Krishna

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Le 6/03/2018 Mysterious Skin

Mardi 6 mars 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenaiat avec les Festival "Vues d'en Face"

Mysterious Skin

Gregg ARAKI (États-Unis, 2004 - 100 mn)

L'un couche, l'autre pas : autour de l'expérience maladive de deux adolescents, Araki oublie le délire underground pour un film sensible et presque doux.
Plus rigoureux et plus puissant que les premiers films de Gregg Araki (Doom Generation, Nowhere), Mysterious Skin l'impose parmi les auteurs les plus passionnants de sa génération. Le film suit les parcours parallèles de deux garçons, de l'enfance à l'adolescence, ayant tous deux eu des rapports sexuels autour de l'âge de 10 ans avec leur entraîneur de base-ball. Le premier, Brian, garçon introverti à lunettes, a été violé. Le second, Neil, a entretenu une liaison perverse avec ce professeur pédophile. Araki n'élude pas le moment du rapport, mais le stylise avec intelligence (en caméra subjective ou par le détour du cauchemar SF, transformant le coach en inquiétant alien). Le film dit aussi de façon assez fine que le rapport sexuel avec un adulte peut être un fantasme enfantin, mais que le passage à l'acte, même dans un semi-consentement, a des conséquences aussi ravageuses qu'un viol. Entre Neil, qui désire le coach, et Brian, contraint par la force, aucune différence de degré dans la déflagration traumatique. Simplement, les dommages vont s'actualiser sous des formes radicalement contraires. Neil va obstinément rejouer ce rapport sexuel avec un homme mûr, se prostituant dès l'âge de 15 ans - et mettant plus d'une fois sa vie en péril. Brian va enfouir la violence dont il a été victime et broder, autour de ce trou de quelques heures dans sa vie, une série de chimères (jusqu'à imaginer avoir été enlevé par des extraterrestres). Plus sentimental que Larry Clark, plus psychologique que Gus Van Sant, Gregg Araki a trouvé son ton.
[Jean-Marc Lalanne, Les Inrocks, 01/01/2005].

Loin de faire du pédophile un monstre, au sens mythologique du terme, Araki en dresse un portrait humain qui peut être difficilement supportable, quelque part entre misère, affection réelle et pathologie. Et la question du consentement possible de l'un des deux enfants explose carrément un tabou. Ça aurait pu être franchement nauséabond, mais une sorte de grâce plane sur le film. Des images aériennes au service d'une histoire sans moralisation manichéenne, mais totalement lucide sur les effets désastreux qu'engendrent de tels faits divers.
Des questions délicates sont donc soulevées. Faut-il castrer le pédophile et le pendre avec ses parties génitales, comme on l'entend si souvent ? Faut-il le parquer dans un camp ? Que deviendrions-nous à ce moment-là ?
[Slamino, Le Point, 14/06/2011]

Le 28/02/2018 Jeremiah Jonhson

Mercredi 28 février 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Blanche comme neige " (1/3)

Jeremiah Johnson

Sydney POLLACK (États-Unis, 1972 - 108 mn)

" Nous ne voulions pas insister sur l’aspect excessivement violent ou barbare du personnage, mais plutôt
raconter l’histoire d’un homme qui renie la société organisée et s’élève jusqu’à des montagnes vierges
pour se modeler une vie à sa mesure, libérée des contraintes imposées par la civilisation.
Il découvrira que pareille beauté n’existe pas
…" (Sydney Pollack).

Partir à la recherche d'un mode de vie en harmonie avec la nature, voilà un thème faisant précisément écho au mouvement hippie en vogue depuis les années 1960. Pourtant en cette année 1972, Sydney Pollack, tout comme Wes Craven et John Boorman la même année avec respectivement La dernière maison sur la gauche et Délivrance, va malmener cette douce utopie. Ce que Jeremiah va fuir, il le retrouvera dans les montagnes qui vont l'entourer. La violence, l'incompréhension entre les hommes et l'impossibilité de trouver une place dans un monde qui ne veut pas de lui. Tout ce qu'il avait laissé derrière lui, il devra fatalement à nouveau y faire face. Road movie, Western, film d'aventure, Jeremiah Johnson est tout cela à la fois mais avant tout l'œuvre cruelle d'un cinéaste qui pendant plus d'une heure et demi placera son héros devant des chimères impossibles à vaincre. (...)
Alors que Wes Craven organisait la rencontre entre de jeunes filles rêveuses et des tueurs en cavale dans La dernière maison sur la gauche, que John Boorman plaçait des citadins en mal d'émotion fortes face à une certaine idée de l'Amérique profonde dans Délivrance, Pollack met ici Jeremiah face à ses désillusions. Le résultat est sensiblement le même: la destruction d'une époque utopique. [Fabien Alloin (iletiaitunefoislecinema.com)].

