L'étrange Noël de monsieur Jack
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L'Etrange Noël de Monsieur Jack
The Nightmare before Christmas
(Henry Selick, USA - 1993)
Mercredi 18 décembre 2013 à 20h
Salle Juliet Berto - Grenoble
Jack Skellington, épouvantail de son état, occupe ses journées à préparer la prochaine fête d'Halloween. Lassé de cette vie répétitive et monotone, il décide de partir et découvre Christmas Town. Après cette aventure, il revient chez lui, avec une idée originale en tête : et si cette année, c'étaient les habitants de la ville d'Halloween qui allaient fêter Noël ?
Vous l'aurez compris, cette histoire là est un conte de fée gothique que n'auraient pas désavoué les frères Grimm et dont l'auteur n'est autre que Tim Burton. Est-il encore besoin de présenter cet illusionniste à l'imaginaire débridé ? Bon, petit cours de rattrapage en une phrase chrono pour les quelques internautes ignares qui nous lisent : Tim Burton est l'un des cinq meilleurs cinéastes américains des années 90 ; il a signé, entre autres, quelques petites merveilles comme "Ed Wood", "Edward aux mains d'argent" ou "Sleepy Hollow", avant que le croquemitaine d'Hollywood ne le rattrape et qu'il ne commette le massacre du remake de "La Planète des singes". Mais ne nous avançons pas trop : en ces temps là, l'imaginaire de Tim Burton était encore vierge de toute influence pécuniaire...
L'artiste de génie nous livre donc avec "L'étrange Noël de Mr Jack" une œuvre exceptionnelle, servie par la mise en scène impeccable de Henry Selick, à qui l'on doit entre autres "James et la pêche géante" et "Monkeybone" (où Brendan 'Momie' Fraser tenait le rôle principal).
Au cours de l'histoire du film, le spectateur sera amené à rencontrer une pléiade de personnages extravagants : du Dr Frankenstein avec l'option crâne amovible au maire schyzo, en passant par les garnements masqués ; on retiendra surtout cette grosse baderne d'Oogie-Boogie, un sac à patates garni d'insectes et crooner à ses heures perdues, qui s'avère être également une allégorie de l'enfer du jeu. Ces créatures fantasques évoluent dans des décors insolites (entendez par là extraordinaires), oscillant entre le gothisme baroque et la féerie pure, avec une légère préférence pour le gothisme - un penchant naturel de Burton, sans doute -… Champ de citrouilles au faciès ricanants, manoir biscornu, cimetière aux tombes 'gargouillesques', laboratoire diabolique encombré de fioles et d'éprouvettes : des décors directement tirés des poncifs de la littérature fantastique anglaise - la meilleure, soit dit en passant - et dont la transposition à l'écran s'avère tout simplement fabuleuse ! Mais il serait stupide de cantonner ce film à un simple livre d'images…
Après avoir débattu sur la forme, abordons donc le fond. Bien que limpide de prime abord, l'histoire de " L'étrange Noël de Mr Jack " soulève en réalité des questions essentielles (et symptomatiques du cinéma de Burton) : la quête de soi, l'intégration dans la société, l'acceptation de sa propre marginalité. Dieu merci, ce n'est pas Disney qui y apporte les réponses : l'épouvantail ne finira pas entouré de lutins débonnaires dans un parterre de lilas. Au contraire, rejeté par une société qui refuse de le comprendre, Jack s'en retourne à ses citrouilles, dans son petit village d'Halloween Town. Cette histoire aura eu le mérite de lui faire découvrir l'amour en la personne de Sally, une ravissante créature couturée, mélange avoué de Marlene Dietrich et de Lisa Marie (la muse et l'épouse de Tim Burton). En dépit de ce happy-end, le constat est loin d'être tout rose. Mais après tout, pourquoi tenter de s'intégrer dans un système qui ne nous mérite pas ? Le débat est lancé…
Alors, un conte métaphorique de plus ? Pas seulement, puisque "L'étrange Noël de Mr Jack" se révèle être également une comédie musicale, servie la partition ensorcelante de Danny Elfman. Un Danny Elfman inspiré par son sujet (profitions en, c'est pas tous les jours) qui signe ici la plus belle bande originale de toute sa carrière, un véritable opéra de l'horreur où des envolées oniriques et cauchemardesques croisent des échappées jazzy.
Et ce n'est pas tout ! Il est intéressant de noter que "L'étrange Noël de Mr Jack" a été, pour l'époque, une véritable révolution dans le domaine de l'animation puisque c'est le premier long métrage à avoir été entièrement réalisé avec la technique du "stop motion" (animation image par image de personnages faits de pâte à modeler), procédé utilisé plus tard -et avec autant de brio- pour "Chicken Run".
Un enchantement de tous les instants, donc, pour les yeux comme pour les oreilles.[...][http://tribaal.online.fr/Nightmare_before_christmas.htm]
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