La Fille aux allumettes

La Fille aux allumettes

Mercredi 2 mars 2016 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Cycle " Vent du Nord " (2/3)

La Fille aux allumettes
Aki Kaurismaki (Finlande - 1990)

" De l'autre coté de la haute mer,
il existe un pays où des vaques clapotent sur les rives du bonheur...
 "

Le film clôture la "trilogie prolétarienne". Après l’éboueur amoureux (Shadows in Paradise), après le chômeur devenu voleur parce que la société l’a volé (Ariel), voici l’ouvrière qui devient tueuse parce que la société l’a tuée.
Le film évoque par son titre une oeuvre d’Andersen et se joue des personnages et des rebondissements classiques des contes de fées : les parents aigris exploitent leur fille, le prince est tout sauf charmant et la fin s’avère aussi efficace que tragique.
Avec son économie de gestes et de paroles, sa briéveté, son refus de la dramatisation, il y a de la rigueur bressonnienne dans le traitement du pitoyable destin d’une jeune fille que tout le monde exploite, dans une Finlande où la vie quotidienne ne semble pas d’une folle gaieté et qui se conclut par une noire vengeance .
La réalité mondiale perçue par la télévision glisse sur Iris : la répression de la place Tien anh Men, l'explosion de gaz en URSS et ses 700 victimes, la mort de l'ayatollah Komeny en Iran. Perdue en elle-même, dans la salle de bal elle écoute la triste chanson et ses faux espoirs :" De l'autre coté de la haute mer, il existe un pays où des vaques clapotent sur les rives du bonheur... "
[http://www.cineclubdecaen.com/realisat/kaurismaki/filleauxallumettes.htm]

Ce pourrait être un mélo genre « séduite et abandonnée », suivi de « la vengeance d’une femme », ce n’en est pas un. Ce pourrait être un film social, un film sur ce qu’on appelait naguère le prolétariat, ce n’est pas ça non plus. C’est autre chose. Qui ne ressemble à rien de connu. Un film d’Aki Kaurismaki. La Fille aux allumettes n’est jamais pesant. Kaurismäki filme au rasoir. Pas d’attendrissement, pas d’explications superflues. Rien que l’essentiel. Des images acérées, magnifiquement éclairées et cadrées, qui fuient le misérabilisme comme la peste. Et toujours cet humour désanchanté, ce sens du dérisoire, toujours cet humanisme sans complaisance qui illuminent les films de Kaurismäki.
[http://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index.php?id=247&mode=film]

Dernière modification lejeudi, 10 mars 2016 10:45

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