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Le 23/01/2019 LES CHASSES DU COMTE ZARROFF

Mercredi 23 janvier 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenariat avec LE FESTIVAL DES MAUDITS FILMS 2019

LES CHASSES DU COMTE ZAROFF
THE MOST DANGEROUS GAME

(Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel - États-Unis - 1932 - 63 min)

. « Les Chasses du Comte Zaroff constitue, en tout état de cause,
un cauchemar à visée morale servi par une absence de sentimentalité et de pathos absolument inoubliabl
e. »
(Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont, 1992, p. 261) 

Il est, dans l’histoire du cinéma, quelques très rares films qui peuvent être considérés comme des œuvres matricielles. Sans aucun doute, Les Chasses du comte Zaroff fait partie de ce cercle très fermé, et cette position ne tient pas aux indéniables qualités techniques et artistiques déployées par les auteurs du film, pluriel sciemment utilisé car la réussite de Zaroff tient à un véritable travail d’équipe, même si l’apport de Schoedsack reste primordial. Un film, si sublime soit-il, si parfait sa mise en scène puisse être, n’en devient pas pour autant une œuvre matricielle. Il faut que le film fonctionne, frappe les esprits, c’est une condition sine qua non. Mais il faut avant tout que son sujet même possède une forme de simplicité, d’évidence qui puisse permettre à des générations d’auteurs de venir à leur tour broder dessus, de l’utiliser pour développer leurs réflexions philosophiques, morales, sociales ou plus simplement pour éprouver leur maestria de metteurs en scène. Si The Most Dangerous Game est une œuvre matricielle, c’est parce que son thème, un homme chassant ses congénères, contient la promesse de multiples et inépuisables variations cinématographiques. Le brio et l’intelligence de la forme étant le garant que ce thème soit transcendé et que le film puisse s’installer naturellement dans la mémoire collective..

On est happé, et ce quel que soit le nombre de fois où on a déjà vu le film, quel que soit le nombre de fois qu’on ait vu son thème repris ailleurs. Il y a quelque chose de magique et de difficilement cernable qui est ici en jeu, mais une partie de cette magie tient certainement au fait que regarder Les Chasses du comte Zaroff, c’est ouvrir un livre d’images qui nous ramène aux contes de fées de notre enfance : il y a le château, ses cryptes inquiétantes que l’on explore à la lueur d’une bougie, sa porte interdite gardée par un colosse ; il y a la sombre forêt et sa meute de loups haletants ; et bien sûr il y a l’ogre. Ce dernier est l’un des atouts du film et l’on sait depuis l’adage hitchcockien que plus le méchant est réussi, plus le film l’est. Leslie Banks s’avère excellent en aristocrate suave et inquiétant, rôle archétypale qu’il habite avec une grande conviction. Pour preuve de son talent, la scène où il présente sa salle des trophées à ses prisonniers a été écourtée par la RKO suite aux premières previews. [Olivier Bitoun - dvdclassik.com]

RAPPEL DE LA PROGRAMMATION DANS LE CADRE 
DU FESTIVAL DES MAUDITS FILMS 2019

(Détails dans le programme spécial dédié)
Mardi 22 janvier, 20h
    EL TOPO (Alexandro Jodorowsky)
    (Interdit aux -12 ans) 
Mercredi 23 janvier, 18h
    SOLEIL DE FEU (Interdit aux -16 ans lors de sa sortie en salle – Larry Spiegel)
Samedi 26 janvier, 18h
    LE MONDE PERDU (Irwin Allen)
Samedi 26 janvier : Double Séances
    20h : GRINDHOUSE PINK FLAMINGO (John Waters)
    (Interdit aux -16 ans lors de sa sortie en salle)
    22h : CAPTAIN ORGAZMO (Trey Parker et Matt Stone)
    (Interdit aux -12 ans lors de sa sortie en salle)

 

 

Le 16/09/2019 TUEZ CHARLEY VARRICK !

Mercredi 16 janvier 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " En cavale " (2/3)

TUEZ CHARLEY VARRICK / CHARLEY VARRICK

(DON SIEGEL - États-Unis - 1973 - 111 min)

Par ses thrillers violents, oppressants, réalisés avec une technique très efficace et une belle économie de moyens, Donald Siegel " le Don " a signé A bout portant (1964), remake des Tueurs de Siodmak, Le Prix d'un meurtre (1965), Police sur la ville (1968) avec Richard Widmark. En 1968, c'est la rencontre avec Clint Eastwood avec Un shérif à New-York, un film qui casse les règles du polar classique. Clint Eastwood devient, sous la direction de Don Siegel, l'Inspecteur Harry, flic ambigu, frôlant l'illégalité et dénonçant la mansuétude dont bénéficient les criminels. Réalisateur et acteur vont y gagner une réputation de " fascistes " que la cinéphilie balaiera..

