Ghost in the Shell
Mercredi 22 juin 2016 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
En partenariat avec " Les Rêv'Ailleurs "
Ghost in the Shell / Kôkaku Kikôtai
Mamoru Oshii (Japon - 1995)
Véritable date dans l'histoire du cinéma d'animation (voire dans l'histoire du cinéma tout court), le premier Ghost in the shell mis en scène par Mamoru Oshii (Patlabor, Avalon, Innocence) et inspiré du manga de Masamune Shirow (Appleseed, Dominion Tank Police) demeure une décennie plus tard un incontournable de la science-fiction contemporaine. Si la richesse de l'œuvre n'est sans doute plus à démontrer, son essence ne cesse de fasciner, car ce qui nous est présenté n'est ni plus ni moins que la fin de l'humanité et la naissance de sa succession. Dans Ghost in the shell, nous assistons à une nouvelle Genèse : corps, âme, reproduction, philosophie, émotions, les « remplaçants » des hommes naissent devant nos yeux. Derrière un scénario très complexe de politique-fiction, Ghost in the shell cache une œuvre philosophique dont les enjeux donnent le tournis et dont la modernité semble se révéler davantage avec le temps qui passe.
Grâce à une technique irréprochable et un sens troublant de la mise en scène, le film côtoie fréquemment le sublime. En particulier lors de certains enchaînements de séquences, lorsque l'action reste en suspens, le plus souvent figée sur le regard vide et bouleversant de Motoko Kusagani (la cyborg dont le 0,01% d'humanité, l'âme, se nomme ici « ghost »), l'un des plus beaux regards de l'histoire du cinéma. Durant ces instants, le silence se fait, et la musique de Kenji Kawaï monte, lentement, portée par des percussions enveloppantes, avant de s'élever sur des chœurs transcendant ou des cordes synthétiques. Le regard de Motoko Kusanagi est inoubliable, au moment de son saut dans le vide, à son éveil, face à un être vivant devenu une machine, face à une machine devenue un être vivant, face à la citée tentaculaire, face à son doute, à sa pulsion de vie contrariée, face à l'éternité qui s'ouvre devant elle. Ce regard multiplie pourtant les handicaps : c'est le regard d'une machine, un regard de « dessin animé » de surcroît. On pourrait croire que l'on n'a jamais été aussi loin de l'humanité que face à Motoko, et pourtant, on n'a que très rarement été aussi proche au cinéma de l'essence de l'âme humaine (ou de son successeur).[...]
Certes, il y a peu d'action dans Ghost in the shell, mais n'oublions pas que chez Oshii, pour ce qui est du spectaculaire, le moins est toujours plus. Ainsi, chaque coup de feu, chaque combat, chaque explosion, chaque instant de violence ne frappe que plus intensément le spectateur. Une énergie contenue, voisine, par exemple, de celle d'un Tarkovski (l'intensité des silences du Miroir ou de la menace des pièges métaphoriques de Stalker), cinéaste auquel on a souvent, à juste titre, comparé Oshii (Avalon entretenant plus d'un point commun avec Stalker).[...]
Devant Ghost in the shell, rapidement, peu nous importe que le Projet 2501 ne soit qu'un programme d'espionnage sophistiqué, peu nous importe les histoires de guerres entre ministères, ce qui prime est sans doute identique à certaines questions de 2001 l'odyssée de l'espace ou de Blade runner : où va l'humanité, où va la vie ? Le chef-d'œuvre d'Oshii offre, dans un déluge de plaisirs des sens et malgré la mélancolie urbaine omniprésente, des réponses aussi formidables qu'optimistes. Quasi inépuisable malgré sa très courte durée, Ghost in the shell est non seulement un jalon esthétique et thématique de l'animation japonaise, mais est aussi une œuvre aux forts accents prophétiques dont l'importance dans l'histoire du Septième Art et le statut de classique incontournable se trouvent confirmés à chaque nouvelle vision.
[http://www.ed-wood.net/ghost_shell.htm]
Il est bien difficile de proposer une approche de la science-fiction originale de nos jours et c’était déjà le cas dans les années 90. Pourtant, Ghost in the Shell de Mamoru Oshii avait créé la surprise à sa sortie, non pas par son approche narrative mais par la patte de son réalisateur, toujours si unique près de vingt ans après la sortie du film. L’intrigue mélange astucieusement le manga de base de Masamune Shirow avec diverses influences littéraires. William Gibson, le père du cyberpunk, est bien évidemment référencé, notamment via la représentation de Tokyo qui évoque ouvertement l’éternelle Sprawl, la méga-cité que hantent les personnages de Gibson. Philip K. Dick est également évoqué, via les fréquents questionnements identitaires qui interpellent la galerie de personnages déshumanisés d’Oshii. [...]
Ghost in the Shell est donc une adaptation qui transcende le manga d’origine (qui reste néanmoins une lecture intéressante) et qui mérite pleinement son statut d’ambassadeur de l’animation japonaise. Aux antipodes des superbes productions du studio Ghibli, Mamoru Oshii enchaînait sur les pas d’Akira pour nous proposer une vision de science-fiction radicale, inspirée et poétique. Une fresque dédiée aux moments de rien qui se succèdent non pas pour créer une expérience narrative mais un espace filmique dédié à la sensation et au ressenti, qui nous propose un futur proche que nous avons déjà partiellement atteint mais qui malgré sa froideur reste mystérieusement séduisant. C’est là tout le génie Mamoru Oshii, celui de nous proposer des visions fantomatiques et angoissantes mais pourtant si attirantes.
[http://www.avoir-alire.com/ghost-in-the-shell-la-critique-du-film]
Avec ce film se termine notre saison 2015-2016
Nous préparons activement la programmation de la prochaine saison.
Notre prochain rendez-vous :
Mercredi 28 septembre 2016 à 20h,
au Cinéma Juliet Berto
En attendant, TRES BEL ÉTÉ A TOUS.
- Publié dans Partenariat Les Rêv’Ailleurs
- Écrit par Krishna
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