Le 09/01/2019 Thelma et Louis
- Écrit par Krishna
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Mercredi 9 janvier 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)Cycle " En cavale " (1/3)
THELMA ET LOUISE
(Ridley SCOTT - États-Unis - 1991 - 119 min)
"Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain." (Horace).
" De nombreux mots passent dans ma tête tels que : prison, interrogatoires,
chaise électrique, condamnation à perpétuité, des choses de ce genre…
Et tu me demandes si je veux sortir vivante ?" (in Thelma & Louise).
Je me souviens avoir regardé Thelma & Louise avec ma mère au moment de sa sortie en 1991. Étudiante à l’époque, je devais être rentrée à la maison pour les vacances. Je me souviens que nous l’avions aimé, et que nous étions même à deux doigts de lui trouver zéro défaut. Et, évidemment, nous n’étions pas d’accord sur la fin, mais impossible de me rappeler qui soutenait quoi.
En revanche, je me souviens parfaitement qu’en 1991, Thelma & Louise c’était le film qu’il fallait voir; pendant des mois après sa sortie, cet été-là, il fut au cœur de nombreux éditoriaux et de polémiques à la télé. Tout comme Do The Right Thing en 1989 ou Fahrenheit 9/11 en 2004, ce road movie de Ridley Scott sur deux filles en cavale fut LE sujet de conversation incontournable de 1991.
Vingt ans après, Thelma & Louise reste dans l’inconscient collectif un film révolutionnaire qui a marqué son époque, un film qui a un « avant » et un « après ». Aucun tour d’horizon des films sur l’empowerment des femmes (empowerment ! Ca ne vous donne pas un coup de nostalgie des années 1990 ?) ne serait complet sans lui. Mais Thelma & Louise est-il aujourd’hui davantage qu’un jalon du féminisme? Est-ce un jalon du féminisme, d’ailleurs? Est-ce même un bon film?
20 ans plus tard, toujours aussi drôle
Ce qui me saute aux yeux en revoyant Thelma & Louise, c’est que ce film est resté très drôle. Geena Davis et Susan Sarandon pètent le feu, elles sont à la fois réjouissantes et splendides dans le rôle de la ménagère et de la serveuse de l’Arkansas dont le week-end entre filles tourne à la cavale criminelle à travers plusieurs États. Brad Pitt, l’autostoppeur sexy qui séduit puis dévalise la crédule Thelma (Davis) fait encore agréablement tressaillir et se demander mais qui c’est ce type? La Thunderbird 1966 décapotable verte de Louise se détache superbement sur les rochers rouge vif du désert du sud-ouest.[...]
Une grande partie du plaisir que procure ce fantasme où la justice est faite par les victimes vient des films que nous sommes bien conscients de ne pas être en train de regarder: ce n’est pas Bonnie et Clyde, ni Le démon des armes, ni La balade sauvage, ni aucun des innombrables road movies dans lesquels deux hors-la-loi hétéros tombent ensemble dans un embrasement de gloire romantique. Thelma & Louise associe intentionnellement l’énergie nihiliste du genre et l’embrasement euphorique de la culture Oprah Winfrey qui n’en était qu’à ses balbutiements. Il nous fait prendre l’enchaînement de mauvaises décisions prises par ses héroïnes pour un souffle de libération personnelle.
Dana Stevens (Slate, 3 février 2011. Traduit par Bérengère Viennot).