« Tuez Charley Varrick ! », un braqueur s’évapore
Une visible absence d’émotions, ou la volonté de rendre celles-ci illisibles, est typique de cette époque
A cette volonté de créer une impression d’authenticité, volonté qui s’exprimera encore durant le film, s’ajoute la peinture d’un personnage qui semble imperméable à l’émotion. Charley Varrick, devenu veuf au cours de l’attaque de la banque, paraît à peine affecté par l’événement et semble tout entier concentré sur son objectif, se mettre définitivement hors d’atteinte de ceux qui le traquent, en sacrifiant sans états d’âme son complice impatient.
Cette visible absence d’émotions, ou, en tout cas, cette volonté de rendre celles-ci illisibles, est typique, là aussi, d’une période où les cinéastes pouvaient mettre à distance les possibilités pour les spectateurs de s’identifier aux personnages. Le film s’attache en effet à suivre un individu, génialement incarné par Walter Mathau, plus célèbre pour le couple qu’il formait avec Jack Lemmon dans les comédies de Billy Wilder (superbe paradoxe), apparemment dénué d’affect.
Quête métaphysique
Or à quoi s’applique le comportementalisme strict d’un récit cinématographique qui colle aux actions d’un personnage parfois opaque ? A mettre à nu le processus par lequel le protagoniste va organiser sa propre disparition, va gommer toute trace de son existence passée. Deux ans plus tard, Michelangelo Antonioni filmait sensiblement la même histoire, le récit d’un homme qui s’évapore en revêtant une nouvelle identité.
L’effacement du héros pouvait certes être lu comme une allégorie plus générale sur les théories d’alors annonçant « la fin du sujet ». Si, dans Profession : reporter, le personnage de David Locke (Jack Nicholson) se dissolvait dans la peau d’un autre, c’était pour résoudre une angoisse plus existentielle – échapper à la réalité en général –, plus purement symbolique, que celle d’un Charley Varrick, soucieux surtout de fuir la mafia et la police.
Mais si les péripéties du film d’Antonioni – trafic d’armes et menaces des services secrets – le rapprochaient vaguement des conventions du thriller, l’obstination de Varrick à disparaître du monde ne pourrait-elle pas aussi être lue comme l’expression d’une quête tout autant métaphysi-que que concrète ? [Jean-François Rauger • Le Monde, 05 juillet 2017]

 

Le 09/01/2019 Thelma et Louis

 

Mercredi 9 janvier 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " En cavale " (1/3)

THELMA ET  LOUISE

(Ridley SCOTT - États-Unis - 1991 - 119 min) 

"Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain." (Horace).
" De nombreux mots passent dans ma tête tels que : prison, interrogatoires,
chaise électrique, condamnation à perpétuité, des choses de ce genre… 
Et tu me demandes si je veux sortir vivante ?" 
(in Thelma & Louise).

Je me souviens avoir regardé Thelma & Louise avec ma mère au moment de sa sortie en 1991. Étudiante à l’époque, je devais être rentrée à la maison pour les vacances. Je me souviens que nous l’avions aimé, et que nous étions même à deux doigts de lui trouver zéro défaut. Et, évidemment, nous n’étions pas d’accord sur la fin, mais impossible de me rappeler qui soutenait quoi.
En revanche, je me souviens parfaitement qu’en 1991, Thelma & Louise c’était le film qu’il fallait voir; pendant des mois après sa sortie, cet été-là, il fut au cœur de nombreux éditoriaux et de polémiques à la télé. Tout comme Do The Right Thing en 1989 ou Fahrenheit 9/11 en 2004, ce road movie de Ridley Scott sur deux filles en cavale fut LE sujet de conversation incontournable de 1991.
Vingt ans après, Thelma & Louise reste dans l’inconscient collectif un film révolutionnaire qui a marqué son époque, un film qui a un « avant » et un « après ». Aucun tour d’horizon des films sur l’empowerment des femmes (empowerment ! Ca ne vous donne pas un coup de nostalgie des années 1990 ?) ne serait complet sans lui. Mais Thelma & Louise est-il aujourd’hui davantage qu’un jalon du féminisme? Est-ce un jalon du féminisme, d’ailleurs? Est-ce même un bon film?
20 ans plus tard, toujours aussi drôle
Ce qui me saute aux yeux en revoyant Thelma & Louise, c’est que ce film est resté très drôle. Geena Davis et Susan Sarandon pètent le feu, elles sont à la fois réjouissantes et splendides dans le rôle de la ménagère et de la serveuse de l’Arkansas dont le week-end entre filles tourne à la cavale criminelle à travers plusieurs États. Brad Pitt, l’autostoppeur sexy qui séduit puis dévalise la crédule Thelma (Davis) fait encore agréablement tressaillir et se demander mais qui c’est ce type? La Thunderbird 1966 décapotable verte de Louise se détache superbement sur les rochers rouge vif du désert du sud-ouest.[...]
Une grande partie du plaisir que procure ce fantasme où la justice est faite par les victimes vient des films que nous sommes bien conscients de ne pas être en train de regarder: ce n’est pas Bonnie et Clyde, ni Le démon des armes, ni La balade sauvage, ni aucun des innombrables road movies dans lesquels deux hors-la-loi hétéros tombent ensemble dans un embrasement de gloire romantique. Thelma & Louise associe intentionnellement l’énergie nihiliste du genre et l’embrasement euphorique de la culture Oprah Winfrey qui n’en était qu’à ses balbutiements. Il nous fait prendre l’enchaînement de mauvaises décisions prises par ses héroïnes pour un souffle de libération personnelle.
Dana Stevens (Slate, 3 février 2011. Traduit par Bérengère Viennot).

