Peur[s] du noir

Peur[s] du noir

(Collectif, France - 2007)

Mercredi 30 octobre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

Six graphistes et créateurs de bande dessinée associés à des scénaristes talentueux proposent leur vision de la peur. Cet effet de mélange entre les styles et les esthétiques donne le vertige.
Réalisateurs : Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Lorenzo Mattotti, Richard McGuire. Directeur artistique : Etienne Robial. Musiques originales de René Aubry, Boris Gronemberger, Laurent Perez del Mar, George Van Dam.

Voici un film peu banal, dont le titre évocateur PEUR(s) du NOIR invite à quelques réflexions.
PEUR(s) Nous allons ressentir de la peur, une peur globale, mais aussi plusieurs peurs, des peurs primaires, crues, incontrôlables... et par conséquent nous allons être confrontés à ce qui provoque ces peurs. Que leurs origines soient extérieures ou intérieures. Des monstres, des mutilations, des disparitions, des apparitions, des innocents, des coupables que l’on peut couper... Le film réserve une multitude d’interprétations de notre appréhension de l’inconnu.
Du NOIR Nous allons pouvoir nous confronter au Noir, celui de la salle obscure de cinéma, celui des films d’animation qui sont tous, dans leurs variantes, des films en NOIR et blanc, et enfin le Noir de nos peurs enfantines.
PEUR(s) du NOIR est donc un programme qui, comme une invitation, titille le spectateur pour le confronter à ce qu’il ne ferait peut-être pas de lui même, à savoir venir voir un film en Noir et Blanc, aller au cinéma, s’aguerrir à ses propres peurs.
Le film tient sa richesse de la multiplicité des regards portés. Chacun traitant dans son thème, dans sa dimension visuelle une interprétation de ce thème : les peurs et juste derrière le noir (obscurité, mort...). Plus qu’un catalogue, le film est articulé. Il s’offre comme une œuvre avec un début et une fin par l’entremise du dessin animé de Blutch.
 
Nicolas Cebile.

On n'aime pas

Recroquevillé entre ses parenthèses, le « s » du titre ressemble à un enfant effrayé, tapi sous les draps. Un pluriel très singulier : six artistes, pour la plupart issus de la BD, comme le Français Blutch, l'Américain Charles Burns et l'Italien Lorenzo Mattotti, ont trempé leurs pinceaux dans l'encre opaque des cauchemars, laissé errer leurs crayons aux confins de l'angoisse. Ce film graphique époustouflant est un projet à part, radical et ambitieux. Un dessin animé réservé aux adultes (sous peine, pour les autres, d'insomnies jusqu'à la puberté) qui fonctionne un peu comme une expo collective sur le thème de la peur.
La « visite » est saisissante. Toutes les « oeuvres » montrées sont en noir et blanc : rien que l'ombre et la lumière, rien que le trait, tordu, magnifié, imaginé de six manières et techniques différentes. Cet effet de mélange entre les styles et les esthétiques donne le vertige, à l'instar du montage, en forme de puzzle mental : les histoires se coupent, se croisent, certaines reviennent comme une fièvre, une douleur, une obsession inlassablement ressassée. Dans ce labo des phobies, voulu et organisé par Valérie Schermann et Christophe Jankovic, les deux producteurs de Prima Linea (à qui l'on doit déjà, notamment, U et Loulou et autres loups...), les artistes excellent à faire de nous des cobayes éblouis.
Dans un paysage de mort, un vieux marquis décharné lâche ses chiens sur des êtres vulnérables : un enfant aux yeux creux, des ouvriers, une belle danseuse espagnole... Pour ces scènes fantasmagoriques et glaçantes, Blutch manie son crayon charbonneux comme dans ses BD, avec une habileté fébrile, une nervosité qui happe et dévore le blanc. Pierre di Sciullo, lui, est graphiste : pour accompagner les « peurs » quotidiennes, énoncées en voix off par Nicole Garcia, il a imaginé des vibrations abstraites, qui tremblent et se tordent à chaque mot. Quant à Charles Burns, il a introduit la 3D dans son style graphique très dépouillé : l'alternance des contrastes et d'un effet de surexposition donnent à son histoire de garçon « possédé » par une mante religieuse une implacable luminosité.
Peur de la maladie, de l'enfermement, de la folie, des insectes, des piqûres, du viol... : chaque spectateur est invité à renouer avec ses propres hantises, celles qui se sont atténuées depuis l'enfance et ses placards obscurs peuplés de monstres et de croquemitaines. Ces « créatures » de brume et d'imagination, Lorenzo Mattotti les évoque ici, dans une très belle séquence, dans un village entouré de marais, sur toutes les nuances du noir au gris. La belle voix profonde, un peu traînante, d'Arthur H accompagne le conte, comme une ombre de plus. Peur(s) du noir, qui a également bénéficié de scénaristes talentueux tels que Jerry Kramski ou Romain Slocombe, explore tout cela, mais pas seulement : plus que des récits en bonne et due forme, ces chapitres entrebâillent les portes du mystère, laissent deviner l'indicible fragilité de l'esprit. Un portrait de l'enfer, à la fois intime et universel, touché par la grâce.

