Christophe

Christophe

 

   
Adresse:
4 rue Hector Berlioz
Grenoble
38000
France

E-mail: info@ccc-grenoble.fr
Téléphone: 04 76 44 70 38
  http://www.ccc-grenoble.fr

URL du site internet:

Où ? Quand ? Comment ?

Les projections se déroulent tous les mercredis à 20h dans la Cinéma Juliet Berto, salle municipale accessible aux PMR, qui se situe en plein coeur du vieux Grenoble. Plus exactement, l'entrée est dans le passage de l'ancien palais de justice. Et ce passage est tout à côté de la place St André.

 
Tarifs :
 

Adhésion  (1ère entrée offerte) : 12€

Adhésion étudiant/demandeurs d'emploi  (1ère entrée offerte) : 7€

Séance réservée aux adhérents : 5,5€.

 

 
 

L'étrange Noël de monsieur Jack

L'Etrange Noël de Monsieur Jack

The Nightmare before Christmas

(Henry Selick, USA - 1993)

Mercredi 18 décembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

Jack Skellington, épouvantail de son état, occupe ses journées à préparer la prochaine fête d'Halloween. Lassé de cette vie répétitive et monotone, il décide de partir et découvre Christmas Town. Après cette aventure, il revient chez lui, avec une idée originale en tête : et si cette année, c'étaient les habitants de la ville d'Halloween qui allaient fêter Noël ?

Vous l'aurez compris, cette histoire là est un conte de fée gothique que n'auraient pas désavoué les frères Grimm et dont l'auteur n'est autre que Tim Burton. Est-il encore besoin de présenter cet illusionniste à l'imaginaire débridé ? Bon, petit cours de rattrapage en une phrase chrono pour les quelques internautes ignares qui nous lisent : Tim Burton est l'un des cinq meilleurs cinéastes américains des années 90 ; il a signé, entre autres, quelques petites merveilles comme "Ed Wood", "Edward aux mains d'argent" ou "Sleepy Hollow", avant que le croquemitaine d'Hollywood ne le rattrape et qu'il ne commette le massacre du remake de "La Planète des singes". Mais ne nous avançons pas trop : en ces temps là, l'imaginaire de Tim Burton était encore vierge de toute influence pécuniaire...
L'artiste de génie nous livre donc avec "L'étrange Noël de Mr Jack" une œuvre exceptionnelle, servie par la mise en scène impeccable de Henry Selick, à qui l'on doit entre autres "James et la pêche géante" et "Monkeybone" (où Brendan 'Momie' Fraser tenait le rôle principal).
Au cours de l'histoire du film, le spectateur sera amené à rencontrer une pléiade de personnages extravagants : du Dr Frankenstein avec l'option crâne amovible au maire schyzo, en passant par les garnements masqués ; on retiendra surtout cette grosse baderne d'Oogie-Boogie, un sac à patates garni d'insectes et crooner à ses heures perdues, qui s'avère être également une allégorie de l'enfer du jeu. Ces créatures fantasques évoluent dans des décors insolites (entendez par là extraordinaires), oscillant entre le gothisme baroque et la féerie pure, avec une légère préférence pour le gothisme - un penchant naturel de Burton, sans doute -… Champ de citrouilles au faciès ricanants, manoir biscornu, cimetière aux tombes 'gargouillesques', laboratoire diabolique encombré de fioles et d'éprouvettes : des décors directement tirés des poncifs de la littérature fantastique anglaise - la meilleure, soit dit en passant - et dont la transposition à l'écran s'avère tout simplement fabuleuse ! Mais il serait stupide de cantonner ce film à un simple livre d'images…
Après avoir débattu sur la forme, abordons donc le fond. Bien que limpide de prime abord, l'histoire de " L'étrange Noël de Mr Jack " soulève en réalité des questions essentielles (et symptomatiques du cinéma de Burton) : la quête de soi, l'intégration dans la société, l'acceptation de sa propre marginalité. Dieu merci, ce n'est pas Disney qui y apporte les réponses : l'épouvantail ne finira pas entouré de lutins débonnaires dans un parterre de lilas. Au contraire, rejeté par une société qui refuse de le comprendre, Jack s'en retourne à ses citrouilles, dans son petit village d'Halloween Town. Cette histoire aura eu le mérite de lui faire découvrir l'amour en la personne de Sally, une ravissante créature couturée, mélange avoué de Marlene Dietrich et de Lisa Marie (la muse et l'épouse de Tim Burton). En dépit de ce happy-end, le constat est loin d'être tout rose. Mais après tout, pourquoi tenter de s'intégrer dans un système qui ne nous mérite pas ? Le débat est lancé…
Alors, un conte métaphorique de plus ? Pas seulement, puisque "L'étrange Noël de Mr Jack" se révèle être également une comédie musicale, servie la partition ensorcelante de Danny Elfman. Un Danny Elfman inspiré par son sujet (profitions en, c'est pas tous les jours) qui signe ici la plus belle bande originale de toute sa carrière, un véritable opéra de l'horreur où des envolées oniriques et cauchemardesques croisent des échappées jazzy.
Et ce n'est pas tout ! Il est intéressant de noter que "L'étrange Noël de Mr Jack" a été, pour l'époque, une véritable révolution dans le domaine de l'animation puisque c'est le premier long métrage à avoir été entièrement réalisé avec la technique du "stop motion" (animation image par image de personnages faits de pâte à modeler), procédé utilisé plus tard -et avec autant de brio- pour "Chicken Run".
Un enchantement de tous les instants, donc, pour les yeux comme pour les oreilles.[...][http://tribaal.online.fr/Nightmare_before_christmas.htm]