Le 19/12/2018 LA MAISON DU DIABLE

Mercredi 19 désembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Ô DIABLE " (3/3)

LA MAISON DU DIABLE

(Robert WISE - États-Unis - 1964 - 112 min)

" La Maison du diable était fondé sur la peur de l'inconnu, on ne voyait que des ombres.
Le reste est affaire d'imagination."
Robert Wise

La Maison du diable (1964) se situe entre deux chefs d’œuvres du réalisateur. Avant de le réaliser, il s’était attelé à l’inimitable West Side Story (1962), couronné par 10 Oscars, dont celui du Meilleur Film et juste après, le cultissime La Mélodie du bonheur (1965), auréolé par 5 Oscars, dont celui du Meilleur Film ! Ici, avec son film d’épouvante, il prend le risque de ne jamais nous dévoiler l’identité des fantômes présents dans la maison hantée. Plutôt que de les montrer aux spectateurs, il choisit de les suggérer, et toutes les astuces sont bonnes à prendre. Robert Wise ayant apporté un soin particulier à sa bande-son, entre grincements, claquements, hurlements et voix off, le mystère reste entier du début à la fin, nous laissant dans l’incompréhension, tout comme les acteurs du film. Pas de trucages, ni d’effets spéciaux, ici on appréciera d’autant plus le petit côté artisanal, comme cette fameuse séquence de la porte qui sous la pression de cette force mystérieuse, menace d’exploser, en se gonflant ou en se déformant complètement. Une œuvre devenue un classique et qui n’a hélas pas échappée aux nombreuses tentatives de remakes, toutes inégales ou décevantes, tels que La Maison des damnés (1973) ou Hantise (1999).

Ce classique du film de maison hantée doit sa célébrité à des effets sonores effrayants et un souci de crédibilité psychologique. Un scientifique réunit un groupe de volontaires dans un vieux manoir dans l’espoir d’observer la présence de fantômes. Parmi ces invités spéciaux, un sceptique, une mythomane refoulée et une lesbienne aux pouvoirs de médium. Au fil des heures, les tensions et les passions vont s’exacerber entre les participants de l’expérience. Aucun spectre ne leur rendra visite, mais l’atmosphère terrifiante qui règne dans la demeure va provoquer une série d’événements tragiques : crise de folie, suicide, accident mortel, … L’excellent technicien (qui fut aussi à plusieurs reprises un cinéaste inspiré) Robert Wise fonde le principe de sa mise en scène sur la suggestion et les effets sonores, beaucoup plus terrifiants que les trucages de l’époque ou les apparitions de spectres. Cet ancien monteur avait fait ses premiers pas de cinéaste sous l’égide de Val Lewton, le célèbre producteur de La Féline et d’une splendide série de films fantastiques qui dédaignait le Grand-Guignol au profit de la litote et de la poésie. [Olivier Père, arte.tv]

Parmi les successeurs patentés, seul Stanley Kubrick tirera les leçons de La Maison du diable. Ce sera Shining. En reprenant le même point de départ que Wise (l'esprit anime un lieu qu'il a reconnu comme sien), il le poussera bien plus loin, vers des contrées où Wise n'avait pas osé s'aventurer. Mais celui-ci avait grandement contribué à poser les fondations d'une horreur nouvelle. [Frédéric Bonnaud, Les Inrocks, 30 novembre 1996].

