Le 20/03/2017 Vienne avant la nuit
- Écrit par Krishna
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Mardi 20 mars 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Vienne la nuit
Robert BOBER (France, 2017 - 80 mn)
J’adore le passé. C’est tellement plus reposant que le présent. Et tellement plus sûr que l’avenir. (Robert Bober)
Robert Bober se plonge dans la mémoire de son arrière-grand-père qui a vécu dans une Vienne moderne et cosmopolite, dont la réputation fut illuminée et façonnée par les écrivains Stefan Zweig, Joseph Roth et Arthur Schnitzler.
Au-delà de cette recherche d’identité et de ce double portrait mêlant l’histoire de son aïeul et celle de la brillante intelligentsia juive du début du XXe siècle, Robert Bober, aujourd’hui âgé de 82 ans, évoque l’effondrement de l’Empire des Habsbourg, la naissance et la montée en puissance d’une national-socialisme jusqu’à l’Anschluss qui mit fin à la Vienne capitale culturelle de l’Europe.
Venu de Pologne et arrivé à Ellis Island le 8 juin 1904, Wolf Leib Fränkel, mon arrière-grand-père fut refoulé en raison d’un trachome. Retraversant la vieille Europe, il décida de s’arrêter à Vienne, en Autriche, où il reprit sa profession de ferblantier. C’est là qu’il mourra. En 1929. Né deux ans après, je ne l’ai donc pas connu. Pourtant, j’ai le sentiment que quelque chose de lui m’a été transmis. Il fut l’exact contemporain de Stefan Zweig, d’Arthur Schnitzler, de Joseph Roth, de Franz Werfel, de Sigmund Freud, ces auteurs qu’il m’a semblé en les lisant retrouver quelque chose de ce qui me relie à ma propre histoire et qui, comme mon arrière-grand-père, allaient m’accompagner dans la recherche et l’affirmation de mon identité. (Robert Bober).
Ce film a reçu le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Robert Bober a bâti une œuvre d’une force et d’une délicatesse rare, interrogeant les silences, la mémoire et l’écriture, pour que l’obscurité s’éclaire.
En 1950, de retour d’Hollywood où il s’était réfugié dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler, Max Ophüls tourne à Paris La Ronde, délicieuse et cruelle adaptation de la pièce de théâtre d’Arthur Schnitzler. L’auteur viennois, dont les nazis interdiront les œuvres, était mort en 1931, juste avant l’horreur. Mais le réalisateur du film, censé se dérouler à Vienne en 1900, âge d’or de l’empire austro-hongrois, lui, sait ce qui a eu lieu. Ce qui donne une résonance particulière aux premiers mots prononcés par le narrateur, qui parle évidemment pour Ophüls : J’adore le passé. C’est tellement plus reposant que le présent. Et tellement plus sûr que l’avenir.
https://cinevod.bm-grenoble.fr/video/AF4A7-robert-bober-la-cinmathque-de-grenoble