Jeremiah Johnson est un grand et beau western ! Sydney Pollack et Robert Redford nous embarquent dans une aventure humaine, où la glace, le sang et le feu s’entrechoquent. Une œuvre viscérale qui se veut le plus authentique possible, tout en conservant le spectacle cinématographique.
La scénographie nous offre des plans somptueux, une beauté visuelle qui contraste parfaitement avec l’hostilité que génère la nature et l’homme. Le réalisateur est au plus près du héros, pour nous transmettre chacune de ses sensations, aussi bien dans son apprentissage que sa quête de vengeance. Sydney Pollack varie magistralement son regard sur les trois actes du script, sa caméra s’adapte et prend en considération du vécu de Jeremiah. Au départ, tout est assez nouveau pour lui, puis peu à peu ça devient instinctif, comme nous le montre la sublime scène du duel entre l’indien et le héros. Le montage prend du coffre au rythme du personnage, c’est assez fascinant.
Au niveau de l’écriture, on est en plein dans la quête identitaire. Un déserteur de l’Armée américaine qui souhaite être loin du conflit et de la civilisation. On peut y voir un parallèle avec la guerre du Vietnam, surtout de la part du scénariste d’Apocalypse Now. Seul, Jeremiah Jonhson a pour objectif de tracer son propre chemin. Celui-ci va le conduire à des embuches, des rencontres, ce qui va construire notre héros et lui donner des raisons de vivre, mais encore plus de survivre. L’intrigue développe intelligemment les différentes cultures indiennes et leurs tempéraments, ce qui rappelle un certain Danse avec les loups. Les scénaristes s’éloignent des stéréotypes de l’époque et humanise vraiment les indiens, on est en plein de le Nouvel Hollywood. (lecinemaavecungranda.com).

Le 27/02/2018 Les Dieux du Stade

Olympia - Leni Riefenstahl Allemagne - 1938 - 201 min MARDI 27 FEVRIER à 20h A l’occasion du cinquantenaire des Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble, 1968-2018, Cinéduc a décidé pour sa biennale d’explorer le thème “A contre-courant des JO”.
Les Dieux du stade, film politique, tourné à la demande d'Hitler pour promouvoir, à travers les jeux olympiques, représente une image radieuse du nazisme et la race aryenne, comparée à la pureté d'une statue grecque. On ne peut nier cette visée propagandiste. Mais en dépit de son message politique, Les Dieux du stade est une véritable prouesse cinématographique.

Le 7/02/2018 Quand la ville dort

Mercredi 7 février 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle John Huston (4/4)

Quand la ville dort
Asphalt Jungle

John HUSTON (États-Unis, 1950 - 112 mn)

Attention: Vous pouvez gagner le très beau livre de Patrick Brion John Huston (Éditions de La Martinière) en participant au QUIZZ SUR LE CYCLE JOHN HUSTON qui aura lieu à la fin de la séance.

« D’une manière ou d’une autre nous travaillons tous pour nos vices.»
« Le  crime n’est après tout qu’une forme dégénérée de l’ambition.»