Cécile Mury (Télérama, 3 février 2008)

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Les Beaux gosses

 

Les Beaux gosses

(Riad Sattouf, France - 2009)

Mercredi 6 novembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

Les Beaux Gosses, premier film du jeune dessinateur Riad Sattouf a été sélectionné dans la section Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2009. Ce film a eu plusieurs récompenses l’année de sa sortie, dont le César du meilleur premier film pour Riad Sattouf, et le prix Lumière de la révélation masculine pour Vincent Lacoste (Hervé) et Anthony Sonigo (Camel).

Premier long du jeune dessinateur. Un beau film sur la puberté, les boutons, le langage.
Avec son premier film en tant que réalisateur, le jeune dessinateur de BD Riad Sattouf (Pascal Brutal, La Vie secrète des jeunes dans Charlie Hebdo, etc.) frappe fort sans avoir eu besoin de taper du poing : en toute sérénité. Les Beaux Gosses est un film aussi drôle que réaliste.
Dans une ville de province française sans nom et à une époque indéterminée (l’adolescence considérée dans intemporalité), Hervé (prénom sans âge) est le meilleur ami de Camel (idem). Ils ont 14 ans, et ils ne pensent qu’à une chose : coucher avec une fille. Hervé (l’étonnant Vincent Lacoste) a tout du cliché de l’ado : grand comme une asperge, gros nez, visage boutonneux, cheveux qui pendouillent sur les oreilles. La mâchoire toujours un peu ballante, il vit seul avec une mère un peu trop complice à son goût (Noémie Lvovsky, toujours géniale actrice comique) et se débrouille mollement au lycée. Le petit et maigre, Camel (Anthony Sonigo, à mourir de rire), est un bel obsédé sexuel, porte un appareil dentaire, arbore un petit duvet sur la lèvre supérieure et une coupe de cheveux inénarrable (tendance footballeur allemand des années 90, avec jolie coulée dans la nuque). Les deux copains pour la vie passent surtout leur temps à se branler dans leurs chaussettes, derrière leurs consoles ou leur guitare.
Comme dans toute bonne comédie qui se respecte, Riad Sattouf ne leur a octroyé aucun état d’âme : jeunes, sans inhibition pathologique vis-à-vis du sexe ou de quoi que ce soit, ils semblent surtout attendre avec impatience que cette pénible période nommée adolescence, confondue avec le carcéral lycée, prenne fin au plus vite. Et les filles vont arriver (très jolies).
Parmi les premières qualités des Beaux Gosses (après son joli titre) : son humour bon enfant, trivial et sans complexe, sa tendresse amusée pour les visages boutonneux et luisants ; la modestie apparente de son projet (réaliser un film de genre – le “teenage movie”), sous laquelle se dissimule pudiquement un talent réel de cinéaste populaire. Les Beaux Gosses frappe d’abord par son réalisme, à mille lieues des Lol et autres foutaises désincarnées. Il a d’autre part une belle tenue formelle. Par exemple, Sattouf multiplie volontiers les trames narratives à l’intérieur d’une seule scène : l’une devient-elle trop prévisible ou trop burlesque qu’il en ajoute une autre, à la fois plus surprenante et plus grave (c’est patent dans la scène remarquable où un professeur se suicide alors que les deux lascars sont en train de mater deux amants dans leur lit…).
On notera aussi la position idéale de Sattouf : trentenaire, il peut se permettre de se moquer gentiment à la fois des clichés d’adolescents qui veulent grandir et des parents quadragénaires qui continuent de vouloir vivre comme s’ils étaient jeunes, découchant avec d’autres parents ou dansant et dragouillant avec les copains de leurs enfants.
Plus sentimental que ses équivalents américains, Les Beaux Gosses est aussi un film qui “apprend à faire ses lacets” : les ados d’aujourd’hui qui l’ignorent encore apprendront ainsi que les garçons ne doivent pas confondre les films porno avec la réalité s’ils veulent plaire aux filles, ces êtres étranges. Autre vertu (dans la lignée de L’Esquive d’Abdellatif Kechiche) : Sattouf a su réinventer un langage jeune sans le singer. C’est sans doute l’un des enjeux actuels du cinéma : comment rendre le langage d’aujourd’hui, sa violence sans conséquences, sans le rendre ridicule ou sans avoir l’air ridicule.
Les Inrocks (5 juin 2009).

