Le 8/02/2017 A Bout de course

Mercredi 8 février 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

Cycle "... les enfants trinquent " (2/3)

A bout de course / Running on Empty

(Sidney Lumet, USA - 1988)


“ Tant de qualités qui font d’À Bout de course un véritable bijou,
nous laissant un profond sentiment de libération et de mélancolie
quand survient la fin. Un film au souffle poétique brûlant d’émotions
.”
George Lucas.

George Lucas présente A bout de course.
J’aimerais profiter de cette carte blanche pour vous parler de l’immense Sidney Lumet dont on oublie de faire mention lorsque l’on évoque les grands réalisateurs de la deuxième moitié du 20ème siècle. À tort moins mis en avant par les médias que ses pairs (Scorsese, Coppola, De Palma, Spielberg, Lucas, Altman) desquels il se démarque, il n’en demeure pas moins un réalisateur essentiel.
LE CAS LUMET.
Individu à l’itinéraire passionnant, d’abord écrivain pour le théâtre, sa passion, il fit ses premières armes à la télévision où il gagna son style efficace et direct. Milieu pour lequel il continua à travailler même après sa reconnaissance au cinéma. Preuve de sa grande polyvalence il monta de nombreuses pièces de théâtre, qu’il adaptera au cinéma pour certaines. Riche de plus de quarante films, la filmographie de Lumet comporte quelques films mineurs face à une pléiade de grands films, dont la plupart prennent place dans la ville de New-York qui l’a vu grandir, comme Serpico, Un Après-midi de Chien, Le Prince de New-York. Son chef-d’œuvre de premier film, le drame judiciaire 12 Hommes en colère dont l’empreinte du théâtre est bien présente et qui narre la délibération de jurés dont l’un d’entre eux, en proie aux doutes quant à la culpabilité de l’accusé, arrive à faire changer la majorité d’opinion, comporte déjà le grand thème de son travail : la confrontation d’un individu à un groupe, à une institution. Le film apparaît être le squelette de son œuvre, et l’annonciation de son combat pour l’éthique, voulant témoigner des injustices de son temps, né des constats du chaos de la crise de 1929.[...].
MYTHIQUE RIVER
Dés les premiers plans du film, qui s’ouvre sur son personnage, une gêne se fait sentir à la vue de ce jeune et beau sportif qui affiche pourtant un regard grave. Cette figure convoque forcément celle du jeune rebelle à la James Dean – qui apparaîtra même sur un poster de la chambre de Lorna. Notons que ce poster est néanmoins recouvert par une autre illustre icône du cinéma, Charlie Chaplin. Le personnage de Danny empreinte beaucoup au cinéma muet, dans sa tristesse et l’expression feinte de la joie, simulant la normalité, forcé de mentir à son entourage afin de dissimuler sa véritable identité. Ce comportement amène une certaine schizophrénie à son personnage, caractérisé par ses lunettes qu’il met et retire sans cesse, et le fait à plusieurs reprises de se comporter comme un voleur – sa façon d’entrer chez les Philips sans y être autorisé ou lorsqu’il utilise la fenêtre pour ses allées et venues, escaladant l’arbre qui y mène. C’est cet art de la dérobade qu’incarne si bien River Phoenix, tout en nuance et sensibilité, physiquement ou par son regard fuyant, le rendant insaisissable.[...]
[extrait de la carte blanche à George Lucas, l'article complet est téléchargeable ci-dessous]

