Whisky à Gogo
« La plus amusante famine du cinéma. »
Pauline Kael
« Whisky à gogo offre à chaque vision un plaisir renouvelé, comme si on y retrouvait,
parmi les personnages, de vieux amis, qui, malgré le passage des ans,
gardent le pouvoir de nous réjouir ou de nous émouvoir comme la première rencontre. »
Yann Tobin, Positif (Février 1992), p. 85-86.
Comique racé
Le film ne réserve qu’un rôle accessoire aux femmes : l’alcool, c’est une affaire d’hommes. Un rien sexiste, le film est aussi raciste au sens littéral : c’est une question de lutte des races. D’un côté, les habitants de l’île sont donc voulus comme des Écossais caricaturaux, tandis que le capitaine Waggett est un Anglais bon teint, pétri de morale rigide et stricte. On prête cependant cette citation à Alexander Mackendrick, qui éclaire le film sous un nouveau jour : « Je me suis rendu compte que le plus Écossais des personnages de Whisky à gogo ! n’est autre que Waggett l’Anglais. Il est le seul puritain, calviniste – tous les autres ne sont pas écossais, mais irlandais ! ». Le triomphe final de l’ingénuité têtue des Irlandais/Écossais contre l’esprit bureaucratique imbécile de l’Anglais local peut donc étonner, mais le succès du film à l’époque dénote bien la capacité à l’autodérision du public britannique. Waggett est un personnage typique de la dynamique des comédies Ealing : l’expression d’une autorité aveugle, imbécile et rigide, incapable de s’affronter à une situation qui ne rentre pas dans ses cases. Typique en cela des comédies Ealing, Whisky à gogo ! charme avant tout par ses seconds rôles, que ce soit Joan Greenwood, Wylie Watson ou la myriade d’extras, tous amateurs, recrutés sur l’île même où a été tourné le film. Du cinéma populaire, littéralement.
Vincent Avenel [http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/whisky-a-gogo.html]
Essentiellement tourné en décors naturels sur une petite île du nord de l’Écosse avec la participation des habitants, Whisky à gogo est considéré comme un grand classique de l’école humoristique anglaise. C’est la seule comédie de la Ealing qui soit adaptée d’un roman, celui éponyme de Compton MacKenzie, fortement inspiré d’un fait réel. Première réalisation d’Alexander Mackendrick, une satire acerbe de l’Angleterre vue par les Ecossais.
« Ealing donne parfois l’impression d’avoir été une sorte de parenthèse enchantée, tant dans la production des films que dans leur nature, une synthèse assez parfaite de toutes les composantes (culturelles, sociales, humoristiques...) de l’esprit britannique qui aura débouché sur quelques films qui n’auraient pu être tournés ni dans un autre pays, ni à une autre époque, mais qui sont, tels qu’ils sont, très exactement ce qu’ils devaient être. Whisky à gogo en est l’un des exemples les plus représentatifs. »
Antoine Royer pour le site DVD Classik. [On peut lire l'article dans le fichier attaché].
- Publié dans Alexander Mackendrick
- Écrit par Christophe
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