Chat Noir, Chat Blanc
- Écrit par Christophe
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- Publié dans Regards sur l'Est
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" On aime bien Emir, on en ferait bien son pote. Il est assez rock'n roll sans se la jouer,
il a le sens de la fête, du partage. Cool sans être dandy. "
Une tempête, un ouragan, que dis-je, un tourbillon !
Chat noir, chat blanc est une comédie délirante qui vous donnera envie de vivre.
Alors qu’il vient de recevoir la Palme d’or au festival de Cannes en 1995 pour Underground, Emir Kusturica se retrouve au coeur d’une polémique initiée par l’intellectuel Alain Finkielkraut qui l’accuse de propagande pro-serbe à travers un article incendiaire [Alain Finkielkraut, Le Monde, 2 juin 1995]. Blessé par ces propos ridicules, le cinéaste annonce qu’il arrête définitivement le cinéma. Tandis que son pays se déchire dans une guerre civile sanglante, Kusturica est au plus bas. En dépit d’un état plutôt dépressif, il opte pour un radical retour aux sources et revient à ses premières amours : l’écriture d’un scénario sur les gitans. Retrouvant son compère Gordan Mihic, déjà auteur du Temps des gitans, l’ogre yougoslave reprend la plupart des thèmes présents dans son chef d’oeuvre de 1988 en les tournant cette fois-ci en dérision. Comme pour conjurer le sort s’acharnant sur lui, il signe alors son film le plus ouvertement optimiste, un délire visuel sans précédent qui lui vaut le Lion d’argent au festival de Venise.
Virgile Dumez [http://www.avoir-alire.com/chat-noir-chat-blanc]
Dualité et antagonisme
Comme le titre l’indique, Chat noir, chat blanc s’articule autour du thème de la dualité et de l’antagonisme. Le chat noir symbolise le malheur, le mal tandis que le chat blanc représente la pureté, le bien. Ce sont ces deux animaux métaphoriques qui rythment l’histoire. Ils invitent à percevoir le film comme un croisement continuel de doubles et de duels. Tout y passe. Des relations familiales (pères-fils, grands-pères-petits-fils, frères-sœurs…) aux relations amoureuses (Zare-Ida, Grga-Afrodita… le chat noir et le chat blanc !) en passant par les relations d’antagonisme (Mitko et Dadan) qui aboutissent à de l’amitié, à l’image de celle des deux grands-pères. Kusturica décrit le chaos avec insistance pour mieux recourir à l’harmonie au final (explicitement soulignée par la formule « Happy End » qui s’inscrit sur l’ultime plan.).
Et si, dans son histoire faussement naïve, personne ne meurt jamais vraiment bien longtemps (bien que la mort soit « éternelle alors peu importe quand elle commence » comme l’ironise Dadan), l’œuvre de Kusturica, derrière sa façade idéaliste, est éminemment politique. Décrire la guerre pour mieux recréer la paix, voilà qui nous rappelle que fin 90, dans la vraie vie rien n’est moins impossible que la paix dans les Balkans par exemple… Alors profitons encore un peu de cette chimère où la fausse mort côtoie la vie, ou le mal se fond avec le bien et où les géants épousent des naines !
Laurence Gramard [http://www.iletaitunefoislecinema.com/critique/1390/chat-noir-chat-blanc].
[On peut lire l'intégraité de l'article de Laurence Gramard dans le fichier téléchargeable ci-dessous].
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