas au détriment de l'honnêteté et d'une certaine éthique pour ce cinéaste qui se refusera à nous révéler le lieu où se trouve la tanière. Le film est brut et donne àvoir ces animaux et cette vallée le plus spontanément possible. Les paysages majestueux et simples à la fois prennent le relais sur les commentaires du réalisateur, eux même accompagnés de la subtile musique d'Armand Amar. [benshi.fr]