Le 12/12/2018 Le Masque du Demon

Mercredi 12 désembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Ô DIABLE " (2/3)

LE MASQUE DU DÉMON

(Mario BRAVA - Italie - 1960 - 87 min)

Ce classique incontournable du cinéma fantastique de l’après guerre sonna aussi le coup d’envoi de la florissante carrière d’un de ses artisans européens les plus talentueux et les plus généreux. Jusqu’alors, Mario Bava, directeur de la photographie en vue, était venu en renfort de réalisateurs absents ou défaillants, ce qui lui avait valu la confiance des studios italiens qui décidèrent de lui confier son propre film. Déterminé à frapper un grand coup tout en assouvissant une passion sincère pour le fantastique, Bava décida de réaliser un film de sorcières et de revenants vampiriques, inspiré d’une légende slave rapportée par Nicolas Gogol (et récemment ré-adaptée en blockbuster russe sous son titre original, “Viy’). Le cinéaste cherche par tous les moyens à se distinguer de ses pairs : alors que la mode est au Technicolor, Bava tourne dans un noir et blanc magnifique, en hommage aux Monster-movies classiques des années 30 qu’il vénérait. Surtout, il tire le meilleur parti du peu de budget accordé à ce genre de productions : chargé et luxueux au possible, diffusant une atmosphère d’épouvante gothique tout bonnement incroyable, le résultat possède une personnalité et une esthétique qui lui sont propres, sans commune mesure avec l’autre référence vampirique de l’époque, le célèbre (mais faiblard) Dracula de Terrence Fisher sorti deux ans plus tôt. Il refuse également toute tentative d’humour déplacé, comme s’il avait déjà conscience de travailler là sur un Classique voué à résister au passage du temps et se tient à l’écart de toute héroïsation ou sentimentalisme trop appuyé chez ses personnages. En revanche, en bon italien adepte de certains excès graphiques, Bava concocte quelques images plus choquantes que ce que le public du début des années 60 était accoutumé à voir, comme ce sang qui gicle alors que l’on cloue le masque de bronze sur le visage de la sorcière, ou lorsque celle-ci entrouvre les pans de son manteau, dévoilant un corps en état de putréfaction avancé : cela valut au film d’être partiellement censuré aux Etats-Unis et même banni pendant une poignée d’années en Angleterre. Mais ce qui contribua clairement à établir la légende et la pérennité du film fut la décision de Bava d’engager la débutante Barbara Steele pour le double-rôle principal de ce ‘Masque du démon’, sur la seule foi de sa beauté atypique : même si cette dernière mit du temps à admettre et à apprécier l’hommage, vexée du peu d’intérêt que suscitèrent ses passages ultérieurs chez de grands auteurs, elle reste considérée encore aujourd’hui comme la première grande star féminine du cinéma fantastique. [allocine.fr]

Le 05/12/2018 ROSMARY'S BABY

Mercredi 5 désembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Ô DIABLE " (1/3)

ROSEMARY'S BABY

(Roman POLANSKI - États-Unis - 1968 - 137 min)

Ce qu'a compris Polanski (…), c'est que dans les genres "mineurs" plus qu'ailleurs encore, la virtuosité est nécessaire.
[Pascal Kané, Cahiers du Cinéma, N°207, décembre 1968].
Rosemary's Baby est un des meilleurs films de mystère d'angoisse
que nous ayons jamais vus. 
[Jean de Baroncelli, Le Monde, 05 novembre1968].
Un très brillant exercice de style [Michel Perez, Positif, N°102, Février 1969].

PLONGEON DANS CET ANTRE DE LA FOLIE PRESQUE ORDINAIRE
[Thomas Baurez, L'Express, 22 octobre 2010]
1. Parce que c'est le meilleur film de Polanski. En cette fin des sixties, le franco-polonais Polanski qui a déjà mis un pied à Hollywood avec Le bal des vampires (1967) signe avec Rosemary's Baby (1968) son premier long-métrage 100% américain. Adapté d'un roman d'Ira Levin, le cinéaste obsédé par les délires paranoïaques, signe ici son oeuvre la plus forte et dérangeante. À travers le calvaire d'un jeune couple qui se sent menacé par un entourage de plus en plus intrusif, le récit oscille entre fantasme et réalité pour mieux brouiller notre raison.  
2. Parce que le mal est en chacun de nous. L'intrigue de Rosemary' Baby est d'autant plus traumatisante que l'identification avec les deux héros est totale. En effet, les Woodhouse forment un couple ordinaire, entouré par des voisins à priori bienveillants et des amis prévenants. C'est la grossesse soudaine de Rosemary qui va les faire basculer dans l'irrationnel. Cet événement « extraordinaire » entraîne chez eux un sentiment de méfiance vis-à-vis du monde extérieur, à moins que ce soit ce dernier qui se ligue contre eux. Où se situe la vérité ? Nul ne le sait. C'est le dilemme cornélien que le spectateur doit résoudre pour ne pas lui aussi sombrer. 
3. Pour le couple Mia Farrow et John Cassavetes. S'il est impossible aujourd'hui d'imaginer d'autres interprètes que la muse de Woody Allen : Mia Farrow et le réalisateur-acteur : John Cassavetes, pour incarner Rosemary et Guy Woodhouse, beaucoup de noms ont néanmoins circulés. Jane Fonda et Julie Christie ont été pressenties, alors que Polanski voulait sa femme Sharon Tate. En vain. La réalité rattrapera bientôt la fiction, puisque quelques mois après le tournage, Sharon Tate - alors enceinte -, sera sauvagement assassinée par les sbires de Charles Manson. Côté garçons : Warren Beatty et Jack Nicholson ont failli emporter la mise.  
4. Pour la partition oppressante de Krzysztof Komeda. Avec l'assassinat de Sharon Tate, la mort accidentelle du compositeur fétiche de Polanski, Krysztof Komeda en décembre 69 marque une nouvelle malédiction autour du film. Komeda, d'origine polonaise, a signé jusqu'ici toutes les B.O du cinéaste jusqu'à ce Rosemary's Baby, sa partition la plus fameuse. Il y a d'abord cette valse-berceuse chantée par Mia Farrow elle-même qui dégage d'emblée un étrange sentiment d'innocence blessée. Le reste est une musique d'ambiance oppressante avec une utilisation géniale des cuivres mixés avec des voix du film. Un procédé qui va largement inspirer nombre de compositeurs pour suggérer l'angoisse à l'écran.

