Welcome in Vienna

Welcome in Vienna (3)

Le 31/05/2017 Welcome in Vienna

Mercredi 31 mai 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

Cycle Welcome in Vienna / Wohin und Zurück (3/3)
Welcome in Vienna / Wohin und Zurück
(Alex Corti - Allemagne, Autriche, Suisse - 1986)

En présence de Christian EGGERS, Historien, Maître de conférences à l'UGA

" Vienne pour mémoire ",  de la fuite au retour via l'exil
Diffusé en 1982 sur les chaînes allemande et autrichienne, Dieu ne croit plus en nous a rencontré un écho suffisant pour qu'une suite soit mise en chantier. Santa Fe met en scène ce moment de l'exil où les forces viennent à manquer. Les personnages apprennent les suicides de Walter Benjamin et de Stefan Zweig, peinent à vivre, eux qui sont arrivés à survivre. Les exilés se sont installés à New York, que Freddy (Gabriel Barylli), l'alter ego de Troller, rêve de quitter pour le Nouveau-Mexique. Ce séjour new-yorkais a été filmé à Vienne et à Trieste. " Axel Corti était un génie pour faire beaucoup avec peu de moyens ", se souvient Troller.
Cette frugalité n'a pas empêché le cinéaste de voir plus grand pour Welcome in Vienna, le troisième volet du triptyque. Tourné en 35 mm (les précédents films l'avaient été en 16 mm), le film était destiné au cinéma. Ce récit du retour tragique de Freddy dans sa ville natale a été froidement accueilli en Autriche. " Le Kronen Zeitung (quotidien populaire viennois) a écrit que messieurs Troller et Corti allaient se faire beaucoup d'argent avec le malheur des réfugiés ", raconte le scénariste. On est en 1986, après l'élection controversée de Kurt Waldheim à la présidence autrichienne. Welcome in Vienna montre des Viennois adressant à des réfugiés juifs de retour des reproches comme : " Vous avez eu de la chance de partir, alors que nous avons souffert pendant la guerre." Troller : " Je n'ai jamais vu ailleurs cette apitoiement sur soi-même."
Cette lumière crue éclaire aussi bien les victimes que les bourreaux. Le petit monde de l'émigration est dépeint sans concessions, sans refuser le risque de la comédie. " Kafka riait en lisant ses textes ", rappelle Georg Stefan Troller.
Thomas Sotinel [Le Monde, 29 novembre 2011]
Note: On trouvera un interview de Georg Stefan Troller en fichier attaché ci-dessous.

La Vienne de 1938 que mettait en scène Dieu ne croit plus en nous n’existe apparemment plus. La capitale autrichienne n’est qu’un champ de ruines dont la réalisation d’Axel Corti s’attache à montrer la considérable ampleur. Promenant sa caméra à travers la ville - Welcome in Vienna déploie de spectaculaires travellings - et parcourant toute l’échelle des plans - des plans rapprochés des immeubles décapités par les bombes alternent avec des plans d’ensemble des quartiers détruits -, le cinéaste délivre une saisissante représentation des ravages subis par la cité. Tout est donc à reconstruire dans cette "Vienne année zéro", une tabula rasa certainement urbaine mais aussi, peut-être, morale et idéologique.
La ville n’est-elle pas le cadre d’un autre épisode narratif aussi symbolique et aussi surprenant que celui du soldat allemand portant secours à une déportée ? Puisque c’est là que Freddy noue une idylle avec Claudia (Claudia Messner), la fille d’un haut-dignitaire de l’armée du Reich, le colonel Schütte. Les quelques plans consacrés à cette presque caricature de hobereau germanique - Axel Corti va jusqu’à le vêtir d’une culotte de peau... - ne laissent guère planer de doute sur son engagement hitlérien. Ce dernier n’hésitera d’ailleurs pas à témoigner par la suite de son antisémitisme dans une lettre à Claudia. Mais cette dernière ne semble nullement partager les opinions de son père, ne cessant de se déclarer sincèrement amoureuse du jeune Juif. Et c’est donc avec la fille d’un nazi que Freddy partage son existence... Le couple ainsi formé s’avère d’une importance cruciale pour le jeune homme encore en proie au manque psychologique et politique généré en lui par son exil aux États-Unis. En se donnant à lui, Claudia lui permet aussi bien d’espérer remplir un vide affectif immense - de retour à Vienne, Freddy constate l’anéantissement total de sa famille - que de réintégrer pleinement une nation autrichienne dont les plus "aryennes" des représentantes n’ont pas peur d’aimer des Juifs... [...]
Après avoir témoigné dans Dieu ne croit plus en nous de la tragédie d’êtres humains réduits à l’état de proies, puis après avoir évoqué dans Santa Fé les drames de l’exil et du déracinement, Axel Corti et Georg Stefan Troller dépeignent avec Welcome in Vienna un dernier tourment quant à lui teinté d’absurde : il s’agit de celui infligé par le retour au pays à ceux-là mêmes qui n’avaient pourtant cessé d’espérer retrouver leur patrie. C’est peut-être la forme de souffrance la plus inattendue révélée par ce dernier volet d’une trilogie dont la grandeur réflexive et esthétique est, par ailleurs, une nouvelle fois démontrée. Ces trois œuvres d’Axel Corti et de Georg Stefan Troller forment, en effet, l’une des explorations narratives les plus approfondies et les plus sensibles du destin des Juifs d’Europe au temps du nazisme.
Pierre Charrel - DVDClassik.`

