O Diable

O Diable (3)

Le 05/12/2018 ROSMARY'S BABY

Mercredi 5 désembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Ô DIABLE " (1/3)

ROSEMARY'S BABY

(Roman POLANSKI - États-Unis - 1968 - 137 min)

Ce qu'a compris Polanski (…), c'est que dans les genres "mineurs" plus qu'ailleurs encore, la virtuosité est nécessaire.
[Pascal Kané, Cahiers du Cinéma, N°207, décembre 1968].
Rosemary's Baby est un des meilleurs films de mystère d'angoisse
que nous ayons jamais vus. 
[Jean de Baroncelli, Le Monde, 05 novembre1968].
Un très brillant exercice de style [Michel Perez, Positif, N°102, Février 1969].

PLONGEON DANS CET ANTRE DE LA FOLIE PRESQUE ORDINAIRE
[Thomas Baurez, L'Express, 22 octobre 2010]
1. Parce que c'est le meilleur film de Polanski. En cette fin des sixties, le franco-polonais Polanski qui a déjà mis un pied à Hollywood avec Le bal des vampires (1967) signe avec Rosemary's Baby (1968) son premier long-métrage 100% américain. Adapté d'un roman d'Ira Levin, le cinéaste obsédé par les délires paranoïaques, signe ici son oeuvre la plus forte et dérangeante. À travers le calvaire d'un jeune couple qui se sent menacé par un entourage de plus en plus intrusif, le récit oscille entre fantasme et réalité pour mieux brouiller notre raison.  
2. Parce que le mal est en chacun de nous. L'intrigue de Rosemary' Baby est d'autant plus traumatisante que l'identification avec les deux héros est totale. En effet, les Woodhouse forment un couple ordinaire, entouré par des voisins à priori bienveillants et des amis prévenants. C'est la grossesse soudaine de Rosemary qui va les faire basculer dans l'irrationnel. Cet événement « extraordinaire » entraîne chez eux un sentiment de méfiance vis-à-vis du monde extérieur, à moins que ce soit ce dernier qui se ligue contre eux. Où se situe la vérité ? Nul ne le sait. C'est le dilemme cornélien que le spectateur doit résoudre pour ne pas lui aussi sombrer. 
3. Pour le couple Mia Farrow et John Cassavetes. S'il est impossible aujourd'hui d'imaginer d'autres interprètes que la muse de Woody Allen : Mia Farrow et le réalisateur-acteur : John Cassavetes, pour incarner Rosemary et Guy Woodhouse, beaucoup de noms ont néanmoins circulés. Jane Fonda et Julie Christie ont été pressenties, alors que Polanski voulait sa femme Sharon Tate. En vain. La réalité rattrapera bientôt la fiction, puisque quelques mois après le tournage, Sharon Tate - alors enceinte -, sera sauvagement assassinée par les sbires de Charles Manson. Côté garçons : Warren Beatty et Jack Nicholson ont failli emporter la mise.  
4. Pour la partition oppressante de Krzysztof Komeda. Avec l'assassinat de Sharon Tate, la mort accidentelle du compositeur fétiche de Polanski, Krysztof Komeda en décembre 69 marque une nouvelle malédiction autour du film. Komeda, d'origine polonaise, a signé jusqu'ici toutes les B.O du cinéaste jusqu'à ce Rosemary's Baby, sa partition la plus fameuse. Il y a d'abord cette valse-berceuse chantée par Mia Farrow elle-même qui dégage d'emblée un étrange sentiment d'innocence blessée. Le reste est une musique d'ambiance oppressante avec une utilisation géniale des cuivres mixés avec des voix du film. Un procédé qui va largement inspirer nombre de compositeurs pour suggérer l'angoisse à l'écran.

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Le 12/12/2018 Le Masque du Demon

Mercredi 12 désembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Ô DIABLE " (2/3)

LE MASQUE DU DÉMON

(Mario BRAVA - Italie - 1960 - 87 min)