Le voleur de Bagdad

Le Voleur de Bagdad

(Michael Powell, The Thief of Bagdad, USA - 1940)

Mercredi 11 décembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

Michael Powell sur son film
Quand je pense à la manière dont nous avons tourné ce film, en improvisant l’histoire et l’action, jour après jour, je l’admire et m’émerveille encore.(...)
Personne n'avait de contrôle sur le scénario, on a beaucoup inventé sur le plateau, je ne m'en souviens pas, mais je crois que je n'ai jamais eu un scénario complet en tout cas. Peut-être quelques feuilles. J'étais très sûr de moi, les autres aussi, nous nous concertions. Moi, j'avais plutôt des décors en extérieur, d'autres scènes se tournaient sur d'autres plateaux en même temps. Quand on était en train de préparer quelque chose, on laissait l'équipe, on prenait une bicyclette et on allait voir à côté, ce n'était pas plus compliqué que cela ! J'ai fait presque toutes les scènes avec Conrad Veidt et la plupart de celles avec Sabu. (...)
Il y avait des centaines de figurants, des costumes, des décors qui n’étaient jamais assez grands pour Alex ; il fallait toujours les faire plus grands et les peindre en rouge, en bleu...(...)
Le cinéma doit être magique, doit provoquer le rêve. Il faut sans cesse expérimenter, avec le son, l’image, la vitesse. 

" À qui doit-on alors cette somptueuse aventure tirée des Mille et Une Nuits ? Sa splendeur visuelle, ses décors et ses couleurs incroyables de beauté appartiennent totalement à l'esthétique de Michael Powell, habilement servie par le travail du chef opérateur Georges Périnal. C'est un véritable enchantement, un plaisir de tous les instants (auxquels participent, parmi les comédiens, l'inquiétant Conrad Veidt autant que le bondissant Sabu),
la richesse visuelle contrebalançant quelques faiblesses du script."

 Aurélien Ferenczi,  Télérama, 21 février 2009.

Célèbre superproduction britannique des années 40, Le Voleur de Bagdad reste célèbre pour constituer l'une des meilleures et rares adaptations des fameux contes des Mille et une nuits, qui ambitionnait alors d'être un spectacle excitant et chatoyant avec la volonté de régaler tous les publics par sa poésie naïve et ses effets spéciaux novateurs (pour l'époque). A la tête de ce film d'aventures exotiques, on trouve le producteur anglais d'origine hongroise Alexandre Korda, sorte de Selznick londonien dont l'importance au sein de l'industrie du cinéma anglais fut considérable des années 30 jusqu'au début des années 50. Sur Le Voleur de Bagdad, Korda fit travailler pas moins de six réalisateurs (dont lui-même), mais son frère Zoltan et le grand directeur artistique William Cameron Menzies ne furent crédités que comme producteurs associés. Officiellement le film est donc signé de l'Allemand Ludwig Berger, de l'Américain Tim Whelan et de... Michael Powell. Ce dernier fut engagé suite à la forte déception du producteur démiurge devant les scènes tournées par Ludwig Berger, qui fut si maltraité par Korda qu'il claqua la porte du studio. Les frères Korda retournèrent pour partie les scènes de Berger et Powell fut chargé de nombreuses scènes d'action (comme l'apparition du génie joué par Rex Ingram).
Le tournage en lui-même fut bouleversé par l'irruption de la guerre et le film dût s'achever en Californie. Tout cela bien considéré, le résultat ne manque finalement pas d'harmonie, et il serait bien présomptueux pour le spectateur de s'amuser à déterminer les styles des uns et des autres. D'ailleurs, ce n'est pas sur le terrain de la mise en scène pure qu'il faudra aller chercher une quelconque originalité dans ce spectacle. Le Voleur de Bagdad demeure avant tout un film de producteur, dont le vrai talent fut de s'entourer d'hommes compétents à leur poste et de faire la part belle aux départements artistiques (avec trois Oscars à la clé en 1941) comme les décors somptueux, la photographie en Technicolor, les innombrables costumes et les effets spéciaux. Il en ressort une fantaisie délicieuse - même si passablement surannée - avec tout ce qu'il faut comme péripéties fantastiques pour nourrir un imaginaire typique de ces contes orientaux : un royaume dirigé par des despotes, une jolie romance contrariée, de la magie, des créatures légendaires, un danger permanent, le poids du destin, de l'action et de l'humour bon enfant. Le casting du film compte en tête l'élégant et inquiétant Conrad Veidt (Le Juif Süss de 1934, L'Espion noir et Espionne à bord de Powell et Pressburger, Echec à la Gestapo avec Humphrey Bogart, Casablanca de Michael Curtiz) et le virevoltant acteur indien Sabu, alors âgé de 15 ans, le héros de Elephant Boy, d'Alerte aux Indes et du Livre de la jungle, tous trois réalisés par Zoltan Korda. Sabu sera également de l'aventure du somptueux Narcisse noir de Michael Powell et Emeric Pressburger.
Aujourd'hui, si Le Voleur de Bagdad accuse bien son âge par ses effets spéciaux d'un autre temps - et qui peinent surtout à conserver leur capacité de séduction sur la totalité du film -, par le statisme de sa réalisation malgré quelques rares séquences dynamiques et par un jeu d'acteur assez inégal selon les interprètes, il faut reconnaître que son charme naïf, sa pincée d'exotisme, son innocence assumée, son onirisme enfantin et sa volonté constante de flatter les rétines en font toujours une œuvre éminemment sympathique, ainsi qu'une curiosité du fait de sa rareté au sein d'un cinéma anglais habituellement peu versé dans la fantaisie débridée.
[DVD Classik]