Le 04/12/2018 LES REFUGIES DE SAINT JOUIN

Attention : Séance du MARDI 4 DÉCEMBRE à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Séance spéciale dans le cadre de Festival MIGRANT'SCÈNE

LES RÉGUGIÉS DE SAINT-JOUIN

Ariane DOUBLET (France, 2017 - 58 min)
En présence de la réalisatrice

Quand un village français accueille une famille de réfugiés syriens
Par Siegfried Forster [FIPA,  25janvier 2018]
« Les réfugiés de Saint-Jouin », documentaire de Anne Doublet, présenté au Festival de la création audiovisuelle internationale (FIPA) à Biarritz.
Lorsque les images de millions de réfugiés sur la route passent en 2015 sur les chaînes de télévision françaises, un petit village en Normandie décide d’accueillir une famille de réfugiés. Présenté au Festival de la création audiovisuelle internationale (FIPA) à Biarritz dans la nouvelle catégorie Documentaire national, « Les réfugiés de Saint-Jouin » montre la bonne volonté des bénévoles face aux craintes de certains habitants et à la mauvaise volonté de l’État français. La réalisatrice Ariane Doublet, habituée à filmer sa Normandie natale, pointe avec subtilité les inquiétudes et les incohérences par rapport à l’accueil des réfugiés, avec une caméra plein d’humanité et de compréhension. Édifiant.

