Le 14/03/2017 Blow Up
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Mardi 14 mars 2017, 18h30 : Ouverture des « 50 ans du Ciné-club de Grenoble »
en présence d’Éric Piolle,
Maire de Grenoble.
Salon de la Maison de l’International
(à côté du Cinéma Juliet-Berto)
Les "50 ans du Ciné-club de Grenoble" (1/5)
Blow Up
(Michelangelo Antonioni, GB, USA, Italie - 1966)
Palme d’or, Festival de Cannes 1967
« Je ne crois pas que les films soient faits pour être compris,
ni que leurs images et leurs sujets doivent être expliqués.
On devrait exiger bien davantage d’un film, quelque chose de très différent.
Un film doit modifier la perception du spectateur, l’inciter à fondre l’image,
le son et l’idée dans une expérience unifiée lui permettant de pénétrer
et d’apprécier la vie intérieure du film. » – Michelangelo Antonioni.
« Gradually Antonioni brings us face to face with time and space, nothing more,
nothing less. And they stare right back at us. It was frightening, and it was freeing.
The possibilities of cinema were suddenly limitless. » – Martin Scorsese.
[Cités par Nicholas Renaud, Hors-Champs, Novembre-Décembre 2016].
Michelangelo Antonioni sur son film :
« Je ne sais pas comment est la réalité. La réalité nous échappe, elle ment continuellement. Lorsque nous pensons l’avoir saisie, elle est déjà différente. Je me méfie toujours de ce que je vois, de ce qu’une image nous montre, parce que j’imagine ce qu’il y a au-delà, et nous ne savons pas ce qu’il y a derrière une image. Le photographe du film qui n’est pas un philosophe, veut aller voir de plus près, mais lorsqu’il l’agrandit, l’objet lui-même se décompose et disparaît. Il y a donc un moment au cours duquel on saisit la réalité, mais l’instant d’après, elle nous a déjà échappé. Voilà, un peu, le sens de Blow up ».
MICHELANGELO ANTONIONI, UN PEINTRE MODERNE
« Cinéaste de l’incommunicabilité » : cette étiquette colle à la peau de Michelangelo Antonioni, encore désigné par cette formule au moment de sa mort, le 30 juillet 2007. L’expression est forcément réductrice pour un artiste qui a laissé une empreinte aussi forte et personnelle dans le cinéma, à l’instar d’Ingmar Bergman disparu le même jour que lui. Bien que différents, ces deux grands peintres du couple en crise représentent des figures phares du cinéma d’auteur européen, au point de voir leur nom devenir un qualificatif : ainsi parle-t-on de films antonioniens, preuve d’une esthétique devenue une référence et pour certains (Wenders par exemple) un héritage. Chez Antonioni, les paysages, l’architecture, le ciel et la couleur ont leur mot à dire, en silence toujours, comme s’ils étaient des personnages à part entière : ils participent à la désintégration d’un amour, d’une identité, d’un récit et à la diffusion d’un malaise informulable. De la radiographie inédite, à la fois très picturale et documentaire, qu’il fait du monde contemporain, le cinéaste tirera toute sa modernité et une puissance formelle rare.
L’œuvre d’Antonioni a été et continue d’être éminemment fertile pour la littérature sur le cinéma. On a donc beaucoup cherché à expliquer ce qui « n’est pas fait pour être expliqué », comme il le disait lui-même. Bien entendu, certains critiques et historiens sont bien conscients des écueils du langage et du travail analytique en face des films d’Antonioni, ils ont su trouver des angles et le vocabulaire pour en rendre certaines dimensions plus intelligibles. Mais aussi un ensemble de clichés, de raccourcis et de spéculations se sont propagés. De plus, la masse des discours a presque laissé croire que l’œuvre est faite pour l’analyse, qu’elle part elle-même de prémisses théoriques, qu’on a besoin de quelques clés conceptuelles pour y entrer. Antonioni est devenu malgré lui une sorte de faire-valoir intellectuel. Il l’a un peu cherché, pourrait-on dire, avec un film comme Blow Up (1966), y posant des questions sur la nature du réel, son incertitude pour la perception et les problèmes de sa reproduction dans les images, permettant alors à bien des plumes de s’enorgueillir de leur analyse et de virevolter dans la sémiologie (une recherche internet sur Blow Up peut provoquer une nausée aiguë).
Nicolas Renaud [HORS-CHAMPS, Novembre-Décembre 2016].
En fichiers téléchargeables ci-dessous: le Dossier de presse des 50 ans (DP170225_50ans) et deux dossiers d'étude sur le film (LC1_Antonioni_Blow_Up et LC2_Antonioni_Blow_Up. ainsi que la fiche F170314 du film.
On continue à fêter les
"50 ans du Ciné-club de Grenoble" demain Mercredi 15 mars avec
Un crime dans la tête
(John Frankenheimer, 1958)