 

Excalibur

Excalibur

(John Boorman, USA - 1981)

Mercredi 4 décembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

« J'ai toujours voulu réaliser un film sur la légende d'Arthur. Je portais ce projet en moi depuis mon enfance. Il y a une séquence dans Hope and Glory où l'enfant qui joue mon rôle s'amuse avec des figurines représentant un chevalier
de la Table ronde et Merlin l'enchanteur.

Excalibur représente pour moi tout le pouvoir du cinéma : recréer en chair et en os un monde fantastique. Tous les thèmes récurrents de mon cinéma s'y retrouvent :
la quête, les mythes, la rédemption. 
»
John Boorman.

Excalibur, dont l'univers visuel et sonore du film est éblouissant (les décors, l'éclairage, la musique, les costumes…), fut récompensé à Cannes par le Prix de la meilleure contribution artistique.


La critique de Christophe Chemin
John Boorman, en réalisant l’adaptation d’Excalibur, convoque le mouvement artistique de l’époque des premières illustrations des contes et légendes parsemées de combats à l’épée, de dragons ou de magie : la gravure. La matière filmique de John Boorman (l’Homme, la Nature, le Dragon) plaque l’esthétique du film au centre du cadre. Tout est événement, car les quêtes d’Excalibur et du Graal sont des quêtes viscérales et spirituelles. Les gros plans du film sur Merlin, Uther, Arthur ou Perceval gardent en général l'échelle de plans tel un flux concentré dans un seul canal. Cette construction permet au film de révéler une caractérisation forte des personnages. Les trahisons, les mensonges, l’amour se lisent sur les visages et laissent libre court à la proposition émotionnelle des acteurs. L’enjeu stylistique pour John Boorman est alors de rendre palpable ces déchirements, ces champs de force en gravant sur la pellicule des visages tirés après les batailles, vieillis (Arthur lorsque le Graal est trouvé), sales, juvéniles (Lancelot) ou mourants. Dans le continuum historico-esthétique du septième art, le principe mis en scène par John Boorman tend à reprendre un principe déjà expérimenté durant la période muette du Cinéma : mettre en image les grandes épopées historiques, mythologiques et héroïques, grâce à la la puissance plastique et dramatique des cadres, comme par exemple
Les Nibelungen de Fritz Lang.

[lire le texte complet de Christophe Chemin en attaché] 

La jeune fille au carton à chapeau

La Jeune fille au carton à chapeau

(Devushka s korobkoy, Boris Barnet, URSS - 1927)

Ciné-Concert / Stéphane Damiano (piano)

Mercredi 20 novembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

« Le cinéma de Barnet est comme un commentaire mineur,
intérieur au cinéma soviétique, un point de vue d’en bas,
un mélange raffiné de drôlerie et de sensualité, un dégel constant ».
 
Serge Daney, Libération (26 juillet 1982).