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Le Sacrifice

 

Le Sacrifice / Offret

(Andreï Tarkovski, Suède - GB - France, 1978)

Grand Prix spécial du Jury, Cannes 1986

Mercredi 13 novembre 2013 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

 

« Ma découverte de Tarkovski est comme un miracle.
Je me trouvais, soudain, devant la porte d’une chambre dont jusqu’à lors  la clé me manquait. Une chambre où j’avais toujours voulu pénétrer et où lui-même se sentait parfaitement à l’aise. Je me vis ecouragé et stimulé : quelqu’un venait d’exprimer ce que j’avais toujours voulu dire sans savoir comment.
Si Tarkovski est pour moi le plus grand, c’est parce qu’il apporte  au cinématographe – dans sa spécifité – un nouveau langage qui lui permet de saisir la vie comme apparence, la vie comme songe. »
« My discovery of Tarkovsky's first film was like a miracle.
Suddenly, I found myself standing at the door of a room the keys of which had, until then, never been given to me. It was a room I had always wanted to enter  and where he was moving freely and fully at ease. I felt encouraged and stimulated: someone was expressing what I had always wanted to say without knowing how. Tarkovsky is for me the greatest, the one who invented a new language, true to the nature of film, as it captures life as a reflection, life as a dream. »
Déclaration d'Ingmar Bergman parue dans Positif, n° 303, mai 1986. 