Entretien avec Ariane DOUBLET
RFI : Votre documentaire commence avec un discours du président français François Hollande en automne 2015 sur les réfugiés et des images où le conseil municipal du village de Saint-Jouin-Bruneval décide d’accueillir une famille de réfugiés avec les mots : « on a un rôle à jouer ». Quel rôle ?
Ariane Doublet : C’est le rôle de mettre une petite graine, d’accueillir une famille en difficulté. À l’époque où ils proposent cet accueil, ils ne savent pas si cela sera une famille syrienne, irakienne ou soudanaise. Ils ont un logement municipal vacant, donc ils proposent ce logement au ministère de l’Intérieur et à la préfecture. Mais, finalement, cela n’a pas été simple et cela a duré très long [plus qu’un an] avant de pouvoir accueillir une famille.
Il y avait donc un village de bonne volonté et un État de mauvaise volonté ?
Voilà, l’État français a fait beaucoup d’effets d’annonce. Et même à la fin du mandat de François Hollande qui avait dit qu’on accueillerait 24 000 personnes dans le quota européen – ce qui n’était déjà pas beaucoup - à la fin de son mandat, par ce biais-là, seulement 6 000 personnes étaient arrivées. En même temps, il y avait beaucoup de bonne volonté, pas seulement dans ce village, mais en France, de maires qui ont proposé des logements, mais beaucoup sont restés vides. Dans le film, on voit que pour réussir à accueillir une famille de réfugiés, le maire de Saint-Jouin devait même sortir des clous et plus passer par le biais de l’État et de la préfecture, mais par une association. Du coup, il n’est plus soutenu par l’État. Seulement comme ça une famille syrienne a finalement pu arriver dans ce village.
Pourquoi avez-vous fait ce choix de vous vous concentrer sur une famille et un village ?
Je me suis mise surtout au niveau d’un village. Mon travail de documentariste est un travail au long cours et je travaille beaucoup sur les territoires ruraux. Quand une famille arrive dans un village, les gens peuvent la rencontrer tout de suite, il n’y a pas l’anonymat qui règne dans une grande ville. Cela m’intéressait comment les liens allaient se tisser entre les gens du village et la famille qui allait arriver.
Il y a les bénévoles, mais aussi ceux habités par des craintes très concrètes : « On ne veut pas que les réfugiés soient privilégiés par rapport aux habitants. » Vous abordez aussi comment les villageois s’imaginent les Syriens.
Dans le film, on entend les préjugés et les stéréotypes, même chez les gens de très bonne volonté. Par exemple, quand ils pensent de mettre des tapis dans l’appartement, parce qu’ils imaginent que les Syriens mangent par terre. C’est un peu par ignorance. Lors d’une balade sur la côte, même le maire demande au père syrien: « est-ce que tu sais nager ? ». Et celui répond : « en Syrie, on avait une grande maison avec piscine ». Cela va à l’encontre des stéréotypes qu’on porte envers des gens exilés. Dans la première partie du film, je suis vraiment dans le point de vue des villageois, ceux qui attendent avec impatience l’arrivée de la famille syrienne, et les autres qui y sont opposés. Il y a même un tag sur la porte de l’appartement : « Syriens, Non ». L’arrivée de la famille m’a permis de changer mon point de vue, de comprendre ce que signifie être en exil et ce qui se passe quand on arrive dans un village et quand on ne parle pas la langue française.
L’accueil de cette famille fait aussi ressurgir le sens même d’un village.
Oui, et les gens sont identifiables. Il y a le garde champêtre, le maire, des figures assez fascinantes et identifiables dans le village. Et puis, je me suis dit aussi qu’en France, il y a 36 000 communes. Et si chaque village accueillait une famille… Ce sont souvent des territoires où il n’y a pas du tout une population étrangère exilée. En ville, les gens sont habitués d’avoir des voisins venus de pays qui n’est pas le leur. Dans le village, c’était quelque chose de nouveau pour eux. Donc, je voulais voir comment la rencontre se fait. Et finalement, c’était très simple. C’est aussi cela que je voulais montrer. Avant qu’ils arrivent, les gens se posaient beaucoup de questions, mais une fois qu’ils étaient là, tout paraît simple.
Est-ce que ces réfugiés syriens persécutés par le régime de Bachar el-Assad sont aujourd’hui devenus des villageois normands ?
Oui, c’est ce que l’un des fils de la famille syrienne raconte. Quand il y avait un accident mortel d’un jeune du village avec son scooter, ils se sentaient complètement concernés. Ils étaient tristes et allaient naturellement aux obsèques. Ils se sentent, petit à petit, chez eux. Le petit garçon qui a aujourd’hui deux ans et demi va à la halte-garderie avec les autres enfants du village. Ce qui permet à Fatima et à ses parents de rencontrer les autres parents du village.

Le 28/11/2018 QUEEN OF MONTREUIL

Mercredi 28 novembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Au féminin " (4/4)

QUEEN OF MONDTREUIL
(Solveig ANSPACH - France - 2011 - 87 min)

C’est ce qu’on appelle un feel good movie. Un film qui fait du bien, où l’on sourit, où l’on rit, et qui devrait être remboursé par la Sécu parce qu’il nous rappelle pourquoi on aime la vie, même quand elle est chienne. Garanti sans bons sentiments gluants, « Queen of Montreuil » parle en effet rien moins que du deuil et de nos vies en cendres… Agathe (Florence Loiret-Caille) vient de perdre son mari et semble elle-même avoir choisi le camp des fantômes. Mais les humains n’ont pas dit leur dernier mot… Au fil du film, on s’attache à cette bande de potes, avec leurs qualités et leurs défauts encore meilleurs. Quand les lumières se rallument, on ne veut plus les quitter. [Marjolaine Jarry, L’Obs, 12 mars 2013]

Queen of Montreuil est une tragicomédie qui joue sur toute une gamme de décalages : psychologiques, culturels, linguistiques, amoureux… Aucun des personnages ne fonctionne sur le même karma, d’où quiproquos, incompréhensions, petits gags doux-amers.
Loin de vouloir rétablir un certain ordre des choses, Anspach considère cette asynchronie comme un réenchantement poétique du quotidien, une façon pas idiote de faire son deuil et de mettre à distance les drames de l’existence
. [Serge Kaganski, Les Inrocks, 19 mars 2013]

