La 8ème femme de Barbe Bleue
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Suite du Cycle "The Lubitsch Touch"
La 8è femme de Barbe bleue
(Bluebeard's Eighth Wife,
Ernst Lubitsch, USA - 1938)
Mercredi 18 juin 2014 à 20h
Salle Juliet Berto - Grenoble
L'art de Lubitsch s’exprime dans La huitième femme de Barbe-Bleue avec une efficacité incomparable, cette façon de mêler les désirs d’argent, de sexe et de pouvoir dans un même élan raffiné et gracieux rendant le film aussi hilarant qu’élégant. Dans ce qu’il serait tentant de considérer comme l’une des plus grandes comédies américaines de tous les temps, soulignons enfin l’extraordinaire festival de Claudette Colbert dans le rôle inoubliable d’une peste tour à tour machiavélique, candide, passionnée, sensuelle, détestable et attachante : La Huitième femme de Barbe-Bleue, une merveille absolue !
Antoine Royer [http://www.tvclassik.com]
Si Sérénade à trois (Design for Living, 1933), réalisé par Lubitsch cinq ans plus tôt, suggérait à coup d’ellipses et de symboles l’idée du triolisme, La Huitième femme de Barbe-Bleue doit être vu comme l’une des premières histoires d’amour sado-masochistes de l’histoire du cinéma ; une photo ayant servi d’affiche montrait d’ailleurs les deux protagonistes attachés l’un à l’autre par une épaisse chaîne (voir galerie). Lors de leur rencontre, Nicole a tenté de charmer Michael, et celui-ci l’a dépassé en l’ignorant - une fois courtisée, la jeune femme revêche le lui fait payer. La deuxième partie du film s’attache ainsi à décrire une relation passionnée n’arrivant à s’exprimer que dans la violence et l’humiliation. Nicole et Michael s’aiment, mais ils jouent à se détester, à se brutaliser même. A plusieurs reprises, leur amour semble consolidé de la douleur qu’ils en viennent à ressentir : après avoir feuilleté La Mégère apprivoisée, il vient la gifler puis la fesser. Lorsqu’elle soigne la blessure qu’elle lui a infligée en le mordant avec de la teinture d’iode, et qu’elle lui demande si cela lui fait mal, il lui sourit en lui disant qu’elle est gentille. Plus tard, elle ira même jusqu’à engager un boxeur pour le mettre K.O., afin indirectement de stimuler sa jalousie. Et même lorsque Michael obéit à un schéma de séduction plus conventionnel (dîner aux chandelles, champagne et musique douce), elle s’échine à réveiller en lui le dégoût et la frustration (le fameux baiser aux oignons), comme pour mieux faire monter le plaisir et repousser le passage à l’acte, qui n’a enfin lieu que dans la dernière partie avec un recours primitif à la soumission et la bestialité (il arrache littéralement la camisole qu’elle lui a fait porter pour se jeter sur elle). Cette relation sidère d’autant plus que La Huitième femme de Barbe-Bleue date de 1938, et que, codes de censure oblige, les auteurs ne peuvent que la suggérer, avec une inventivité inégalée dans les recours scabreux au symbolisme et à la polysémie.
[http://www.dvdclassik.com]
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