Une musique, un éclairage, des travellings presque imperceptibles, des personnages qui déambulent lentement et la magie opère. Plus que les autres, ce film de Tarkovski est envoûtant. C'est donc d'abord un film à ressentir, et il suffit de se laisser porter par une mise en scène et des images d'une extrême beauté qui créent à elles seules l'émotion. Bien sûr, les « tarkovskiens » joueront au jeu des références, des correspondances et des symboles : on retrouve dans Le Sacrifice, le goût de Tarkovski pour le rite, pour le fantastique et la science-fiction, son amour de la poésie, son utilisation de la métaphore. Le Sacrifice est, toutefois, l'un de ses films les plus limpides. La quête de Tarkovski y est parfaitement explicite. Elle s'appuie avant tout sur un mysticisme chrétien mais elle est également influencée par la pensée de Gandhi, les spiritualités extrême-orientales ainsi que par un panthéisme slave fondé sur les quatre éléments. Absent de Stalker et de Nostalgie, où dominent la terre et les eaux stagnantes, l'air fait ici son apparition, en même temps que l'eau est devenue vivante.
Le Sacrifice est un film d'élévation d'où se dégage un sentiment de pureté. La démarche du film est d'ailleurs celle d'une purification, de la vanité du discours à la plénitude du silence et de la méditation. C'est à travers un sacrifice que se fait le passage vers le nécessaire « ressourcement » personnel, à travers une offrande de soi-même. Le Sacrifice est, en effet, aussi un film d'amour dans lequel Tarkovski s'efface, en laissant à son fils le soin de faire renaître la vie. Le dernier plan le montre. Il laisse une impression bouleversante.
Celle d'avoir vécu au rythme d'un chef-d'œuvre. »
                                                                   G.P., Site du Jury œcuménique.

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Le 12/03/2019 LA REPETITION

Mardi 12 mars 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenariat avec l'Association VUES D'EN FACE

LA RÉPÉTITION

Catherine CORSINI - France - 2001 - 96 min)

« Malgré ces maladresses, le film ne se laisse pas facilement oublier.
Quelque chose de vraiment authentique l’habite.
La douleur sourde, qui traverse le film de part en part,
a quelque chose de non feint et de vraiment prenant
. » Jean Marc Lalanne (Libération)

LA PASSION MIS À NU
Catherine Corsini fait un cinéma à haut risque. Pourtant, rien de plus classique en apparence que des films comme "les Amoureux", "la Nouvelle Eve" ou, aujourd’hui, "la Répétition". Mais en osant ce cinéma elle renonce aux oripeaux du naturalisme, qui toujours se trouvent des défenseurs, de même qu’à ces variations au goût du jour que leur prétention et leur confusion désignent à l’adoration de quelques chapelles d’influence. Autrement dit, elle avance en terrain découvert, prête sans doute à se faire flinguer. Son cinéma ambitionne de dénuder les sentiments et leurs postures, de toucher à l’os, de gratter, de fouiller, c’est un cinéma sans une once de graisse, sans un poil de sentimentalité. Dans le monde d’aujourd’hui, peut-être bien qu’elle a tout faux. Mais à considérer la liste des films qui restent et resteront, au-delà des modes et des tocades, des enthousiasmes de circonstance et des aveuglements raisonnés, on miserait volontiers quelques tickets de cinéma sur elle.[...]
Pourquoi aime-t-on cette personne et pas telle autre ? Pourquoi refait-on deux fois la même erreur ? Pourquoi ce besoin de répétition ? Et si le jeu social et le désir de paraître, autant que l’envie d’exister, décidaient de nos sentiments, de nos passions, de tout ce que l’on veut croire sans raison ? Louise aimerait-elle Nathalie si celle-ci n’était pas actrice, plus remarquable et plus remarquée qu’elle ? Et si, à travers ce qu’elle nomme amour, que tout dans le film désigne comme tel, se cachait la soif de reconnaissance et de lumière ? Questions auxquelles il est préférable, peut-être, de ne pas répondre, mais que se poser n’empêche ni de vivre ni d’aimer. Pour les faire advenir sur un écran, pour qu’elles naissent naturellement des personnages et des liens qu’ils nouent entre eux, il faut une précision, une intelligence et un toucher exceptionnels. Catherine Corsini possède tout cela, mais -qualité plus rare encore- elle sait aussi tailler dans le vif, insister sans jamais appuyer, renoncer à séduire en surface pour aller au plus près, au plus profond, au plus vrai. Sa chorégraphie des relations sentimentales et amoureuses s’organise autour de deux actrices éblouissantes, dont elle se sert et qu’elle sert admirablement, dans la plénitude inquiète d’un cinéma débarrassé de toute scorie. Ce ne sont pas là, peut-être, des qualités au goût du jour. Tant pis pour le jour.
Pascal Mérigeau. [L'Obs, 23 août 2001]