[Patrick Brion – Le film noir – Editions de La Martinière, 2004, p. 242)]

Quand la ville dort, fait partie des films noirs les plus marquants des années 40 et 50. Il marque en effet le début d’un genre, c’est le premier film qui montre toute la préparation, le déroulement et les suites d’un cambriolage de haut vol. C’est le premier « film de casse » (caper movie). Auparavant les films décrivant le parcours de gangster les présentaient comme des hommes parfois brillants mais invariablement avides de pouvoir et de grandeur. La grande originalité de John Huston est de présenter ses personnages comme des hommes ordinaires. Ils ne sont pas brillants mais professionnels, avec des problèmes ordinaires : ils vont tenter de faire le plus gros casse de leur vie. Le film nous décrit la préparation puis le déroulement avec une précision digne d’un documentaire, sauf que Huston est surtout intéressé par les personnages plus que par l’action elle-même. Cela donne à Quand la ville dort une profondeur qui dépasse le genre. Pour accentuer cette authenticité, Huston a choisi de ne pas prendre d’acteur connu ; Sam Jaffe incarne remarquablement ce petit homme, cerveau de l’opération, et Sterling Hayden, à la fois gros bras et gros poupon, parvient à traduire tous les tiraillements internes de son personnage. Il faut aussi signaler la présence de la jeune Marilyn Monroe dans un petit rôle, petit mais assez important toutefois. L’atmosphère est citadine, nocturne, engendrant une impression d’enfermement qui ne se relâchera qu’à la toute fin, superbe fin apportant une sensation d’air libre et frais dans la campagne du Kentucky. Quand la ville dort a été copié maintes et maintes fois, citons notamment Du rififi chez les hommes de Jules Dassin qui en reprend la trame avec bonheur.
[http://films.blog.lemonde.fr/2009/04/14/quand-ville-dort/]

Le 27/01/2018 Punisher & Flic ou Zombie

Attention: Séance du Samedi

Samedi 27 janvier 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenariat avec le 10è Festival des Maudits films
Deux films au programme

Punisher & Flic ou Zombie
Mark Golblatt

Mark GOLDBLATT
Goldblatt est le monteur vedette des meilleurs films d’action des années 80, qui lui doivent beaucoup. Après avoir débuté sur les films d’horreur de Joe Dante (déjà chez New World) Mark Goldblatt a monté Terminator, Rambo 2, Commando, Terminator 2, Robocop, Showgirls ou Starship Troopers. Il est toujours très demandé à Hollywood. Son style, à l’instar de celui de Jan de Bont à la photographie, a largement contribué à l’esthétique musclée des meilleurs véhicules pour Stallone et Schwarzenegger, mais aussi de futurs classiques de la science-fiction et du thriller.
FLIC OU ZOMBIE
En bon film de pure distraction, FLIC OU ZOMBIE se montre généreux en scènes d'action (pour convaincre les fans de buddy movie) ainsi qu'en monstres et effets spéciaux de maquillage (pour les fans de fantastique). Signés par l’équipe de Steve Johnson, ces derniers sont craspecs sans être pour autant véritablement réalistes ou choquants. Les visages des zombies sont même franchement fantaisistes par rapport au travail de Tom Savini sur LE JOUR DES MORTS-VIVANTS de Georges Romero (pour donner un exemple de référence pour l'époque). Par contre, le film mise sur de nombreux morceaux de bravoure en latex, de la décomposition subite d'une jeune femme, au pourrissement spectaculaire de Roger, sans oublier LA grande scène du film, celle qui justifie à elle seule la vision de FLIC OU ZOMBIE : un traiteur chinois lance le processus de réanimation dans sa cuisine, laissant nos héros se débattre avec un porc laqué, des canards déplumés, du foie de veau, et même une carcasse de bœuf (dommage qu'il n'y ait plus de nems !)
PUNISHER
C’est la raison pour laquelle Goldblatt, après avoir également travaillé comme réalisateur de seconde équipe sur Robocop, parvient à faire des merveilles sur Punisher, malgré un budget modeste. L’échec commercial du film mettra pourtant un terme à sa carrière de cinéaste, débuté un an plus tôt avec la sympathique comédie d’horreur Flic ou zombie. Les scènes de fusillades, les cascades et les combats à mains nus de Punisher se montrent à la hauteur de celles des productions précédemment citées. La direction artistique n’est pas en reste, sans aucun faste mais fidèle à l’esprit de la bande dessinée avec des décors aux lignes claires, comme le repaire des yakuzas dans le carnage final. Punisher organise en effet une bataille rangée entre mafia italienne et crime organisé japonais, avec l’entrée en scène de la redoutable Lady Tanaka secondée par sa fille adoptive muette, experte en arts martiaux.
[Extraits d'un article d'Olivier Père, arte.tv, 11 mars 2016].