Plus que le tendre et virevoltant mélange des genres de Okraina, plus que les célèbres et merveilleuses séquences du baiser ou de la première nuit des deux protagonistes de La Jeune fille au carton à chapeau, il est un plan dans ce dernier film qui résume, me semble-t-il, cette rare et subtile liberté qui fait des « trouvailles visuelles » chez Barnet autre chose que les éléments d’un système - narratif ou réflexif -. L’écran est partagé en deux, horizontalement, par la ligne de crête d’une colline enneigée, sur laquelle court un petit bonhomme noir c’est presque une image de dessin animé (la comparaison de l’ironie de Barnet et celle de Tex Avery pourrait par ailleurs se révéler tout à fait riche) tant la stylisation est poussée : un rectangle blanc, un rectangle gris, et un petit personnage gesticulant qui traverse tout l’écran de droite à gauche. Il y a là le "comique de situation" d’abord du prétendant essoufflé dérapant sans cesse en essayant de rejoindre au plus vite la jeune fille ; il y a surtout cette mise en scène qui, par le partage des volumes, l’éloignement du personnage et la longueur du plan, situe l’image bien au-delà de son contenu. On a ici un humour de forme bien plutôt qu’un comique de situation, et qui éclaire de son ironie le film entier, qui instaure la fantaisie au double niveau, diégétique et filmique.
Voilà la fantaisie absolue : faire rire s’étonner, s’émouvoir du film lui-même et non pas seulement de l’histoire qu’il raconte. Il y faut de l’audace et une certaine naïveté, il faut tout savoir du cinéma sans en reconnaître aucune règle. La poésie qui en résulte est surprenante elle hisse la création à son plus haut niveau, en lui permettant d’exister telle quelle.
                                                           Vincent Amiel, Postif, n° 273 (Novembre 1983).

Quand passent les cigognes

Quand passent les cigognes

(Letyat zhuravli, Mikhaïl Kalatozov, URSS - 1957)

Mercredi 27 novembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

« Nous trouvons tout ici : la profondeur du champ et les plafonds d'Orson Welles, les travellings acrobatiques d'Ophuls, le goût viscontien de l'ornement, le style de jeu de l'Actors Studio. Pour moi, j'ai été tour à tour : remué par la nouveauté du ton, irrité par la volonté systématique et un peu anarchique de briller, ébloui tout de même par l'éclat des ornements dans la scène des adieux manqués, celle du bombardement ou celle de la mort de Boris »
[in 
Le cinéma russe soviétique, sous la direction de Jean-Loup Passek, Éd. du Centre Georges-Pompidou, Paris, 1981].
« La clef du pouvoir émotionnel et de la fascination de Quand passent les cigognes réside dans la forme, plus que dans le fond. C'est le romantisme, le lyrisme, parfois délirant, du style et de l'agencement des images, qui confère sa puissance au contenu. L'extraordinaire virtuosité d'Ouroussevski donne vie à des séquences qui devaient, sur le papier, relever de la démence. [...] Kalatozov et Ouroussevski, en plus des moyens considérables et de circonstances favorables, ont eu cette chance supplémentaire : Tatiana Samoïlova, l'extraordinaire écureuil de ce film, pleine de grâce et d'intériorité, grande héroïne romanesque, petite fille logique et passionnée des aînées
tumultueuses d'une grande tradition littéraire. »
Jacques Doniol-Valcroze [
Cahiers du cinéma, juillet 1958].
« Certains morceaux de bravoure (comme le viol de Veronika/T. Samoïlova) furent contestables, mais le film, sorte de Guerre et Paix 1941-1945, valut par sa passion et son authenticité. Ses personnages n'étaient pas taillés d'un bloc mais complexes, et certaines grandes prosopopées (le discours dans l'hôpital) ne tombaient jamais dans la propagande », Georges Sadoul. [Dictionnaire des films, Microcome/Seuil, 1965].

Palme d'or du meilleur film "pour son humanisme, pour son unité et sa haute qualité artistique", Festival de Cannes en 1958
Prix de la Commission Supérieure Technique au chef-opérateur Sergueï Ouroussevski et Mention spéciale d'interprétation à Tatiana Samoïlova
Prix spécial de l’Union Soviétique, 1958
Prix Selznik du meilleur film étranger aux USA, 1958

Quand passent les cigognes marque la rupture avec l’époque stalinienne qui utilisait le cinéma comme outil de propagande, niant l’individu au profit du groupe. Ici, la guerre est envisagée du point de vue de personnes humaines et la mise en scène inventive et témoigne ainsi du renouveau du cinéma soviétique à l’heure du Dégel, rendu possible par l’arrivée au pouvoir de Khrouchtchev.
Les Cigognes illustrent bien ce nouveau regard de l'URSS sur la guerre : tonalité grave, doutes, questions, réponses nuancées. Après le héros-incarnation des masses guidées par le Parti, voici le héros individuel. Au lieu du Stratège génial, des soldats en déroute. Même pas d'Allemands, nazis ou non. De lutte idéologique, la guerre se transforme en épreuve morale pour les combattants et l'arrière.
Le sujet en bref : deux amoureux, Boris et Véronique. La guerre éclate. Boris s'engage. Désespérée par l'absence de lettres et la mort de ses parents, Véronique épouse le cousin de Boris, Marc. Ils sont évacués en Sibérie. Le couple se déchire et se sépare. Véronique attend Boris. Mais il est mort.