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Le 20/03/2019 LA SIRÈNE DU MISSISSIPI

Mercredi 20 mars 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle Imposture (2/3)

LA SIRÈNE DU MISSISSIPI

(François TRUFFAUT - France - 1970 - 123 min)

« Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort :
Jean-Paul [Belmondo] aussi vivant et fragile qu’un héros stendhalien,
et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux.
»
(François Truffaut à Catherine Deneuve).

" Tout ce que je sais, je l’ai appris par le cinéma, à travers les films. C’est par le cinéma que passent mes idées sur la vie. Et le cinéma, on apprend son histoire, son passé et son présent à la Cinémathèque ! On ne peut apprendre que là ! C’est un enseignement perpétuel. Je fais partie de ces gens qui ont besoin de revoir sans arrêt les films anciens, les muets, les premiers parlants. Donc, je passe ma vie à la Cinémathèque, sauf quand je suis occupé à tourner moi-même." (François Truffaut, L’Express, 20 mars 1968).
C'était un personnage nouveau pour moi : celui d'une aventurière, avec des traits qui étaient loin de moi, mais dans un climat si étrange que le film n'entre dans aucun genre. C'est une histoire d'amour très pathétique, très passionnée, très romantique - et cela correspond tout à fait à la personnalité de Truffaut, ce romantisme - avec des éléments comme l'aventure, l'intrigue policière, qui viennent se mêler à cela… Mais j'ai assez de mal à parler de ce film parce que le tournage a été merveilleux, facile, agréable, sans aucun problème, dans une ambiance formidable, avec une confiance totale… C'est comme le bonheur en fin de compte, cela ne se raconte pas : il faut le vivre ou en être témoin pour comprendre. (
Catherine Deneuve, Cinéma 1969).

Le récit d'une dégradation par amour, d'une passion
" Dans la Sirène, j'ai admiré surtout la répartition des événements, les apparitions, disparitions et réapparitions des principaux personnages. J'ai donc respecté cette construction pour le film, j'ai cherché à en conserver toutes les proportions."
" Irish fait partie de ces auteurs américains qui ont subi l'influence du cinéma. Cette influence m'est apparue de façon plus sensible pendant que j'adaptais la Sirène et que je travaillais le livre à la main comme si celui-ci était déjà le scénario. Dans le roman, Irish dit du détective : " Il avait le regard le plus direct que l'on eût rencontré. " C'est l'unique indication que j'ai donnée à l'interprète du rôle. Michel Bouquet, et qui lui a suffi pour faire sa composition.
" Mon scénario définitif a été moins une adaptation au sens traditionnel qu'un choix de scènes. Enfin, avec ce film j'ai pu réaliser le rêve de tous les cinéastes : tourner dans l'ordre chronologique une histoire chronologique qui représente un itinéraire."
" Jean-Paul Belmondo est, avec Jean-Pierre Léaud, mon acteur préfère, et pour Catherine Deneuve il était impossible de ne ¦pas songer à elle. En effet, son rôle de la Sirène cumule divers aspects d'elle que nous avons pu voir récemment : par exemple, son aspect romantique dans Benjaminet son aspect " vie secrète " dans Belle de jour. Puis, c'était bien d'avoir dans un film lié à une certaine tradition du cinéma américain deux acteurs de célébrité égale. Mais tout en trouvant superbe le couple Deneuve-Belmondo, je sens bien qu'il existe à Paris une sorte de préjugé à l'égard des vedettes et à plus forte raison quand elles vont par deux. À New-York, l'optique est très différente : j'y étais l'an passé, et quand j'ai parlé de la Sirène à des journalistes américains ils m'ont dit : " Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo sont charmants, ils vont " former un joli petit couple. "
" Enfin, et parce qu'il est l'acteur le plus complet d'Europe, Belmondo fait alterner dans sa carrière trois personnages : celui qui descend de Sganarelle, celui qui s'inspire du héros des films de gangsters américains, celui qui serait le fils du Gabin de la Bête humaine. C'est cette troisième possibilité que je lui ai demandé d'explorer en utilisant sa gravité, qui lui permet de dire tellement bien les dialogues d'amour."
[Propos de François Truffaut recueillis par Yvonne Baby, Le Monde, 21 juin 1969]