Le 23/01/2018 Dr Jekyll & Mr Hyde

Attention: Séance du Mardi

Mardi 23 janvier 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenariat avec le 10è Festival des Maudits films

Dr Jekyll & Mr Hyde / Edge of Sanity
(GB, France, Hongrie - 1989 - 85 mn)
Gérard Kikoïne, en sa présence

Gérard Kikoïne mêle les mythes cinématographiques du Dr Jekyll et de Jack l’Eventreur pour une performance sur mesure d’Anthony Perkins dans un long métrage qui doit beaucoup à l’esthétique des films du Ken Russell des années 80...

Techniquement, le film présente aussi de nombreuses qualités. Les décors sont somptueux (notamment le laboratoire du docteur), les costumes délirants, la partition de Frédéric Talgorn à la fois symphonique et élégante, et la photographie très léchée contraste avec la vulgarité assumée de certains dialogues. En s’inspirant de l’expressionnisme allemand et de ses jeux d’ombres (le look d’Anthony Perkins renvoie immanquablement au Cabinet du Dr Caligari), Kikoïne ose une mise en scène originale et inventive, alternant plans d’ensemble, contre-plongées, zooms, gros plans, caméras tournoyantes. Bref, on doit dire qu’on ne s’attendait pas à une telle maîtrise visuelle de sa part. Il capte divinement l’ambiance claustrophobe de la ville, ses rues étroites, sa nuit omniprésente et son atmosphère gothique. [Maxime Lachaud, avoir-alire.com]

Le 17/01/2018 Le Vent de le Plaine

Mercredi 17 janvier 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle John Huston (2/4)

Le vent de la plaine / The Unforgiven
John HUSTON (États-Unis, 1960 - 125 mn)

Attention: Vous pouvez gagner le très beau livre de Patrick Brion: John Huston (Éditions de La Martinière) en participant au QUIZZ SUR LE CYCLE JOHN HUSTON qui aura lieu après la projection du dernier film du cycle (Mercredi 7 février 2018).

" La couleur de la peau ne signifie rien, seuls comptent les rapports
 entre hommes de bonne volonté.
" (John Huston).
« Le vent de la plaine flamboie de vérisme mythologique, nuancé et tranché
 à la fois, ample et subtil, galvanisé par la rude sensibilité du beau trapéziste 
désertique Burt Lancaster ; roux, doux et fou comme un dieu
. » (Libération).

On se souvenait de Lilian Gish jouant du Mozart sur un piano, en plein air. De beaucoup de chevaux. D'Indiens méchants, massacrés par des cow-boys virils. On se souvenait d'un western, en somme, qui avait pu faire hurler au racisme. Lilian Gish est bien là, son piano aussi, ainsi que les chevaux et les Indiens, mais de racisme point et de manichéisme pas davantage. Au contraire, film ambigu que Le Vent de la plaine, western, si l'on veut ; mais surtout réflexion désabusée de Huston sur le mensonge et la lâcheté. Rachel Zachary, recueillie autrefois par une famille de pionniers et réclamée aujourd'hui par une tribu de Kiowas, est-elle ou non une Indienne ? A partir de là, plus rien n'est tout à fait blanc, ni tout à fait rouge. Et si l'amour finit par vaincre l'intolérance, c'est au prix d'un meurtre. Plus de trente années après sa sortie, l'oeuvre n'a pas pris une ride. Elle est drue, dense, hallucinée à certains moments, tendrement humoris­tique à d'autres (la passion lentement avouée par Burt Lancaster). Sous la direction de John Huston, Audrey Hepburn est sublime. [Pierre Murat (Télérama, 19 janvier 2008)]