« QUEEN OF MONTREUIL », PHOQUE YOU
Zoulou. Fable dingue avec jeune veuve, Islandais et un rescapé de zoo.
Solveig Anspach est-elle folle ? Oui, mais pas plus que nous. Est-elle cinéaste ? Oui, mais beaucoup plus que nous. C’est cette qualité surnuméraire qui fait de son nouveau film une ciné-folie de première. Une folie comme on l’entendait architecturalement au XVIIIe siècle quand, en marge des châteaux, il s’agissait de construire au fond du parc des pavillons de plaisir, propices aux partouzes ou aux conversations philosophiques, les unes n’excluant pas les autres. 
Sauf qu’ici, le parc est plutôt une déchetterie, et le pavillon, un pavillon de banlieue, à Montreuil, commune limitrophe et un peu limite de l’est parisien. Agathe (Florence Loiret-Caille, nickel), la trentaine, y revient après des vacances un peu particulières, partie à l’étranger pour récupérer les cendres de son mari, mort dans un fâcheux accident de mob. Pourquoi pense-t-on alors au Solex de monsieur Hulot dans Mon oncle ? Parce que Anspach filme comme assise sur le porte-bagages de Tati : même humour et amour des personnes qui sont des personnages, même façon de carburer au frappadingue.
Queen of Montreuil est une fantaisie composite, un bazar zoulou où l’on peut chiner à sa guise : un duo d’Islandais (mère allumée et fils sage) en rade à Roissy suite à la faillite de leur compagnie aérienne, un grutier jointé, un gérant de laverie qui fait aussi place Net, un passant qui toque chaque jour à la fenêtre de la cuisine pour guigner 5 euros (en fait 6, c’est pour ses clopes), une robe de mariée transsexuelle, et un phoque. Un quoi ?! Un phoque (Fifi, immense actrice), oublié dans le déménagement du zoo de Vincennes. C’est le phoque qui fait le liant. Parce que l’animal triste est recueilli par le fils islandais qui l’installe dans la baignoire de la jeune veuve, parce que son appétit de poisson va résoudre le problème de l’urne funéraire et du devenir des cendres qu’elle contient, parce que son humanité animale et ses grands yeux de Bette Davis vont retaper la veuve en vrac et rallier les humains dispersés.
Pourquoi vivre seul, alors qu’on pourrait vivre ensemble ? C’est la question politique posée par Anspach. Trop cool ? Voire. Le phoque n’est pas qu’une grosse peluche vivante, il est aussi un carnivore qui montre les dents et fout les foies à Agathe lors d’un face-à-face en salle de bains. Quant à la communauté : sur le mode de «l’attraction passionnée» chère à Fourier, elle lorgne plus vers le phalanstère que vers la famille, fût-elle recomposée.
[Gérard Lefort, Libération, 19 mars 2013]

Le 21/11/2018 Shara

Mercredi 21 novembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Au féminin " (3/4)

SHARA / SHARASOJYU
(Naomi KAWASE - Japon - 2000 - 100 min)

" Ce qui ici est grand, stupéfiant, presque irréel de délicatesse et de subtilité,
c’est la façon dont Kawase s’approprie ces motifs
[disparition, deuil, renaissance] en cinéaste visitée par la grâce." 
Serge Kaganski (Les Inrocks, 12 mars 2010).

LAISSÉE INACHEVÉE AU JAPON [Note de la Cinémathque française]
Il s’est passé quinze ans exactement depuis que Naomi Kawase a remporté la caméra d’or à Cannes en 1997 pour Moe no suzaku. Elle est depuis la cinéaste japonaise de sa génération la mieux identifiée sur la scène internationale, où ses sept long-métrages ont chacun été sélectionnés dans les principaux festivals internationaux. (...) Sa filmographie s’écrit en parallèle sur deux lignes. 
    •  La première avance en pleine lumière : ce sont ses fictions tournées en 35 mm.
    •  La seconde est volontairement confidentielle (au sens plein du terme : elle y fait confidence). Il s’agit d’une dense collection de films en 16 mm, vidéos et super 8 qu’il est pratique de ranger sous la bannière « documentaires expérimentaux » – du moment que cette bannière est ravie de contenir tout à la fois des documentaires rejoués voire truqués, des fictions prises de vertiges, des journaux intimes, des essais filmés, des poèmes visuels, des témoignages.(...)
La forêt n’est pas pour rien l’espace privilégié de son monde : dangereuse et organique, bois de sortilèges anciens, forêt gardienne d’une mémoire qui pourrait, un jour ou l’autre, se venger de notre modernité oublieuse en nous jouant des tours.(...)
Qu’est devenu, par exemple, l’enfant de Shara, qui a disparu au terme de la première séquence : « les dieux l’ont sans doute pris », dit le film. Personne pour s’en étonner. Sans doute aussi parce qu’il y a chez Kawase une façon unique de faire tenir un récit, qui accepte aussi bien la spéculation, la fable, le laissé inexpliqué, les incertitudes, voire la mythomanie (une autre façon de défier les dieux).
Shara en 2003 est l’épitomé du style kawasien : tourné une fois encore à Nara, il mêle le surnaturel et l’écologie, les séquences jouent au chat et à la souris avec le sens, laissent entrevoir un monde bipolaire, traversé de questions cruciales et de rumeurs (ta mère n’est pas ta mère, ton frère est-il bien mort ?) jusqu’à s’abandonner au vertige d’une danse de rue où les danseurs dans leur chorégraphie s’appliquent à ce que leurs mouvements ne suivent surtout pas le rythme de la musique. « Shara est lui-même « un film désynchronisé : si cotonneux et planant dans sa forme, si violent et ferme dans le fond », écrit Gérard Lefort dans Libération. Ce sens du grand écart, Kawase ne cesse, depuis, de le creuser.

