La Leçon de piano

Pour fêter l'Ouverture du Festival de Cannes 2014

La Leçon de piano 

(The Piano, Jane Campion, Australie, Nouvelle Zélande, France - 1993)

Mercredi 14 mai 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

« J’ai mis sous microscope l’embryon du désir, de la curiosité et de l’érotisme,
puis j’ai observé ces trois éléments se transformer en amour. »
Jane Campion.

Thierry Frémaux :
« Elle me fait penser aux grands écrivains femmes qui, dans une certaine solitude et dans une grande singularité, ont mené une œuvre très personnelle qui s'est adressée d'emblée au monde entier. Le type de films que fait Jane Campion et a fortiori La Leçon de pianosont des choses dont on n'a pas revu l'équivalent. C'est pour cela qu'il s'agit d'un auteur au sens large du terme, une artiste ».

Gilles Jacob :
« 
Il était une fois une jeune réalisatrice inconnue venue des antipodes qui aurait été fière que le Festival de Cannes présentât un des trois courts-métrages qu’elle venait d’achever. Ils affirmaient déjà une telle vaillance, une telle humanité, un tel univers que se refusant de choisir, le Festival montra les trois d’un coup – car c’en était un. Jane Campion était née. Et un style avec elle. Ensuite ce furent Sweetie, La Leçon de piano ou récemment Bright Star, ce merveilleux film où la poésie circule comme jamais. Etonnez-vous après tant d’émotions que je l’appelle ma Lady Jane. »

Jane Campion Présidente du Festival de Cannes 2014
La réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion présidera le jury du 67e Festival de Cannes qui se déroulera du 14 au 25 mai 2014. La cinéaste succède au producteur et réalisateur américain Steven Spielberg.
Jane Campion représente un cas unique dans l'histoire du Festival de Cannes. Elle seule a obtenu deux Palmes d'or : la première en 1986 pour son court-métrage Peel, alors qu'elle était inconnue, et la seconde en 1993 pour La Leçon de piano. Jane Campion sera la première femme réalisatrice à présider le jury d'un Festival souvent critiqué pour intégrer très peu de femmes dans son jury ou sa sélection, et le cas échéant, des actrices et presque jamais des réalisatrices.

Découverte de la séduction, de l’amour et de la jalousie dans le bush néo-zélandais. Une nouvelle splendeur de Jane Campion
La leçon de piano est un grand film romantique, plein de bruit et de fureur, de passions et de larmes, de sang et de boue. C'est un film charnel sur les hommes et les femmes du XIXè siècle qui se débattent avec la culture qu'on leur a inculquée et leurs pulsions naturelles. A la sagesse des Indiens Maoris répond la trouble permanent des colons, privés de leurs racines. Tous les films de Jane Campion parlent de la douleur de vivre, de la difficulté des rapports humains, de la frontière ténue entre l'anormalité et la normalité, du vertige qui vous prend soudain de plonger dans la mort. [...]
Jane Campion reconcilie les contraires: le baroque et la modernité, la violence et la tendresse, la noirceur et l'optimisme. A travers ce portrait de femme qui tient littéralement sa vie entre ses mains, elle nous entraîne au coeur de l'être humain, comme une entomologiste qui serait aussi une lyrique, comme une romantique qui serait un peu psychanalyste.
Isabelle Danel, Télérama, n° 2262 (19 mai 1993).

Présentation du film sur la Chaîne ARTE
À la fois substitut de son corps et écho de sa voix intime, le piano exprime directement la révolte d’Ada, condamnée au silence dans un monde de colons blancs à la morale puritaine. C’est grâce à la musique – et grâce à son éveil à la sensualité – qu’elle sort de son mutisme. Le désir devient le chemin de l’harmonie – et vice versa –, comme le montre la scène où Baines (formidable Harvey Keitel !) découvre chaque grain de la peau d’Ada à partir d’un trou dans l’étoffe, où les caresses courent sur les corps comme les doigts sur un piano. [...] Le climat onirique, romantique et sensuel de ce film envoûte le spectateur et fait basculer le cinéma de Jane Campion (Sweetie, Un ange à ma table) vers un genre plus grand public, sans pour autant le déparer de son émotion et de son empathie.