Une oeuvre construite sur un scénario dépouillé, sobre, limpide, qui fait la part belle, pour ne pas dire unique, aux émotions, aux sentiments, à la psychologie de personnages simples, mais profondément humains, dans leurs faiblesses comme dans leurs idéaux. Illuminée de bout en bout par la sensibilité, la grâce, la radieuse beauté d'Audrey Hepburn, l'oeuvre se développe avec lenteur, dessinant progressivement les fractures qui vont s'ouvrir dans les coeurs et les amitiés des membres de la famille Zachary, tout comme de leurs voisins et associés. Dans un temps où la haine Indiens-Blancs, inexorable, prend le pas sur toutes les autres valeurs, la révélation qui s'impose peu à peu, et paraît naturelle, anodine, à tout observateur extérieur, prend ici la forme d'un coup de tonnerre capable de fracasser les liens les plus solides. Capable d'embraser les esprits et de transformer un racisme larvé (même Ben n'y échappe peut-être pas totalement, comme le suggère sa réaction vis à vis de Johnny Portugal (John Saxon)), en une violence extrême. Si Ben se révèle, grâce en partie à l'autorité naturelle et noble de Burt Lancaster, particulièrement intense dans sa détermination, ce sont en fin de compte les deux femmes qui imposent leurs personnalités riches et fascinantes. L'une, Mattilda, par la complexité de son attitude, l'autre, Rachel, par le déchirement intérieur dû à l'éclatement de la vérité. L'inné domine-t-il l'acquis ? Les liens du sang peuvent-ils se révéler plus forts que l'affection vécue ? Une oeuvre toute en pudeur, grave, poétique, dans laquelle les émotions parlent plus haut que les armes.  
[Bernard  Sellier  (http://www.imagesetmots.fr/pages/cinema/vent_plaine.htm)]             

 

 

Le 10/01/2018 Le Faucon Maltais

Mercredi 10 janvier 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle John Huston (1/4)

Le faucon maltais
The Maltese Falcon

John HUSTON (États-Unis, 1940 - 100 mn)

« Qu'est-ce que la mise en scène ? C'est Le Faucon maltais de John Huston » (Positif)
« Bogart, (…) son humeur, son insolence, la pudeur ombrageuse de son masque fermé,
la précision presque abstraite de ses gestes ont conservé tout leur pouvoir sur le spectateur »
(Télérama).

Attention: Vous pouvez gagner le très beau livre de Patrick Brion: John Huston (Éditions de La Martinière) en participant au QUIZZ SUR LE CYCLE JOHN HUSTON qui aura lieu après la projection du dernier film du cycle (Mercredi 7 février 2018).

Le Cycle John Huston
John Huston est ce qu’il convient d’appeler un « monument » du cinéma américain. Cinéaste rigoureux et inspiré, son œuvre est ponctuée de grands classiques reconnus (African Queen, Les désaxés, Le Faucon Maltais) et de films plus confidentiels, voire maudits (Reflets dans un œil d’or). Huston était notamment un grand maître de l’adaptation au cinéma de romans et pièces de théâtre.
Le premier film de John Huston, Le Faucon Maltais, est un classique déjà révélateur de sa maîtrise de la caméra et de la direction d’acteurs. Quelques années plus tard, il réalise un film noir intéressant et original, Quand la ville dort, qui se démarque par un traitement approfondi des personnages et de leurs motivations : les gangsters ne sont pas des gros durs implacables mais des êtres humains sensibles et rêveurs. Le film est aussi célèbre pour la présence de Marylin Monroe, alors méconnue – actrice à laquelle Huston offrira son plus beau rôle, 11 ans plus tard, dans le superbe Les Désaxés, aux côtés de Clark Gable, Monty Cliff et Eli Wallach.

Le faucon maltais
Loin de se contenter de signer un petit film de série, Huston a réussi à trouver toute l’ambiguïté et la dureté du roman. Sam Spade, interprété par Bogard sous la férule de Huston, n’est nullement un héros manichéen après avoir profité, mais au contraire un homme qui n’hésite pas à coucher avec la femme de son collègue Miles Archer, à profiter des bonnes fortunes de sa secrétaire Effie Perine – la scène où la jeune femme roule une cigarette pour Sam Spade et la lui allume est un beau moment d’allusion érotique – et à trahir, après avoir profité d’elle, Brigid O’Shaunessy.
Autour de Spade, c’est toute la galerie des grands archétypes du film noir qui est mise en place : aventuriers plus ou moins louches, femmes vénéneuses et tueuses, épouse volage, policiers prêts à être violents, etc. La dernière scène du film voit Sam Spade embrasse et laisser arrêter Brigid, qui disparaît dans un ascenseur dont la grille est  déjà – une prison. (Patrick Brion, John Huston, Editions de La Martinière, 2003, p. 437).