Le Sacrifice

 

Le Sacrifice / Offret

(Andreï Tarkovski, Suède - GB - France, 1978)

Grand Prix spécial du Jury, Cannes 1986

Mercredi 13 novembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

« Ma découverte de Tarkovski est comme un miracle.
Je me trouvais, soudain, devant la porte d’une chambre dont jusqu’à lors  la clé me manquait. Une chambre où j’avais toujours voulu pénétrer et où lui-même se sentait parfaitement à l’aise. Je me vis ecouragé et stimulé : quelqu’un venait d’exprimer ce que j’avais toujours voulu dire sans savoir comment.
Si Tarkovski est pour moi le plus grand, c’est parce qu’il apporte  au cinématographe – dans sa spécifité – un nouveau langage qui lui permet de saisir la vie comme apparence, la vie comme songe. »
« My discovery of Tarkovsky's first film was like a miracle.
Suddenly, I found myself standing at the door of a room the keys of which had, until then, never been given to me. It was a room I had always wanted to enter  and where he was moving freely and fully at ease. I felt encouraged and stimulated: someone was expressing what I had always wanted to say without knowing how. Tarkovsky is for me the greatest, the one who invented a new language, true to the nature of film, as it captures life as a reflection, life as a dream. »
Déclaration d'Ingmar Bergman parue dans Positif, n° 303, mai 1986. 

Une musique, un éclairage, des travellings presque imperceptibles, des personnages qui déambulent lentement et la magie opère. Plus que les autres, ce film de Tarkovski est envoûtant. C'est donc d'abord un film à ressentir, et il suffit de se laisser porter par une mise en scène et des images d'une extrême beauté qui créent à elles seules l'émotion. Bien sûr, les « tarkovskiens » joueront au jeu des références, des correspondances et des symboles : on retrouve dans Le Sacrifice, le goût de Tarkovski pour le rite, pour le fantastique et la science-fiction, son amour de la poésie, son utilisation de la métaphore. Le Sacrifice est, toutefois, l'un de ses films les plus limpides. La quête de Tarkovski y est parfaitement explicite. Elle s'appuie avant tout sur un mysticisme chrétien mais elle est également influencée par la pensée de Gandhi, les spiritualités extrême-orientales ainsi que par un panthéisme slave fondé sur les quatre éléments. Absent de Stalker et de Nostalgie, où dominent la terre et les eaux stagnantes, l'air fait ici son apparition, en même temps que l'eau est devenue vivante.
Le Sacrifice est un film d'élévation d'où se dégage un sentiment de pureté. La démarche du film est d'ailleurs celle d'une purification, de la vanité du discours à la plénitude du silence et de la méditation. C'est à travers un sacrifice que se fait le passage vers le nécessaire « ressourcement » personnel, à travers une offrande de soi-même. Le Sacrifice est, en effet, aussi un film d'amour dans lequel Tarkovski s'efface, en laissant à son fils le soin de faire renaître la vie. Le dernier plan le montre. Il laisse une impression bouleversante.
Celle d'avoir vécu au rythme d'un chef-d'œuvre. »
                                                                   G.P., Site du Jury œcuménique.

Les Beaux gosses

 

Les Beaux gosses

(Riad Sattouf, France - 2009)

Mercredi 6 novembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

Les Beaux Gosses, premier film du jeune dessinateur Riad Sattouf a été sélectionné dans la section Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2009. Ce film a eu plusieurs récompenses l’année de sa sortie, dont le César du meilleur premier film pour Riad Sattouf, et le prix Lumière de la révélation masculine pour Vincent Lacoste (Hervé) et Anthony Sonigo (Camel).