Le 14/11/2018 LES GLANEURS ET LA GLANEUSE

Mercredi 14 novembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Au féminin " (2/3)

LES GLANEURS ET LA GLANEUSE
(Agnès VARDA - France - 2000 - 82 min)

On ne peut plus regarder comme avant ceux qui soulèvent les couvercles des poubelles...

LES INTENTIONS D'AGNÈS VARDA
« Ce film est documentaire par son sujet. Il est né de plusieurs circonstances. D'émotions liées au vu de la précarité, du nouvel usage des petites caméras numériques et du désir de filmer ce que je vois de moi : mes mains qui vieillissent et mes cheveux qui blanchissent. Mon amour de la peinture a voulu aussi s'exprimer. Tout cela devait se répondre et s'imbriquer dans le film sans trahir le sujet de société que je souhaitais aborder : le gâchis et les déchets… Qui les récupère ? Comment peut-on vivre des restes des autres ? Au départ d'un film, il y a toujours une émotion. Cette fois-ci, celle de voir tant de gens qui vont ramasser ce qui traîne en fin de marchés ou les restes jetés dans les containers des grandes surfaces. Quand on les voit, on veut filmer ces personnes et c'est aussi cela qui ne se peut filmer sans leur accord. Comment témoigner pour eux sans les gêner (…)
 Comme il n'y a pas de mot français pour road-movie, je pourrais dire que j'ai tourné un road-documentary. Il fallait traiter le sujet en mode rural (le glanage et le grapillage) et en mode urbain (la récupération) et je m'autorisais des digressions variées avec un point d'accroche au sujet (…)»

Cinéaste française née en 1928, Agnès Varda passe son enfance en Belgique puis à Sète. Après des études aux Beaux Arts et à l'École du Louvre elle devient la photographe du TNP aux côtés de Jean Vilar dans les années 1950. Elle tourne son premier long métrage en 1954 "La Pointe Courte", qui l'inscrit dans le cinéma de la Nouvelle Vague. La suite de sa carrière sera riche de trente-trois titres, fictions ou documentaires, parmi lesquels on peut citer des classiques tels "Cléo de 5 à 7" (1961) et "Les Glaneurs et la Glaneuse" (2000).
Un peu partout en France, Agnès a rencontré des glaneurs et des glaneuses, récupéreurs, ramasseurs et trouvailleurs. Par nécessité, hasard ou choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Leur univers est surprenant. On est loin des glaneuses d'autrefois qui ramassaient les épis de blé après la moisson. Patates, pommes et autres nourritures jetées, objets sans maître et pendule sans aiguilles, c'est la glanure de notre temps. Mais Agnès est aussi la glaneuse du titre et son documentaire est subjectif. La curiosité n'a pas d'âge. Le filmage est aussi glanage.

"Les Glaneurs et la glaneuse", le ciné-brocante d'Agnès Varda
Les années n'ont aucune prise sur la vivacité d'esprit d'Agnès Varda, son ludisme curieux, sa générosité sociale et son intelligence cinématographique. Les Glaneurs et la glaneuse est un nouveau bijou dans sa riche et longue filmographie, un documentaire aussi libre et joueur que Murs murs, une expérience aussi ouverte et aléatoire que Daguerréotypes, un travail "politique" aussi puissant et fort que Sans toit ni loi.
L'auteur de Cléo de 5 à 7 est parti d'une image, un tableau magnifique de Millet représentant les glaneuses de blé d'autrefois, et d'un mot, "glaner", tel que défini par le dictionnaire. De ce point de départ, Varda entreprend un réjouissant voyage non organisé, une sorte de road-movie à pied, en voiture et en train, armée de sa seule curiosité et d'une petite caméra numérique, outil providentiel (pour ce projet-là) qui rend le geste de filmer aussi naturel et commode que tendre la main. [Frédéric Bonnaud, Les Inrocks, 07 juillet 2000].

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