 

14/11/2017 Attenberg

Attention: séance exceptionnelle le MARDI

Mardi 14 novembre 2017 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenariat avec "Ethnologie et Cinéma"

ATTENBERG
Coupe Volpi Interprétation, Festival de Venise 2010

Athina Rachel TSANGARI (Grèce - 2010, 95 mn)

"Attenberg" : chronique maniériste d'une jeune femme empêtrée.
"Attenberg" s'attache à décrire quelques mois de l'évolution d'une jeune femme, Marina, de la rencontre de celle-ci avec un homme jusqu'à la mort de son père, moment d'un questionnement sur la nature du lien l'unissant à celui-ci. Récit initiatique, non dénué d'humour, entrecoupé d'intermèdes chantés et dansés par le personnage principal et sa meilleure amie. Attachant.
Le film d'Athina Rachel Tsangari débute par une scène, à la fois drôle et légèrement embarrassante, montrant deux jeunes femmes s'entraînant à s'embrasser. L'une, Bella, semble moins intimidée que l'autre, Marina, à laquelle le film va s'attacher.
Celle-ci en effet passe de longs moments avec son père, dont on devine qu'il est gravement malade, tout en avouant sa méfiance vis-à-vis du sexe en particulier et de l'amour en général. Ce sont donc les quelques mois de son évolution personnelle, de la rencontre avec un homme à la mort de son père, moment d'un questionnement sur la nature du lien qui l'unit à celui-ci, qui constituent le cœur d'Attenberg.
Marina va en effet apprendre à mûrir, tenter de répondre par la pratique aux questions qu'elle se pose, tout en considérant son amie Bella comme une sorte de reflet imparfait, voire déformé d'elle-même, comme une projection virtuelle.
Les relations entre les deux filles sont par ailleurs représentées par une série d'intermèdes chantés et dansés par les deux personnages, chorégraphie symbolisant sans doute la quête d'une sorte d'unité hors d'atteinte entre les deux personnages.
Récit initiatique, légèrement atone, non dénué d'humour, Attenberg n'échappe cependant pas à une certaine affectation.
Jean-François Rauger [Le Monde, 20 sept. 2011]

Demain, Mercredi 15 novembre 2017 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Suite du cycle " URSS et RUSSIE " (2/3)
La balade  du soldat [Grigori Tchoukhraï (URSS, 1959 - 92 mn)]

 

Le 21/11/2017 Non Assistance

Attention: séance exceptionnelle le MARDI

Mardi 21 novembre 2017 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenariat avec la CIMADE

NON ASSISTANCE

Frédéric Choffat (France - 2016, 52 mn)

En présence de  Charles Heller, principal intervenant dans le film, chercheur à l'Université Goldsmith à Londres, militant à "Watch the Med"

Depuis 2011, des dizaines de milliers de migrants fuyant les guerres et les situations économiques désastreuses dans leur pays d’origine tentent de traverser la Méditerranée, la route maritime la plus dangereuse du monde, pour se rendre en Europe. 
Alors que les gouvernements criminalisent de plus en plus ces flux migratoires, des femmes et hommes s’organisent : certains affrètent des bateaux pour sauver les naufragés, d’autres les accueillent à terre, d’autres encore déposent des plaintes pénales contre les États pour non-assistance à personne en danger. Tous ces individus, mues par leur seule détermination et courage proposent activement une alternative à l’indifférence générale. 
Parmi eux, Charles Heller, un jeune chercheur suisse qui, en participant activement à la création de la plateforme Watch The Med, qui documente les cas de bateaux de migrants disparus en pleine mer, puis du système d’appel d’urgence AlarmPhone, destiné aux bateaux en perdition, nous montre que tout cela n’est pas une fatalité. Il est non seulement possible de sauver les migrants en mer, mais il est également nécessaire de penser aujourd’hui la migration autrement. 
C’est en suivant son combat et celui de six autres personnes, engagées en Europe, sur la terre comme sur la mer, que le film tente d’apporter des pistes de réponses à cette tragédie qui se déroule sous nos yeux.

Demain, Mercredi 22 novembre 2017 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Fin du cycle " URSS et RUSSIE " (3/3)
Stalker [Andreï Tarkovski (URSS, 1979 - 161 mn)]

 

 

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