Le 8/03/2017 L'Etrangleur de Boston
- Écrit par Krishna
- Taille de police Réduire la taille de la police Augmenter la taille de police
- Publié dans Tueurs en série
- Lu 10215 fois
- Imprimer
- Media
Mercredi 8 mars 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Cycle " Tueurs en série " (1/3)
L'étrangleur de Boston / The Boston Strangler
(Richard Fleischer, États-Unis - 1968)
« Il y a pas mal d’effets visuels dans le film dont les gens ne s’aperçoivent pas et
qu’ils ne sont pas d’ailleurs censés remarquer.
Les effets doivent « travailler » votre inconscient, ainsi dans la dernière partie,
petit à petit au fil des séquences, j’enlevais toute couleur au film.
Les dernières séquences du film sont presque entièrement blanches »
Richard Fleischer [in Stéphane Bourgoin, Richard Fleischer, Edilig, 1986, p. 99].
La présentation du film par Olivier Père [arte.tv, 13 avril 2013]
Ce film célèbre et célébré – à juste titre – du grand Richard Fleischer compte parmi les classiques du cinéma criminel américain, original et audacieux dans son traitement d’un cas réel de tueur en série, Albert de Salvo, qui assassina treize femmes entre 1962 et 1964 à Boston. Fleischer opte pour une approche semi documentaire.
La première partie du film suit les investigations minutieuses de la police qui ne parviennent pas à enrayer l’accumulation effrayante de meurtres de femmes agressées, violées et étranglées chez elles (d’abord des personnes âgées, puis des victimes de tous les âges et conditions). L’Etrangleur de Boston opère la transition entre certains films d’Otto Preminger par sa façon d’aborder sans compromission un sujet adulte et dérangeant (l’enquête dans un bar homosexuel rappelle une scène de Tempête à Washington) et les thrillers à venir de William Friedkin qui souhaita avant Fleischer porter à l’écran l’affaire de Salvo et se souviendra sans aucun doute de L’Etrangleur de Boston en réalisant Cruising.[...]
Ces effets modernistes [le « split screen »] un peu tape-à-l’œil ont paradoxalement tendance à dater le film, tandis que L’Etrangleur de Boston reste moderne et fascinant grâce à son style réaliste puis à sa plongée dans les tréfonds d’un esprit malade. On s’approche alors d’un pur cinéma mental et devant les dernières scènes montrant l’interrogatoire de de Salvo vêtu de blanc dans une cellule entièrement blanche je ne peux m’empêcher de penser à un autre grand « film cerveau » sorti la même année : 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick.
Tout le monde l’a dit mais il faut le répéter : dans le rôle à contre-emploi de de Salvo Tony Curtis est prodigieux, et confirme qu’il était un acteur sous-estimé qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait, même si on oublie trop souvent qu’il a joué dans plusieurs grands films et pas seulement des comédies (Le Grand Chantage, par exemple).
Ce classique de Fleischer nous rappelle que le cinéaste étudia la psychiatrie et qu’il donna le meilleur de lui-même dans ses études de cas criminels : avant L’Etrangleur de Boston il y avait La Fille sur la balançoire (The Girl in the Red Velvet Swing, 1955) et après, le génial, expérimental et encore plus glaçant L’Etrangleur de la place Rillington (Ten Rillington Place, 1971.
Et n'oubliez les 50 ans de votre Ciné-club :
Michelangelo Antonioni, John Frankenheimer, Mel Brook,
Cecil B. de Mille et Arthur Penn
vous donnent rendez-vous du Mardi 14 au Samedi 18 mars.