L'Eclipse

Mercredi 11 février 2015, 20h
L'Eclipse  / L'eclisse
Michelangelo Antonioni (Italie / France - 1962)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
 
"Je veux bien qu'Antonioni soit le poète de l'Ennui. Mais que cet Ennui
commence par une majuscule; et qu'on y mette autant que Baudelaire y a mis."
Jean-Louis Bory [Des yeux pour voir, 10-18, UGE, 1971, p. 36-40]

 

Alberto Moravia sur L'ÉCLIPSE [Cinéma 62, n° 67 (Juin 1962), p. 69-73.]
Dans L'ÉCLIPSE, la maturité artistique du metteur en scène est surtout visible dans les rapports d'Antonioni avec la matière: des rapports libres, équilibrés, mesurés. Dans tous les arts, ce genre de rapport se manifeste assez tard, lorsque l'artiste a su surmonter son inexpérience, son impatience et son désir de possession. Antonioni fait penser à ces oiseaux solitaires qui répètent nuit et jour les seules notes qu'ils savent chanter. Dans tous ses films il nous a toujours répété les mêmes notes. Dans L'ÉCLIPSE il a réussi à les chanter mieux que jamais, d'une voix plus claire, plus haute, plus ferme.
Le sujet du film est très mince. Plutôt que de raconter une histoire, on dirait qu'Antonioni s'est borné à prélever un échantillon de la réalité et à le soumettre à l'examen de la caméra: il a découvert des traces de corruption provoquée par cette maladie si répandue actuellement et qui s'appelle aliénation: un mot d'origine marxiste.[...]
Nous nous trouvons ici devant le même thème que celui des autres films d'Antonioni: l'impossibilité de communication, la sécheresse, l'impossibilité d'aimer, le manque de rapports, le détachement, l'aliénation. Mais alors que ce sujet est exprimé dans les autres films à travers une représentation assez cohérente et par des allusions claires, il est dissimulé dans L'ÉCLIPSE derrière un épais tissu symbolique d'évènements sans relation apparente.

 

Les récents cataclysmes financiers  de l'organisation capitaliste à l'échelle quasi entière de la planète invitent  à se retourner opportunément sur un autre film aussi précocement bien nommé L'Eclipse, et dont le personnage principal interprété par Alain Delon est un trader. Certains de ses traits cyniques et sa froideur préfigurent dans une Italie reconstruite économiquement et architecturalement, une dérive morale et un personnage relevant pleinement de l'actualité des années 2000. Ladite éclipse qu'Antonioni associe au mitan des années 60, figurativement et symboliquement, au danger politico-scientifique de la recherche atomique est aujourd'hui interprétable comme l'annonce du bouleversement financier et boursier récent de l'Occident capitaliste...
Dominique Païni, Antonioni, le maestro du cinéma moderne
[BOZAR BOOKS, SNOECK Editions (2013), p. 16-17]. 
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Le 14/03/2017 Blow Up

Mardi 14 mars 2017, 18h30 : Ouverture des « 50 ans du Ciné-club de Grenoble »
en présence d’Éric Piolle,
Maire de Grenoble.
Salon de la Maison de l’International
(à côté du Cinéma Juliet-Berto)

Les "50 ans du Ciné-club de Grenoble"  (1/5)

Blow Up

(Michelangelo Antonioni, GB, USA, Italie - 1966)
Palme d’or, Festival de Cannes 1967

« Je ne crois pas que les films soient faits pour être compris,
ni que leurs images et leurs sujets doivent être expliqués.
On devrait exiger bien davantage d’un film, quelque chose de très différent.
 Un film doit modifier la perception du spectateur, l’inciter à fondre l’image,
le son et l’idée dans une expérience unifiée lui permettant de pénétrer
 et d’apprécier la vie intérieure du film.
» – Michelangelo Antonioni.

