2046
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2046
(Wong Kar-waï, HK - 2004)
Mercredi 26 mars 2014 à 20h
Salle Juliet Berto - Grenoble
« Etre cinéaste à Hong-Kong, c’est refuser de suivre le rythme effréné des métamorphoses pour en imposer d’autres. C’est conserver le droit au secret, aux affections particulières que l’on révèle peu à peu,
à l’échelle d’une œuvre. Cela veut dire : filmer des lieux et imprimer le souvenir. »
Wong Kar-waï, L’Architecte et le vampire,
Cahier du Cinéma / Made in China (Numéro Hors-Série, 1999).
Wong Kar-wai est sans conteste le cinéaste le plus fascinant de sa géneration. Ses films emprunts d'un romantisme désenchanté sont sans équivalent dans le cinéma actuel. Tantôt percutant et chaotique, tantôt éthéré et langoureux. Sans cesse imité, au cinéma comme dans la publicité, à Hong Kong comme dans le reste du monde. Un style qu'il a développé avec le chef opérateur Christopher Doyle. Un style hérité à la fois du cinéma de sabre chinois et du cinéma d'action de Hong Kong mais aussi du cinéma occidental et de sa passion pour la photographie.
Aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands cinéastes contemporains, et récent Président du Festival de Cannes (2006), Wong Kar-wai passionne par son travail sur ses personnages, son expérimentaiton de l'image et sa fragmentation du temps.
In the Mood for Love et 2046
Les deux longs métrages du cinéaste chinois Wong Kar-Wai, In the Mood for Love et 2046, peuvent être regardés comme un seul et même poème narratif se continuant d’un film à l’autre. Cette continuité ne se présente pas comme une suite à l’américaine, mais comme la poursuite d’une réflexion qui ramène sans cesse l’artiste aux figures qu’il a un jour créées. Ce diptyque maniériste relate l’histoire d’un amour irréalisé et l’obsession de son souvenir : un ancien amour impossible ouvre sur une série d’amours possibles dont il tend en retour à déterminer la fin. [URI:http://id.erudit.org/iderudit/012320ar]
La critique de Télérama
Rares sont les films à provoquer une impression physique aussi manifeste : frisson jubilatoire, intense sourire intérieur, heureuse empathie avec la beauté à l'œuvre sur l'écran. En vrac et en majesté, l'apprentissage du japonais par une jeune femme (adorable Faye Wong), saisi à travers un élégant jeu de jambes. L'érotisme juvénile, et moqueur, d'une amoureuse courtisane (Zhang Ziyi, dont le visage de porcelaine s'anime enfin). Des corps, des visages, des étoffes. Plus obstinément, la fine moustache désabusée de M. Chow, ce viveur triste, traversant les couloirs de l'Oriental Hôtel au milieu des années 1960, les salles de restaurant enfumées, les ruelles pluvieuses.
Wong Kar-wai a l'art de filmer comme aucun autre un Hongkong stylisé et chatoyant, une certaine idée de l'Orient et du désir. Il manie en maître les couleurs du songe ou du souvenir (ici ocre et émeraude), et jamais ce maniérisme ne fait obstacle à l'ivresse des yeux - et des oreilles, le cinéaste n'étant pas sourd aux BO. langoureuses. Il explore avec entêtement son sujet de prédilection, le temps qui passe et les amours qui filent. On le sait depuis In the mood for love, dont 2046 est... quoi, au juste ? la suite officieuse ? le dérivé officiel ? la version « upgradée », comme on dit d'un logiciel qu'il est « mis à jour » ? Peu importe, puisque le spleen enjoué de son héros, ce paumé magnifique, est à jamais, par ricochet, le nôtre. [Aurélien Ferenczi, TELERAMA, 25 avril /2009].
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