Premier long du jeune dessinateur. Un beau film sur la puberté, les boutons, le langage.
Avec son premier film en tant que réalisateur, le jeune dessinateur de BD Riad Sattouf (Pascal Brutal, La Vie secrète des jeunes dans Charlie Hebdo, etc.) frappe fort sans avoir eu besoin de taper du poing : en toute sérénité. Les Beaux Gosses est un film aussi drôle que réaliste.
Dans une ville de province française sans nom et à une époque indéterminée (l’adolescence considérée dans intemporalité), Hervé (prénom sans âge) est le meilleur ami de Camel (idem). Ils ont 14 ans, et ils ne pensent qu’à une chose : coucher avec une fille. Hervé (l’étonnant Vincent Lacoste) a tout du cliché de l’ado : grand comme une asperge, gros nez, visage boutonneux, cheveux qui pendouillent sur les oreilles. La mâchoire toujours un peu ballante, il vit seul avec une mère un peu trop complice à son goût (Noémie Lvovsky, toujours géniale actrice comique) et se débrouille mollement au lycée. Le petit et maigre, Camel (Anthony Sonigo, à mourir de rire), est un bel obsédé sexuel, porte un appareil dentaire, arbore un petit duvet sur la lèvre supérieure et une coupe de cheveux inénarrable (tendance footballeur allemand des années 90, avec jolie coulée dans la nuque). Les deux copains pour la vie passent surtout leur temps à se branler dans leurs chaussettes, derrière leurs consoles ou leur guitare.
Comme dans toute bonne comédie qui se respecte, Riad Sattouf ne leur a octroyé aucun état d’âme : jeunes, sans inhibition pathologique vis-à-vis du sexe ou de quoi que ce soit, ils semblent surtout attendre avec impatience que cette pénible période nommée adolescence, confondue avec le carcéral lycée, prenne fin au plus vite. Et les filles vont arriver (très jolies).
Parmi les premières qualités des Beaux Gosses (après son joli titre) : son humour bon enfant, trivial et sans complexe, sa tendresse amusée pour les visages boutonneux et luisants ; la modestie apparente de son projet (réaliser un film de genre – le “teenage movie”), sous laquelle se dissimule pudiquement un talent réel de cinéaste populaire. Les Beaux Gosses frappe d’abord par son réalisme, à mille lieues des Lol et autres foutaises désincarnées. Il a d’autre part une belle tenue formelle. Par exemple, Sattouf multiplie volontiers les trames narratives à l’intérieur d’une seule scène : l’une devient-elle trop prévisible ou trop burlesque qu’il en ajoute une autre, à la fois plus surprenante et plus grave (c’est patent dans la scène remarquable où un professeur se suicide alors que les deux lascars sont en train de mater deux amants dans leur lit…).
On notera aussi la position idéale de Sattouf : trentenaire, il peut se permettre de se moquer gentiment à la fois des clichés d’adolescents qui veulent grandir et des parents quadragénaires qui continuent de vouloir vivre comme s’ils étaient jeunes, découchant avec d’autres parents ou dansant et dragouillant avec les copains de leurs enfants.
Plus sentimental que ses équivalents américains, Les Beaux Gosses est aussi un film qui “apprend à faire ses lacets” : les ados d’aujourd’hui qui l’ignorent encore apprendront ainsi que les garçons ne doivent pas confondre les films porno avec la réalité s’ils veulent plaire aux filles, ces êtres étranges. Autre vertu (dans la lignée de L’Esquive d’Abdellatif Kechiche) : Sattouf a su réinventer un langage jeune sans le singer. C’est sans doute l’un des enjeux actuels du cinéma : comment rendre le langage d’aujourd’hui, sa violence sans conséquences, sans le rendre ridicule ou sans avoir l’air ridicule.
Les Inrocks (5 juin 2009).

Peur[s] du noir

Peur[s] du noir

(Collectif, France - 2007)

Mercredi 30 octobre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

Six graphistes et créateurs de bande dessinée associés à des scénaristes talentueux proposent leur vision de la peur. Cet effet de mélange entre les styles et les esthétiques donne le vertige.
Réalisateurs : Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Lorenzo Mattotti, Richard McGuire. Directeur artistique : Etienne Robial. Musiques originales de René Aubry, Boris Gronemberger, Laurent Perez del Mar, George Van Dam.

Voici un film peu banal, dont le titre évocateur PEUR(s) du NOIR invite à quelques réflexions.
PEUR(s) Nous allons ressentir de la peur, une peur globale, mais aussi plusieurs peurs, des peurs primaires, crues, incontrôlables... et par conséquent nous allons être confrontés à ce qui provoque ces peurs. Que leurs origines soient extérieures ou intérieures. Des monstres, des mutilations, des disparitions, des apparitions, des innocents, des coupables que l’on peut couper... Le film réserve une multitude d’interprétations de notre appréhension de l’inconnu.
Du NOIR Nous allons pouvoir nous confronter au Noir, celui de la salle obscure de cinéma, celui des films d’animation qui sont tous, dans leurs variantes, des films en NOIR et blanc, et enfin le Noir de nos peurs enfantines.
PEUR(s) du NOIR est donc un programme qui, comme une invitation, titille le spectateur pour le confronter à ce qu’il ne ferait peut-être pas de lui même, à savoir venir voir un film en Noir et Blanc, aller au cinéma, s’aguerrir à ses propres peurs.
Le film tient sa richesse de la multiplicité des regards portés. Chacun traitant dans son thème, dans sa dimension visuelle une interprétation de ce thème : les peurs et juste derrière le noir (obscurité, mort...). Plus qu’un catalogue, le film est articulé. Il s’offre comme une œuvre avec un début et une fin par l’entremise du dessin animé de Blutch.
 