« Gradually Antonioni brings us face to face with time and space, nothing more,
nothing less.
And they stare right back at us. It was frightening, and it was freeing.
The possibilities of cinema were suddenly limitless
. » – Martin Scorsese.
[Cités par Nicholas Renaud, Hors-Champs, Novembre-Décembre 2016].

Michelangelo Antonioni sur son film :
 «
Je ne sais pas comment est la réalité. La réalité nous échappe, elle ment continuellement. Lorsque nous pensons l’avoir saisie, elle est déjà différente. Je me méfie toujours de ce que je vois, de ce qu’une image nous montre, parce que j’imagine ce qu’il y a au-delà, et nous ne savons pas ce qu’il y a derrière une image. Le photographe du film qui n’est pas un philosophe, veut aller voir de plus près, mais lorsqu’il l’agrandit, l’objet lui-même se décompose et disparaît. Il y a donc un moment au cours duquel on saisit la réalité, mais l’instant d’après, elle nous a déjà échappé. Voilà, un peu, le sens de Blow up ».

MICHELANGELO ANTONIONI, UN PEINTRE MODERNE
« Cinéaste de l’incommunicabilité » : cette étiquette colle à la peau de Michelangelo Antonioni, encore désigné par cette formule au moment de sa mort, le 30 juillet 2007. L’expression est forcément réductrice pour un artiste qui a laissé une empreinte aussi forte et personnelle dans le cinéma, à l’instar d’Ingmar Bergman disparu le même jour que lui. Bien que différents, ces deux grands peintres du couple en crise représentent des figures phares du cinéma d’auteur européen, au point de voir leur nom devenir un qualificatif : ainsi parle-t-on de films antonioniens, preuve d’une esthétique devenue une référence et pour certains (Wenders par exemple) un héritage. Chez Antonioni, les paysages, l’architecture, le ciel et la couleur ont leur mot à dire, en silence toujours, comme s’ils étaient des personnages à part entière : ils participent à la désintégration d’un amour, d’une identité, d’un récit et à la diffusion d’un malaise informulable. De la radiographie inédite, à la fois très picturale et documentaire, qu’il fait du monde contemporain, le cinéaste tirera toute sa modernité et une puissance formelle rare.
L’œuvre d’Antonioni a été et continue d’être éminemment fertile pour la littérature sur le cinéma. On a donc beaucoup cherché à expliquer ce qui « n’est pas fait pour être expliqué », comme il le disait lui-même. Bien entendu, certains critiques et historiens sont bien conscients des écueils du langage et du travail analytique en face des films d’Antonioni, ils ont su trouver des angles et le vocabulaire pour en rendre certaines dimensions plus intelligibles. Mais aussi un ensemble de clichés, de raccourcis et de spéculations se sont propagés. De plus, la masse des discours a presque laissé croire que l’œuvre est faite pour l’analyse, qu’elle part elle-même de prémisses théoriques, qu’on a besoin de quelques clés conceptuelles pour y entrer. Antonioni est devenu malgré lui une sorte de faire-valoir intellectuel. Il l’a un peu cherché, pourrait-on dire, avec un film comme Blow Up (1966), y posant des questions sur la nature du réel, son incertitude pour la perception et les problèmes de sa reproduction dans les images, permettant alors à bien des plumes de s’enorgueillir de leur analyse et de virevolter dans la sémiologie (une recherche internet sur Blow Up peut provoquer une nausée aiguë).
Nicolas Renaud [HORS-CHAMPS, Novembre-Décembre 2016].

En fichiers téléchargeables ci-dessous: le Dossier de presse des 50 ans (DP170225_50ans) et deux dossiers d'étude sur le film (LC1_Antonioni_Blow_Up et LC2_Antonioni_Blow_Up. ainsi que la fiche F170314 du film.

On continue à fêter les
"50 ans du Ciné-club de Grenoble" demain
Mercredi 15 mars avec 
Un crime dans la tête
(John Frankenheimer, 1958)

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