Marilyn

Marilyn (3)

Le 11/01/2017 Certains l'aiment chaud

Mercredi 11 janvier 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

Cycle "Marilyn" (1/3)

Certains l'aiment chaud
Some Like It Hot

Billy Wilder (États-Unis - 1988)

“Personne n'est parfait”, sauf le chef-d'œuvre de Billy Wilder. Le réalisateur a eu l'idée du siècle de tourner un film qui a joué à fond sur la nostalgie de l'époque fastueuse du cinéma.
Not tonight, Josephine ! était le premier titre choisi par Billy Wilder pour sa nouvelle comédie policière, car Some like it hot avait déjà été utilisé en 1939. Mais, le temps que le scénario s'écrive, que les acteurs soient choisis, que le tournage s'organise, le studio avait réussi à racheter les droits du titre le plus jazzy : Certains l'aiment chaud pouvait être lancé !
Fin des années cinquante : l'Amérique est en pleine dépression, le chômage est en hausse, la guerre froide crée un climat de peur et de suspicion nauséabond... Côté cinéma, l'arme d'attraction massive américaine, ce n'est pas la joie non plus : la télévision prend de plus en plus de place dans les foyers, les grands studios font faillite et les réalisateurs de l'âge d'or sont morts ou trop vieux pour continuer à tourner... Hollywood cherche un deuxième souffle. Dans ce climat morose, Billy Wilder a l'idée du siècle : tourner un film qui jouera à fond sur la nostalgie de l'époque fastueuse du cinéma. Il veut réaliser une comédie mais avec des gangsters, de la prohibition, du whisky frelaté, des belles pépées et... du jazz ! Il tournera donc en noir et blanc soyeux (son chef op', Charles Lang, a tourné avec Frank Borzage, George Cukor, Joseph L. Mankiewicz, Fritz Lang...) et truffera son film de clins d'œil aux chefs-d'œuvre des années 30.
Près de soixante ans plus tard, sa recette est toujours gagnante. Cette histoire de deux musiciens qui sont témoins malgré eux d'un règlement de compte mafieux et sont obligés de se travestir pour intégrer un orchestre de femmes garde toute sa pertinence —a fortiori en plein débat sur la théorie du genre... A part la force de l'histoire, la précision des dialogues et la beauté des standards du jazz, voici trois autres bonnes raisons de revoir ou de découvrir Certains l'aiment chaud.
Anne Dessuant  [Télérama, 03/10/2016].

 

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Le 18/01/2017 Troublez-moi ce soir

Mercredi 18 janvier 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

En partenariat avec le
9è Festival des Maudits Films

Cycle "Marilyn" (2/3)
Troublez-moi ce soir / Don't Bother To Knock
Roy Ward Baker (États-Unis - 1952)

Troublez-moi ce soir est une production 20th Century Fox destinée à propulser au devant de la scène une comédienne repérée pour son physique avantageux et son ingénuité. Marilyn Monroe accède ainsi à un premier rôle après quelques apparitions remarquables et remarquées. Son partenaire est Richard Widmark, acteur habitué aux films d’aventures virils et aux films noirs ; il fut découvert dans le mythique Carrefour de la mort de Henry Hathaway (qui dirigera Marilyn dans Niagara l’année suivante) dans le rôle d’un bad guy sadique et psychopathe. Cette association n’est sans doute pas un hasard puisque Troublez-moi ce soir est un film plutôt sombre qui se destine à explorer l’univers mental d’un individu malade.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à un rôle léger pour un premier rôle en haut de l’affiche, Marilyn endosse en effet les habits d’un personnage névrosé, fortement instable et donc potentiellement dangereux. Fasciné par les théories freudiennes, Hollywood a régulièrement porté son intérêt sur des cas cliniques, propices aux interprétations décalées et spectaculaires. Il faut avouer que, dans ce cas précis, la comédienne s’en sort plutôt bien et laisse déjà transparaître une aptitude à jouer les passionnées mélancoliques, les innocentes tourmentées, les femmes introverties mais anxieuses de faire exploser le carcan social et sexuel qui l’enserre. Marilyn portera ce type d’interprétation au firmament dans The Misfits (1961).
Ronny Chester [dvdclassik.com]


Dans l'un de ses premiers rôles importants, Marilyn est montrée sous l'angle de la fragilité, alors que cet aspect de sa personnalité a été enseveli ensuite sous le masque de la blonde platine mangeuse d'hommes. À peine maquillée, le visage défait et le regard vide, elle déambule comme un fantôme, caressant ses poignets à peine cicatrisés des coups de rasoir. Troublante, Marilyn, vraiment ? Le film voudrait d'abord la présenter, pour la première fois de sa carrière, comme une bad girl, mais Marilyn est plus fine. Même lorsqu'elle menace de tuer une petite fille, c'est à elle, la femme meurtrie, que l'on s'attache : le monde cynique et vain qui s'agite autour d'elle ne mérite pas cette idéaliste prête à s'ouvrir la gorge pour un amour perdu.
Ophélie Wiel  [Télérama, 24 juillet 2012].

