Le 25/01/2017 Les Désaxés
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Mercredi 25 janvier 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Cycle "Marilyn" (3/3)
The Misfits / Les déxasés
(John Huston, USA - 1961)
" Dès le commencement de « The Misfits », il me fut impossible de nier que,
s'il existait une clé pour le désespoir de Marilyn, ce n'était pas moi qui la possédais ».
« J’avais écrit ce film pour que Marilyn se sente bien.
Et finalement, il l’a anéantie. Mais en même temps, je suis content
qu’il ait été fait, parce qu’elle rêvait d’être prise au sérieux en tant qu’actrice."
Arthur Miller [Entretien avec Serge Toubiana, The Misfits, Ed. Cahiers du cinéma].
“ Cet être rayonnant [Marilyn Monroe] était entouré d’une obscurité qui me plongeait dans la perplexité.”
Arthur Miller [Au fil du temps – Une vie, Bernard Grasset, 1987].
Le dernier film de Marylin et de Clark Gable, culte, forcément culte.
Ce fut le dernier film de Marilyn. Le dernier film de Clark Gable, également. Western crépusculaire écrit par Arthur Miller pour donner à son épouse un film digne d’elle, The Misfits raconte la vie de cow-boys perdus, réduits à capturer des étalons sauvages pour en faire de la nourriture pour chiens. Le tournage fut un crève-cœur : Marilyn, devenue folle, cédait à ses caprices, disparaissait, revenait, faisait attendre tout le monde par 50 °C à l’ombre. Son mariage se brisa là, sa vie d’écran s’acheva dans Death Valley, la bien nommée. Eli Wallach, peu de temps avant sa mort en juin 2014, se souvenait encore du film : « Le noir et blanc, dans “The Misfits”, était magnifique. Tout était orageux, y compris les rapports entre les gens… »
[François Forestier, TéléObs, 14 janvier 2015].
The Misfits, un film magnifique de John Huston, et le plus beau rôle pour Marilyn Monroe.
Et là où ce film est génial, au sens premier du terme, c'est dans sa dernière partie, où Gay et Guido, accompagné de Perce (Montgomery Clift), un ami cow-boy qui en pince pour Roslyn, décident d'aller capturer des mustangs dans les montagnes. Les mustangs étaient les symboles de l'ouest sauvage américain, et ces derniers spécimens sont la marque que ce côté sauvage a disparu. Ils ont été chassé en grandes quantités, pour être vendus aux abattoirs, et seuls quelques troupeaux subsistent. Ces derniers cow-boys chassent les derniers mustangs, dans un pays qui n'a plus grand chose de sauvage.
Roslyn est contre la capture de ces animaux, pour les vendre, alors que Gay considère que le cow-boy qu'il est se doit de terminer son job. Ils vont donc les capturer, avec des méthodes qui rappellent Hatari, le film avec John Wayne, mais Roslyn va tout faire pour les libérer, aidé finalement de Perce, le cow-boy sensible, et redonner leur liberté à ces derniers chevaux sauvages.
Donc, ce qui est magnifique dans cette dernière partie, c'est que "l'affrontement" entre cow-boys déchus et derniers mustangs ressemble à un jeu de miroirs. Les chevaux représentant le côté sauvage de ces hommes, leur refus de voir la civilisation prendre le pas sur le Far West, leur refus d'être dominés par leurs propres sentiments, alors que Roslyn est simplement le symbole de la Liberté, la liberté d'aimer, la liberté de vivre comme elle l'entend, où elle l'entend, que ce soit LA ou le désert du Nevada.
[...]
Pour ces personnages magnifiques, ils fallait de acteurs sublimes. Clark Gable est parfait, tout comme Montgomery Clift, mais ce qui vous scotche à l'écran, c'est Marylin Monroe. Elle est tout simplement parfaite. Ce côté innocente, un peu naïve, fragile, lui va à ravir. On se demande si ce n'est pas carrément son propre rôle qu'elle joue dans ce film, où plutôt qu'elle ne joue, mais qu'elle est elle-même. Au fond, tout ce que désire Roslyn, c'est être heureuse, le plus simplement possible. Tout comme Marylin.
Je préfère retenir cette image d'une femme luttant pour rendre sa liberté à l'un des derniers Mustangs, que celle, moins profonde, d'une blonde souriante, sur une bouche d'aération.
Comme James Dean est devenu un mythe, l'incarnation du rebelle, Marylin emporta avec elle le symbole d'une femme qui n'a jamais trouvé sa place, sa raison d'être, à travers son plus beau, son dernier film.
[Dark City home, 2003].