Ce classique incontournable du cinéma fantastique de l’après guerre sonna aussi le coup d’envoi de la florissante carrière d’un de ses artisans européens les plus talentueux et les plus généreux. Jusqu’alors, Mario Bava, directeur de la photographie en vue, était venu en renfort de réalisateurs absents ou défaillants, ce qui lui avait valu la confiance des studios italiens qui décidèrent de lui confier son propre film. Déterminé à frapper un grand coup tout en assouvissant une passion sincère pour le fantastique, Bava décida de réaliser un film de sorcières et de revenants vampiriques, inspiré d’une légende slave rapportée par Nicolas Gogol (et récemment ré-adaptée en blockbuster russe sous son titre original, “Viy’). Le cinéaste cherche par tous les moyens à se distinguer de ses pairs : alors que la mode est au Technicolor, Bava tourne dans un noir et blanc magnifique, en hommage aux Monster-movies classiques des années 30 qu’il vénérait. Surtout, il tire le meilleur parti du peu de budget accordé à ce genre de productions : chargé et luxueux au possible, diffusant une atmosphère d’épouvante gothique tout bonnement incroyable, le résultat possède une personnalité et une esthétique qui lui sont propres, sans commune mesure avec l’autre référence vampirique de l’époque, le célèbre (mais faiblard) Dracula de Terrence Fisher sorti deux ans plus tôt. Il refuse également toute tentative d’humour déplacé, comme s’il avait déjà conscience de travailler là sur un Classique voué à résister au passage du temps et se tient à l’écart de toute héroïsation ou sentimentalisme trop appuyé chez ses personnages. En revanche, en bon italien adepte de certains excès graphiques, Bava concocte quelques images plus choquantes que ce que le public du début des années 60 était accoutumé à voir, comme ce sang qui gicle alors que l’on cloue le masque de bronze sur le visage de la sorcière, ou lorsque celle-ci entrouvre les pans de son manteau, dévoilant un corps en état de putréfaction avancé : cela valut au film d’être partiellement censuré aux Etats-Unis et même banni pendant une poignée d’années en Angleterre. Mais ce qui contribua clairement à établir la légende et la pérennité du film fut la décision de Bava d’engager la débutante Barbara Steele pour le double-rôle principal de ce ‘Masque du démon’, sur la seule foi de sa beauté atypique : même si cette dernière mit du temps à admettre et à apprécier l’hommage, vexée du peu d’intérêt que suscitèrent ses passages ultérieurs chez de grands auteurs, elle reste considérée encore aujourd’hui comme la première grande star féminine du cinéma fantastique. [allocine.fr]

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Le 19/12/2018 LA MAISON DU DIABLE

Mercredi 19 désembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle " Ô DIABLE " (3/3)

LA MAISON DU DIABLE

(Robert WISE - États-Unis - 1964 - 112 min)

" La Maison du diable était fondé sur la peur de l'inconnu, on ne voyait que des ombres.
Le reste est affaire d'imagination."
Robert Wise

La Maison du diable (1964) se situe entre deux chefs d’œuvres du réalisateur. Avant de le réaliser, il s’était attelé à l’inimitable West Side Story (1962), couronné par 10 Oscars, dont celui du Meilleur Film et juste après, le cultissime La Mélodie du bonheur (1965), auréolé par 5 Oscars, dont celui du Meilleur Film ! Ici, avec son film d’épouvante, il prend le risque de ne jamais nous dévoiler l’identité des fantômes présents dans la maison hantée. Plutôt que de les montrer aux spectateurs, il choisit de les suggérer, et toutes les astuces sont bonnes à prendre. Robert Wise ayant apporté un soin particulier à sa bande-son, entre grincements, claquements, hurlements et voix off, le mystère reste entier du début à la fin, nous laissant dans l’incompréhension, tout comme les acteurs du film. Pas de trucages, ni d’effets spéciaux, ici on appréciera d’autant plus le petit côté artisanal, comme cette fameuse séquence de la porte qui sous la pression de cette force mystérieuse, menace d’exploser, en se gonflant ou en se déformant complètement. Une œuvre devenue un classique et qui n’a hélas pas échappée aux nombreuses tentatives de remakes, toutes inégales ou décevantes, tels que La Maison des damnés (1973) ou Hantise (1999).

Ce classique du film de maison hantée doit sa célébrité à des effets sonores effrayants et un souci de crédibilité psychologique. Un scientifique réunit un groupe de volontaires dans un vieux manoir dans l’espoir d’observer la présence de fantômes. Parmi ces invités spéciaux, un sceptique, une mythomane refoulée et une lesbienne aux pouvoirs de médium. Au fil des heures, les tensions et les passions vont s’exacerber entre les participants de l’expérience. Aucun spectre ne leur rendra visite, mais l’atmosphère terrifiante qui règne dans la demeure va provoquer une série d’événements tragiques : crise de folie, suicide, accident mortel, … L’excellent technicien (qui fut aussi à plusieurs reprises un cinéaste inspiré) Robert Wise fonde le principe de sa mise en scène sur la suggestion et les effets sonores, beaucoup plus terrifiants que les trucages de l’époque ou les apparitions de spectres. Cet ancien monteur avait fait ses premiers pas de cinéaste sous l’égide de Val Lewton, le célèbre producteur de La Féline et d’une splendide série de films fantastiques qui dédaignait le Grand-Guignol au profit de la litote et de la poésie. [Olivier Père, arte.tv]

Parmi les successeurs patentés, seul Stanley Kubrick tirera les leçons de La Maison du diable. Ce sera Shining. En reprenant le même point de départ que Wise (l'esprit anime un lieu qu'il a reconnu comme sien), il le poussera bien plus loin, vers des contrées où Wise n'avait pas osé s'aventurer. Mais celui-ci avait grandement contribué à poser les fondations d'une horreur nouvelle. [Frédéric Bonnaud, Les Inrocks, 30 novembre 1996].

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