 

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Le 25/01/2017 Les Désaxés

Mercredi 25 janvier 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

Cycle "Marilyn" (3/3)

The Misfits / Les déxasés

(John Huston, USA - 1961)

" Dès le commencement de « The Misfits », il me fut impossible de nier que,
 s'il existait une clé pour le désespoir de Marilyn, ce n'était pas moi qui la possédais ».

« J’avais écrit ce film pour que Marilyn se sente bien.
Et finalement, il l’a anéantie. Mais en même temps, je suis content
qu’il ait été fait, parce qu’elle rêvait d’être prise au sérieux en tant qu’actrice."

Arthur Miller [Entretien avec Serge Toubiana, The Misfits, Ed. Cahiers du cinéma].
“ Cet être rayonnant [Marilyn Monroe] était entouré d’une obscurité qui me plongeait dans la perplexité.
Arthur Miller [Au fil du temps – Une vie, Bernard Grasset, 1987].

Le dernier film de Marylin et de Clark Gable, culte, forcément culte.
Ce fut le dernier film de Marilyn. Le dernier film de Clark Gable, également. Western crépusculaire écrit par Arthur Miller pour donner à son épouse un film digne d’elle, The Misfits raconte la vie de cow-boys perdus, réduits à capturer des étalons sauvages pour en faire de la nourriture pour chiens. Le tournage fut un crève-cœur : Marilyn, devenue folle, cédait à ses caprices, disparaissait, revenait, faisait attendre tout le monde par 50 °C à l’ombre. Son mariage se brisa là, sa vie d’écran s’acheva dans Death Valley, la bien nommée. Eli Wallach, peu de temps avant sa mort en juin 2014, se souvenait encore du film : « Le noir et blanc, dans “The Misfits”, était magnifique. Tout était orageux, y compris les rapports entre les gens… »
[François Forestier, TéléObs, 14 janvier 2015].

The Misfits, un film magnifique de John Huston, et le plus beau rôle pour Marilyn Monroe.
Et là où ce film est génial, au sens premier du terme, c'est dans sa dernière partie, où Gay et Guido, accompagné de Perce (Montgomery Clift), un ami cow-boy qui en pince pour Roslyn, décident d'aller capturer des mustangs dans les montagnes. Les mustangs étaient les symboles de l'ouest sauvage américain, et ces derniers spécimens sont la marque que ce côté sauvage a disparu. Ils ont été chassé en grandes quantités, pour être vendus aux abattoirs, et seuls quelques troupeaux subsistent. Ces derniers cow-boys chassent les derniers mustangs, dans un pays qui n'a plus grand chose de sauvage.
Roslyn est contre la capture de ces animaux, pour les vendre, alors que Gay considère que le cow-boy qu'il est se doit de terminer son job. Ils vont donc les capturer, avec des méthodes qui rappellent
Hatari, le film avec John Wayne, mais Roslyn va tout faire pour les libérer, aidé finalement de Perce, le cow-boy sensible, et redonner leur liberté à ces derniers chevaux sauvages.
Donc, ce qui est magnifique dans cette dernière partie, c'est que "l'affrontement" entre cow-boys déchus et derniers mustangs ressemble à un jeu de miroirs. Les chevaux représentant le côté sauvage de ces hommes, leur refus de voir la civilisation prendre le pas sur le Far West, leur refus d'être dominés par leurs propres sentiments, alors que Roslyn est simplement le symbole de la Liberté, la liberté d'aimer, la liberté de vivre comme elle l'entend, où elle l'entend, que ce soit LA ou le désert du Nevada.
[...]
Pour ces personnages magnifiques, ils fallait de acteurs sublimes. Clark Gable est parfait, tout comme Montgomery Clift, mais ce qui vous scotche à l'écran, c'est Marylin Monroe. Elle est tout simplement parfaite. Ce côté innocente, un peu naïve, fragile, lui va à ravir. On se demande si ce n'est pas carrément son propre rôle qu'elle joue dans ce film, où plutôt qu'elle ne joue, mais qu'elle est elle-même. Au fond, tout ce que désire Roslyn, c'est être heureuse, le plus simplement possible. Tout comme Marylin.
Je préfère retenir cette image d'une femme luttant pour rendre sa liberté à l'un des derniers Mustangs, que celle, moins profonde, d'une blonde souriante, sur une bouche d'aération.
Comme James Dean est devenu un mythe, l'incarnation du rebelle, Marylin emporta avec elle le symbole d'une femme qui n'a jamais trouvé sa place, sa raison d'être, à travers son plus beau, son dernier film. 

[Dark City home, 2003].

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