Le 12/03/2019 LA REPETITION
- Écrit par Krishna
- Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
- Publié dans Partenariat Vues d'en Face
- Lu 8462 fois
- Imprimer
Mardi 12 mars 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)En partenariat avec l'Association VUES D'EN FACE
LA RÉPÉTITION
Catherine CORSINI - France - 2001 - 96 min)
« Malgré ces maladresses, le film ne se laisse pas facilement oublier.
Quelque chose de vraiment authentique l’habite.
La douleur sourde, qui traverse le film de part en part,
a quelque chose de non feint et de vraiment prenant. » Jean Marc Lalanne (Libération)
LA PASSION MIS À NU
Catherine Corsini fait un cinéma à haut risque. Pourtant, rien de plus classique en apparence que des films comme "les Amoureux", "la Nouvelle Eve" ou, aujourd’hui, "la Répétition". Mais en osant ce cinéma elle renonce aux oripeaux du naturalisme, qui toujours se trouvent des défenseurs, de même qu’à ces variations au goût du jour que leur prétention et leur confusion désignent à l’adoration de quelques chapelles d’influence. Autrement dit, elle avance en terrain découvert, prête sans doute à se faire flinguer. Son cinéma ambitionne de dénuder les sentiments et leurs postures, de toucher à l’os, de gratter, de fouiller, c’est un cinéma sans une once de graisse, sans un poil de sentimentalité. Dans le monde d’aujourd’hui, peut-être bien qu’elle a tout faux. Mais à considérer la liste des films qui restent et resteront, au-delà des modes et des tocades, des enthousiasmes de circonstance et des aveuglements raisonnés, on miserait volontiers quelques tickets de cinéma sur elle.[...]
Pourquoi aime-t-on cette personne et pas telle autre ? Pourquoi refait-on deux fois la même erreur ? Pourquoi ce besoin de répétition ? Et si le jeu social et le désir de paraître, autant que l’envie d’exister, décidaient de nos sentiments, de nos passions, de tout ce que l’on veut croire sans raison ? Louise aimerait-elle Nathalie si celle-ci n’était pas actrice, plus remarquable et plus remarquée qu’elle ? Et si, à travers ce qu’elle nomme amour, que tout dans le film désigne comme tel, se cachait la soif de reconnaissance et de lumière ? Questions auxquelles il est préférable, peut-être, de ne pas répondre, mais que se poser n’empêche ni de vivre ni d’aimer. Pour les faire advenir sur un écran, pour qu’elles naissent naturellement des personnages et des liens qu’ils nouent entre eux, il faut une précision, une intelligence et un toucher exceptionnels. Catherine Corsini possède tout cela, mais -qualité plus rare encore- elle sait aussi tailler dans le vif, insister sans jamais appuyer, renoncer à séduire en surface pour aller au plus près, au plus profond, au plus vrai. Sa chorégraphie des relations sentimentales et amoureuses s’organise autour de deux actrices éblouissantes, dont elle se sert et qu’elle sert admirablement, dans la plénitude inquiète d’un cinéma débarrassé de toute scorie. Ce ne sont pas là, peut-être, des qualités au goût du jour. Tant pis pour le jour.
Pascal Mérigeau. [L'Obs, 23 août 2001]
Informations supplémentaires
- Billetterie: Billetterie