Nicolas Cebile.

On n'aime pas

Recroquevillé entre ses parenthèses, le « s » du titre ressemble à un enfant effrayé, tapi sous les draps. Un pluriel très singulier : six artistes, pour la plupart issus de la BD, comme le Français Blutch, l'Américain Charles Burns et l'Italien Lorenzo Mattotti, ont trempé leurs pinceaux dans l'encre opaque des cauchemars, laissé errer leurs crayons aux confins de l'angoisse. Ce film graphique époustouflant est un projet à part, radical et ambitieux. Un dessin animé réservé aux adultes (sous peine, pour les autres, d'insomnies jusqu'à la puberté) qui fonctionne un peu comme une expo collective sur le thème de la peur.
La « visite » est saisissante. Toutes les « oeuvres » montrées sont en noir et blanc : rien que l'ombre et la lumière, rien que le trait, tordu, magnifié, imaginé de six manières et techniques différentes. Cet effet de mélange entre les styles et les esthétiques donne le vertige, à l'instar du montage, en forme de puzzle mental : les histoires se coupent, se croisent, certaines reviennent comme une fièvre, une douleur, une obsession inlassablement ressassée. Dans ce labo des phobies, voulu et organisé par Valérie Schermann et Christophe Jankovic, les deux producteurs de Prima Linea (à qui l'on doit déjà, notamment, U et Loulou et autres loups...), les artistes excellent à faire de nous des cobayes éblouis.
Dans un paysage de mort, un vieux marquis décharné lâche ses chiens sur des êtres vulnérables : un enfant aux yeux creux, des ouvriers, une belle danseuse espagnole... Pour ces scènes fantasmagoriques et glaçantes, Blutch manie son crayon charbonneux comme dans ses BD, avec une habileté fébrile, une nervosité qui happe et dévore le blanc. Pierre di Sciullo, lui, est graphiste : pour accompagner les « peurs » quotidiennes, énoncées en voix off par Nicole Garcia, il a imaginé des vibrations abstraites, qui tremblent et se tordent à chaque mot. Quant à Charles Burns, il a introduit la 3D dans son style graphique très dépouillé : l'alternance des contrastes et d'un effet de surexposition donnent à son histoire de garçon « possédé » par une mante religieuse une implacable luminosité.
Peur de la maladie, de l'enfermement, de la folie, des insectes, des piqûres, du viol... : chaque spectateur est invité à renouer avec ses propres hantises, celles qui se sont atténuées depuis l'enfance et ses placards obscurs peuplés de monstres et de croquemitaines. Ces « créatures » de brume et d'imagination, Lorenzo Mattotti les évoque ici, dans une très belle séquence, dans un village entouré de marais, sur toutes les nuances du noir au gris. La belle voix profonde, un peu traînante, d'Arthur H accompagne le conte, comme une ombre de plus. Peur(s) du noir, qui a également bénéficié de scénaristes talentueux tels que Jerry Kramski ou Romain Slocombe, explore tout cela, mais pas seulement : plus que des récits en bonne et due forme, ces chapitres entrebâillent les portes du mystère, laissent deviner l'indicible fragilité de l'esprit. Un portrait de l'enfer, à la fois intime et universel, touché par la grâce.

Cécile Mury (Télérama, 3 février 2008)

A History of Violence

A History of Violence

(David Cronenberg, USA - 2005)