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Le Trou

Cycle " Vive la liberté "

Le Trou

(Jacques Becker, France - Italie, 1960)

Mercredi 21 mai 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

Dépouillement et suspens intense : un très grand film.
Un jeune homme accusé de tentative d’homicide sur la personne de son épouse est incarcéré à la prison de la Santé. Il est conduit dans une cellule déjà occupée par quatre détenus. Ces derniers lui révèlent bientôt qu’ils creusent un tunnel qui doit les conduire hors des murs de la prison, en empruntant les égouts. Dernier film de Jacques Becker, terminé deux semaines avant sa mort, Le Trou est une œuvre à part dans sa carrière et dans le cinéma français. Dans ce récit définitif d’amitié et de quête de la liberté, Becker rejoint Hawks (c’est un film d’hommes, soudés par la même obsession mais aussi la camaraderie), Bresson (pour son style épuré et son fétichisme) et Buñuel (l’hyperréalisme quasi-documentaire du film débouche à de nombreuses reprises sur de pures images poétiques). Le Trou est basé sur une histoire vraie, interprété par des comédiens néophytes choisis dans un souci d’authenticité. Certains feront carrière, comme Michel Constantin et Philippe Leroy, tandis que l’un d’entre eux, Jean Keraudy, est un ex-taulard qui participa à la véritable tentative d’évasion que relate le film. Un chef-d’œuvre inaltérable, stupéfiant de modernité et d’intensité dramatique.
Olivier Père [Les Inrocks, 08 août 2006].

 

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Les Évadés de la nuit

Cycle " Vive la liberté "

Les Evadés de la nuit (Era notte a Roma)

(Roberto Rossellini, France - Italie, 1960)

Mercredi 28 mai 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

En Italie, fin 1943, une jeune femme qui vit du marché noir cache dans son grenier trois soldats alliés - un Américain, un Anglais, un Russe - évadés d'un camp de prisonniers. Seize ans après Rome, ville ouverte, le chef-d'oeuvre fondateur du néoréalisme, Roberto Rossellini rendait à nouveau hommage aux résistants avec ce film méconnu, et rarement diffusé. On retrouve dans Les Evadés de la nuit un éloge sincère du courage des gens de peu (sympathisants communistes et prêtres unis dans le même combat) et une ­figure féminine émouvante dont la prise de conscience citoyenne prend l'allure d'une quête spirituelle. A la dimension tragique de la dernière heure, on peut toutefois préférer le ton plus ­léger, voire buissonnier, de la première partie, qui chronique avec un humour inattendu la cohabitation entre la belle Esperia, son fiancé Renato et leurs trois invités aussi encombrants qu'incompréhensibles...
Samuel Douhaire [Télérama, 26 septembre 2009].

Le cinéma de Roberto Rossellini
" Il y a d'une part, le cinéma italien, de l'autre Roberto Rossellini ", écrivait naguère Jacques Rivette, pour bien marquer à quel point l'auteur de Voyage en Italie doit être distingué des autres cinéastes de son pays, situé en marge de l'école néoréaliste dont il fut pourtant l'un des pionniers. L'important, dit en substance Rossellini dans ses films, n'est pas d'être prêtre, soldat, homme du monde ou mendiant, ni certes d'avoir bonne ou mauvaise conscience de l'être, mais d'assumer sa condition, et son comportement envers autrui, avec le maximum de générosité et de dignité ; là est la liberté, et là seulement. L'important, ce n'est peut-être pas la force de l'homme, mais plutôt sa faiblesse, les risques d'échec qu'il encourt et parvient à surmonter par ce qu'il faut bien appeler un sursaut d'héroïsme. Toute l'attention du cinéaste doit aller à capter ce moment-là, le moment où l'homme doute et se relève. [...]
En outre, Rossellini a toujours proscrit les idées générales, le « message », la thématique préalable à la mise en chantier de l'œuvre. « Il faut connaître les choses, dit-il, en dehors de toute idéologie. Toute idéologie est un prisme ». Pour lui, le cinéma ne doit être en aucun cas une affaire d'idées, mais d'abord une affaire de sentiments. Tous les sujets de ses films, de ce point de vue, se ressemblent : ils ne tendent qu'à l'affirmation patiente, têtue, de la dignité de l'homme ou de la femme par-delà la méchanceté, l'envie, la jalousie, la peur. La trajectoire esthétique épouse ici le difficile chemin qui conduit l'être vivant à l'affirmation juste et haute de soi, au-delà de tout ce qui peut l'asservir, l'humilier. En un mot, l'œuvre de Rossellini témoigne d'un sursaut désespéré de défense de l'individu. [...]
Claude BEYLIE.

 

 

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