Le film dans l'oeuvre de Sidney Lumet: les fils maudits
Parmi les systèmes institutionnels démontés par Lumet, on compte la justice (Contre-enquête), la police (Serpico, Le Prince de New York), les médias (Network) mais aussi la famille (Dans l’ombre de Manhattan). Les figures de pères réels ou symboliques abondent dans son cinéma et constituent souvent un lourd fardeau pour les fils. Le dernier film du cinéaste, 7 h 58 ce samedi-là, aborde le sujet sous un angle particulièrement tragique – deux fils cambriolent la bijouterie de leurs parents - et renoue avec la veine la plus sombre du cinéaste. Si À bout de course reprend lui aussi cette thématique, il reste néanmoins à part dans la filmographie de Lumet en raison de sa grande douceur et de l’intérêt qu’il manifeste pour un personnage d’adolescent (rare dans l’œuvre du cinéaste, à l’exception d’Equus) : le passé des parents et l’autorité du père pèsent sur Danny mais n’a pas l’emprise d’une malédiction. Le film semble rejouer sur un mode apaisé le scénario de Daniel, film réalisé en 1983 et inédit en France, sur un jeune homme hanté par le passé de ses parents (inspirés du couple Rosenberg), accusés d’être des espions communistes et morts sur la chaise électrique. Si la quête de justice constituent un des fils rouges de l’œuvre de Lumet, elle ne saurait se dissocier d’une plongée au cœur de l’âme humaine, toujours envisagée comme complexe mais jamais monstrueuse. [cnc.fr]
[extrait du dossier pédagogique du CNC « Lycéens et apprentis au cinéma » téléchargeable ci-dessous]

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Le 18/10/2017 Serpico

  • Publié dans Polars

Mercredi 18 octobre 2017 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Polars " (3/3)

Serpico

Sidney Lumet (États-Unis, 1973 - 125 mn)

" On ne peut pas se fier à un flic intègre " (un flic dans Serpico).

Sidney Lumet: le pouvoir et la loi
Tout est soumis à l'épreuve du réel : "Le monde est une zone plus grise que noire et blanche ", paroles du héros de Dans l'ombre de Manhattan. Le monde est complexe, sombre, incompréhensible, tentaculaire comme sa vision de New York, sa ville fétiche, décor d'une trentaine de ses films. Cette complexité, nous la retrouvons également dans les intrigues parfois obscures de ses films, où le personnage comme le spectateur se perd. Sidney Lumet analyse les rapports entre l'homme et l'institution, et surtout comment les institutions se retournent contre l'individu. Il critique les excès des différents pouvoirs, politique (Les Coulisses du pouvoir) médiatique (Network, Un après-midi de chien), policier (Serpico, Le Prince de New York, Dans l'ombre de Manhattan), judiciaire (Douze hommes en colère, Le Verdict). Il dresse un constat amer, celui de l'impossibilité de réunir deux conceptions en théorie compatibles selon les fondamentaux de la démocratie américaine : morale et loi, justice et pouvoir.
[Florent Dudognon (Le Figaroscope - 31 août 2007)].

Pacino Studio
Si Serpico peut compter parmi les chefs-d'oeuvre de Sidney Lumet après Douze hommes en colère (1957) ou La Colline des hommes perdus (1965), hommage doit être rendu à l'acteur qui tient le film sur ses épaules, au point de faire cavalier seul sur l'affiche. Sidney Lumet a eu du "pif" en choisissant cet acteur d'une trentaine d'années, quasiment inconnu au bataillon. A son actif ? Un second rôle prometteur dans le premier épisode du Parrain de Francis Ford Coppola un an plus tôt. Il y incarnait le fils de Marlon Brando/Don Corleone. Avec ce premier "rôle principal", Al Pacino opère un drôle d'enchaînement : après avoir campé le fils du parrain de la mafia, le voilà qui s'attaque au flic le plus intègre de New York. Et la performance est de taille. Suivant les méthodes héritées de son passage à l'Actors Studio, le comédien entre totalement dans la peau de son personnage jusqu'à travailler son regard dans les moindres détails. Des soudains et violents changements d'humeur d'un Serpico acculé à l'ataraxie du Serpico dépité, Al Pacino offre toute sa palette d'émotions au personnage, des plus blafardes aux plus criardes. Cette performance, exceptionnelle à plus d'un titre, se confronta en outre à des obstacles de taille car pour des raisons techniques, le film se tourna "à l'envers" : Lumet a mis en boîte d'abord les scènes d'un Serpico barbu aux cheveux longs pour remonter dans le temps en lui coupant les cheveux. Parvenir à faire venir des émotions à rebours, voilà un exploit de taille.
[Mathieu Durand (Le Figaroscope - 27 février 2009)].

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