Les Aventures Fantastiques
- Écrit par Christophe
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- Publié dans Regards sur l'Est
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" Digne héritier de Meliès, Zeman surprend, intrigue, enchante, brouille les cartes,
traverse le monde des apparences pour rejoindre celui de l’onirisme."
Jean-Loup Passek (dir.) Dictionnaire du cinéma [Larousse (2001) p. 842].
Présenté lors de l’Exposition universelle, Les Aventures fantastiques reçoit le Grand Prix du Festival de Bruxelles en 1958. Le film apporte à son réalisateur une consécration internationale. Les Aventures fantastiques (aussi connu sous le titre L’invention diabolique), deuxième long-métrage de Karel Zeman, est sa première adaptation de l’œuvre de Jules Verne.
Mêlant images en prises de vue réelles, effets spéciaux et décors directement issus des célèbres gravures des éditions Hetzel, le film reste un chef d’œuvre de féérie, attirant la curiosité pour un cinéma évoquant Méliès et ayant influencé ce que le cinéma contemporain compte de plus créatif. Il fut un réalisateur de génie qui inspira des grands noms du cinéma - Steven Spielberg, George Lucas, Peter Jackson ou Terry Gilliam - bien avant l’ère de la technologie numérique !
Les Aventures fantastiques, une adaptation de Face au drapeau, roman peu connu de Verne, est un maillon essentiel du travail de Karel Zeman. Il eut un énorme retentissement dans le monde entier et marque la véritable naissance du « style Zeman ». Il fait évoluer des acteurs en chair et en os dans des décors irréels inspirés des gravures des éditions originales des romans de Jules Verne. L’image gravée composée en fins réseaux de striures et hachures permet au réalisateur d’inventer un espace cinématographique homogène dont le spectateur se sent partie intégrante : Zeman n’hésite pas à peindre le décor, à fabriquer des costumes à « rayures graphiques », à créer des accessoires « gravés » au pinceau en noir et blanc. Le tournage est l’occasion de déployer un véritable feu d’artifice d’ingéniosité artisanale dans les trucages et la combinaison des techniques : maquettes, marionnettes, trompe-l’œil, surimpressions... Zeman souhaite arriver à une symbiose parfaite entre narration et effets spéciaux, et fait pour cela appel pour l’écriture du scénario au poète Hrubín et à l’écrivain et scénariste Jiří Brdečka.
Note : Face au drapeau paraît en 1886. Il appartient à la « période sombre » de Jules Verne, plus prudent envers le progrès technologique. « Le fulgurateur », arme de destruction massive qui attise la convoitise du comte d’Artigas, est le symbole de cette désillusion. Néanmoins, le livre concentre beaucoup de thèmes et de motifs majeurs de l’auteur (les machines, les îles et cratères, le sous- marin, la puissance de destruction de l’être humain) en s’inscrivant dans l’atmosphère de la défaite de la guerre contre l’Allemagne en 1870 (Le savant du livre a pour modèle le chimiste français Eugène Turpin, inventeur des canons gyroscopiques, qui vendit justement son invention à l’Allemagne – d’où le titre patriotique du roman).
Karel Zeman sur les romans de Jules Verne :
« J’ai toujours été attiré par Jules Verne, d’abord comme lecteur enthousiaste puis comme cinéaste qui aime à expérimenter jusqu’où peut aller la frontière des trucages cinématographiques. Chaque image de mon film rappelle une gravure célèbre des romans de Verne. Il s’agit naturellement d’un drame cinématographique et non d’un dessin. C’est pourquoi il était important, malgré la différence de matière et de surface des éléments, d’obtenir une unité dans la réalisation, afin que les spectateurs n’aient pas conscience, depuis la première image jusqu’à la dernière, de la complexité de la technique et de sa diversité ».
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