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Le 06/11/2019 Le Boucher

Claude Chabrol - France - 1970 - 95 min

MERCREDI 6 NOVEMBRE à 20h

Dans un village du Périgord, la nouvelle directrice d'école fait la connaissance de Paul, le boucher, récemment revenu pour reprendre le commerce de son père.

L'étrange romance sentimentale, née des visites répétitives du boucher à la directrice, va connaître une crise violente avec l'irruption d'un thème policier. Récit fondé sur l'angoisse, la surprise, l'exploration des zones ténébreuses de l'âme humaine : un mélange subtil de cruelle lucidité et de vraie tendresse.

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Le 13/11/2019 Nous ne vieillirons pas ensemble

Maurice Pialat - France - 1972 - 106 min

MERCREDI 13 NOVEMBRE à 20h

Marié à Françoise, Jean a une liaison avec Catherine depuis six ans. Il lui propose de l'accompagner sur un tournage en Camargue mais leur relation se détériore de plus en plus.

Les rapports amoureux sont traités, ici, avec un réalisme, une violence de situations et de langage qui n'avaient pas encore existé dans le cinéma français des années 70. Marlène Jobert offre un petit visage défait, émouvant face à Jean Yanne odieux, inquiet.

Prix d'interprétation masculine, Cannes 1972

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Le 20/11/2019 Que la bête meure

Claude Chabrol - France - 1969 - 115 min

MERCREDI 20 NOVEMBRE à 20h

Michel, fils de l'écrivain Charles Thénier, est écrasé par un chauffard qui prend la fuite. Fou de douleur et animé d'un désir de vengeance, le père mène une enquête qui le conduit dans la famille d'un garagiste breton.

Confrontation de deux hommes dont l'un porte la responsabilité d'un meurtre et dont l'autre est froidement décidé à devenir un assassin. Le réalisateur pousse le propos très loin : a-t-on le droit de se substituer à la justice ? Ce faux polar est l'un des plus grands films de Chabrol

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Le 26/11/2019 LE BON GRAIN ET L'IVRAIE

En partenariat avec le festival MIGRANT'SCENE

Manuela Frésil - France - 2018 - 94min

MARDI 26 NOVEMBRE à 20h

En 2015, Manuela Frésil filme, une année durant, la vie des enfants qui vivent à la rue à Annecy.

En filmant ces enfants auxquels l’état français refuse l’asile, la réalisatrice légitime leur présence autant à nos propres yeux qu’aux leurs, ils sont sur le devant de la scène. Face à la caméra, ils vivent, s’amusent, bavardent, ils existent aux yeux de tous.

 

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Le 27/11/2019 Allemagne, année zéro

Germania, anno zero - Roberto Rossellini - Italie/France/Allemagne - 1948 - 78 min.

MERCREDI 4  DÉCEMBRE à 20 h

Un jeune garçon affronte les difficultés de la vie dans le Berlin ravagé de l’immédiat après-guerre.

Après Rome, ville ouverte et de Païsa, Rosellini conclut avec ce film de manière brillante et cruelle sa trilogie sur la guerre, fondatrice du néo-réalisme. Au-delà des symboles et de l’errance, c’est tout le problème de la culpabilité qui imprègne le film

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