Le 5/10/2016: Johnny got his gun
- Écrit par Krishna
- Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
- Publié dans Visages de guerre(s)
- Lu 11856 fois
- Imprimer
- Media
Johnny s’en va-t-en guerre / Johnny Got His Gun
(Dalton Trumbo, USA - 1971)
Festival de Cannes 1971 :
Grand prix spécial du jury et Prix FIPRESCI (Prix de la Critique internationale)
Mercredi 5 octobre 2016 à 20h
Cinéma Juliet Berto, Place Saint-André, Grenoble
« Jamais l’absurdité et la cruauté de la guerre n’ont trouvé meilleure illustration
que dans ce film de Dalton Trumbo, réquisitoire à la fois naïf et implacable.
Un film coup de poing devenu une référence ». Arte
« Johnny held a different meaning for three different wars.
Its present meaning is what each reader conceives it to be,
and each reader is gloriously different from every other reader,
and each is also changing. I've let it remain as it was to see what it is.»
Dalton Trumbo [Los Angeles March 25, 1959].
Johnny got his gun est d'abord un roman de Dalton Trumbo paru le 3 septembre 1939, soit deux jours après l'entrée en guerre des Etats-Unis. Le livre, inspiré d'un fait divers réel, raconte l'histoire d'un soldat mutilé au front lors de la première guerre mondiale. Réalisé en 1971 par l'auteur, ami de Luis Buñuel, le film inspiré du roman, reçoit la Palme d'or à Cannes en pleine guerre du Viêt-Nam. C'est dire à quel point le film est lié à la guerre, à la fois par son propos mais aussi par son histoire.
Dalton Rumbo : Pourquoi j’ai écrit « Johnny got his gun »
[Extrait du Dossier de presse du Distributeur Tamasa]
Une cellule ici, un cercueil là-bas.
Les chiffres nous ont déhumanisés. Au petit déjeuner, en prenant notre café, nous lisons dans la presse que 40.000 Américains sont morts au Vietnam. Au lieu de vomir, nous nous servons du pain grillé.
Voici une équation : 40.000 jeunes morts, 3.000 tonnes de chair et d’or, 55 tonnes de matière cérébrale, 190.000 litres de sang, 1.840.00 années de vie qui ne seront jamais vécues. 100.000 enfants qui ne naîtront jamais. C’est là un luxe que nous pouvons nous offfrir : il y a déjà trop d’enfants qui meurent de faim dans le monde.
Est-ce que nous nous réveillons en hurlant la nuit quand nous en rêvons ? Non. Nous n’en rêvons pas parce que nous n’y pensons pas, parce que cela ne nous touche pas. Nous nous intéressons davantage aux lois et à l’ordre, afin de faire régner la sécurité dans nos rues d’Amérique tandis que nous transformons celles du Vietnam en égouts qui charrient du sang. Nous en refaisons le plein chaque année en forçant nos fils à choisir entre une cellule de prison chez nous et un cercueil là-bas. « Chaque fois que je regarde le drapeau, mes yeux se replissent de larmes.» Les miens aussi.
Que deviennent les blessés ?
Si les morts ne représentent rien pour nous, sauf pendant le week-end du « « Memorial Day », que dire de nos 300.000 blessés ? Sait-on où ils se trouvent ? Ce qu’ils ressentent ? Combien ont perdu au total de bras, de jambes, d’oreilles, de nez, de bouches, de visages, de pénis ? Combien d’entre eux restent sourds, muets, aveugles ou les trois à la fois ? Combien ont été amputés d’un, de deux, de trois ou de quatre membres ? Combien d’entre eux demeureront immobilisés jusqu’à la fin de leurs jours ? Combien d’entre eux végèteront en silence jusqu’à leur dernier souffle dans de petites chambres obscures ?