Mercredi 23 octobre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

Tout à coup, les choses (re)deviennent simples au pays du cinéma. Les grands metteurs en scène font de très bons films, et voilà. Une semaine après le percutant Match D.CPoint, de Woody Allen, un remarquable Cronenberg. Remarquable, cela veut dire intelligent, complexe et maîtrisé, comme on peut s'y attendre de la part du cinéaste de Toronto, mais aussi méchamment accrocheur de bout en bout. Dans ce titre qui a l'air d'être celui d'une thèse sur la fondation des Etats-Unis, le mot-clé n'est peut-être pas tant « violence » qu'« histoire ». Le film d'Allen et celui de Cronenberg, si différents soient-ils, se rejoignent en cela : ils rétablissent en virtuoses la puissance du récit. Sans déconstruction ni second degré, ils avancent avec une sûreté confondante, misant sur la surprise, l'effroi, la jouissance du rebondissement. A history of violence commence pourtant d'une façon étonnamment classique pour un film de Cronenberg, étiqueté maître ès bizarreries : comme un petit thriller à tendance parano, genre qui prolifère outre-Atlantique. Après un prologue sanguinolent ayant valeur d'avertissement, voici une bourgade typique de l'Amérique profonde et la gentille famille qui va avec. Des gens bien, à l'évidence, descendants modernes et décoincés des héros de La Petite Maison dans la prairie. Les parents, toujours très beaux, travaillent dur et s'aiment encore, inventant même de petits jeux charmants (se déguiser en pompom girl, etc.) pour tenir éveillée leur libido. Les enfants, déjà très beaux, vont à l'école ou au lycée, font du sport et mangent des céréales au petit déjeuner. Vu l'effusion de sang à laquelle on a assisté au cours des premières minutes puis la tranquillité harmonieuse, rassurante, qu'on a contemplée après, tout est en place pour le scénario, hollywoodien à mort, de la menace venue d'ailleurs, et qui se rapproche. De fait, deux malfrats entr'aperçus au tout début prennent place dans la cafétéria tenue par Tom Stall, le père de la famille susdite. Or, contre toute attente, le doux monsieur Stall fait preuve d'une habileté stupéfiante pour défendre son personnel et riposter radicalement - c'est peu dire - à la barbarie des attaquants. Toute la suite, qu'on se gardera de déflorer, découle de cette anomalie. D'un point de vue dramaturgique, c'est une bonne affaire : si l'homme en danger est capable de mater une première salve de haine, on peut croire que la seconde frappe sera ajustée autrement et ainsi de suite. Mais surtout, les obsessions du grand Cronenberg rappliquent discrètement à ce stade, ouvrant l'efficace série B (adaptée d'une bande dessinée) sur des horizons lointains et des abîmes métaphysiques. L'autodéfense telle que la pratique Tom Stall l'innocent est en quelque sorte plus inquiétante pour le spectateur que la violence des assaillants, criminels avérés. Son geste « héroïque » rappelle en même temps le premier symptôme de la métamorphose de Jeff Goldblum dans La Mouche : à la fois une révélation et le top départ d'un processus fou. Un virus est à l'oeuvre, avec un pouvoir de contagion certain, comme souvent chez Cronenberg. Première leçon, et pas des moindres, compte tenu de l'actualité géopolitique : l'extériorité du danger est un leurre. A la maison aussi, l'horreur peut couver. Exemple : un fiston fort en thème, ouvertement non violent, ne demande peut-être qu'à faire gicler le sang des insupportables caïds du bahut. Les définitions du mal et du bien s'en trouvent complètement brouillées, au profit d'une ambivalence tous azimuts. L'un des sommets du film est ainsi une scène de sexe conjugal empreinte d'une brutalité sadomaso qui renvoie à celle de Crash, l'incroyable film de Cronenberg sur la volupté des accidents de la route. La violence est-elle source d'excitation, de plaisir ? Nous voici tout à coup dans La Généalogie de la morale, de Nietzsche. C'est le côté froidement entomologiste du cinéaste, son relativisme sombre et éclairant. On peut par là pousser très loin l'hypothèse qui ferait de la famille Stall une allégorie de l'Amérique, façade respectable et passé sanglant. Pour autant, le film ne se laisse pas réduire à un traité sentencieux sur la sauvagerie de la nature humaine et les dessous de la civilisation. D'abord, Cronenberg pratique une ironie rampante qui peut, ici ou là, monter en régime, tout près de la comédie noire. Voir les personnages de mafieux effrayants et, à la fois, extrêmement drôles, joués par Ed Harris et William Hurt. Voir aussi certaines saillies gore, évoquant les débuts du metteur en scène dans le film de genre fauché. Plus subtilement, A history of violence est réchauffé par un reste de confiance dans la capacité de l'homme à se réinventer. La question informulée du personnage principal, Tom Stall, est en substance celle-ci : qu'est-ce qui fonde mon identité ? Suis-je défini par ce que j'ai pu faire autrefois ? Ou bien par ce que j'ai décidé de faire désormais ? Le charisme quasi angélique de Viggo Mortensen, connu entre autres pour son rôle de prince rôdeur dans Le Seigneur des anneaux, contribue à rendre plus humaine, plus existentielle la glaçante mécanique cronenbergienne. En face, l'époustouflante Maria Bello (vue l'an dernier dans Lady Chance) travaille en sens inverse : elle instille une dose de rudesse à son rôle d'épouse solidaire et de mère aimante. Résultat : les délices de l'ambiguïté ad libitum. La famille est cet organisme à part entière qui, en état de choc, se désagrège un moment puis mute, s'adapte et persiste dans son être. Le coup de force de Cronenberg est qu'on ne sait plus s'il faut trouver cela hideux ou sublime.
       Louis Guichard [Télérama, 02 novembre 2005].

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