 

 

 

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Le 24/05/2017 Santa Fe

Mercredi 24 mai 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

Cycle Welcome in Vienna / Wohin und Zurück (2/3)
Santa Fe
(Alex Corti - Allemagne, Autriche, Suisse - 1986)

En présence de Christian EGGERS, Historien, Maître de conférences à l'UGA

Le deuxième volet Santa Fe se passe à New York en 1940. Un bateau pourri, Le Tonka, arrive avec, à son bord, des réfugiés, dont Ferry Tobler qui se noie accidentellement en cherchant à sauver une jeune femme échappée de Bergen-Belsen. C’est l’odyssée de Freddy Wolff, rêvant d’espace, de liberté, de Santa Fe, qui est décrite. Incapable d‘amour, d’intégration, malgré les cours d’anglais sur la terrasse des immeubles, il ne pense qu’à l’Europe et à sa Vienne natale. Son engagement dans l’armée le lui permettra. La dernière image avec les papiers déchirés s’envolant du gratte-ciel signe sa rupture avec cette ville. Et aussi son incapacité à avoir pu aider la fille de Treuman. Ce pays tant espéré, celui du bout du monde, est aussi misère et mensonge où tout est spectacle et l’annonce de Pearl Harbour mécénée par Pepsi-Cola !. Que représente pour eux la mort de Walter Benjamin ou de Zweig.
C’est, et de loin, le plus beau des volets de cette trilogie, par la galerie de personnages touchants et risibles, émouvants et noyés dans leur espoir et leur tristesse indicible. L’esprit à la fois de Charlie Chaplin et de Kafka passe dans cet épisode magistral. Le moment où pour survivre il veut vendre un livre de poèmes de Rilke, refusé avec mépris, montre tout le fossé entre l’Amérique et cette Europe Centrale qui meurt. Et pourtant le mensonge d’une Vienne mythique les habite encore.

Gil Pressnitzer [http://blog.culture31.com/2012/01/04/welcome-in-vienna-trilogie-daxel-corti/]

Si le réalisme âpre et le noir et blanc fuligineux de Dieu ne croit plus en nous évoquait le Rossellini d’Allemagne année zéro, la galerie de personnages loufoques pris dans les rais de la fatalité de ce deuxième épisode a des airs lubitschéens. Autrefois intellectuels reconnus ou bourgeois confortablement installés, les exilés viennois endurent les humiliations de leur statut d’immigrés dans une nation dont ils ne maîtrisent ni le langage ni les codes. Réfugiés dans le seul café viennois de la ville, ils sont contraints d’accepter toutes sortes d’emplois sous le haut patronage de Mrs Shapiro. Popper, le photographe qui héberge Freddy, doit se contenter de portraits d’identités en attendant le grand reportage qu’il rêve de voir publier dans Life, tandis que l’acteur Feldheim (irrésistible Ernst Stankowsky), ne maîtrisant pas l’anglais, est confiné aux rôles d’animaux, ce qui ne l’empêche pas d’aboyer sauvagement. Dans cette existence de petites humiliations, l’ironie de l’histoire n’est jamais loin, comme lors de cette scène où Feldheim se voit enfin doté d’un rôle d’être humain… pour incarner un officier nazi à Hollywood. Figure la plus pathétique de cette humanité rampante, le docteur Treumann incarne l’exilé qu’ont dépeint Brecht et Benjamin. Écrivain devenu épicier, il meurt à sa table de travail, incapable d’achever le grand roman dans lequel il voudrait inscrire sa mémoire d’une culture autrichienne dont les mots et la langue lui échappent peu à peu.
Alice Leroy [critikat.com]

On trouvera en fichiers téléchargeables, un bel article sur la trilogie, le dossier de presse du distributeur, un interview de G. Troller, scénariste du film et la fiche du film F170524.

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Le 17/05/2017 Dieu ne croit plus en nous

Mercredi 17 mai 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

Cycle Welcome in Vienna / Wohin und Zurück (1/3)
Dieu ne croit plus en nous
An uns glaubt Gott nicht mehr

(Alex Corti - Allemagne, Autriche, Suisse - 1982)

En présence de Christian EGGERS, Historien, Maître de conférences à l'UGA

Welcome in Vienna, la trilogie sauvée de l’oubli 
Pour toute une génération de cinéphiles, il fut l’homme d’un film choc qui sortit en 1986, « Welcome in Vienna  », l’histoire de Freddy Wolff, jeune juif viennois, et de George Adler, intellectuel berlinois, ayant fui le nazisme aux États-Unis et revenant en Europe dans l’uniforme de soldats américains.
La façon dont Axel Corti filmait le retour au pays de ce jeune Wolff empli de culpabilité, la façon dont il nouait des liens intimes avec l’Histoire, dont il passait du détail au général avec un souffle de prophète, tout cela fit du cinéaste alors âgé de 53 ans une figure culte.
Vingt-cinq ans ont passé, et voilà qu’on découvre que ce chef-d’œuvre (prix du meilleur réalisateur à Saint-Sébastien, prix du meilleur film à Chicago et à Baden-Baden, Léopard de bronze à Locarno) n’était que le dernier opus d’une trilogie dont les deux premiers volets « Dieu ne croit plus en nous » et « Santa Fé », racontent les débuts viennois de 1938, l’exil américain – avec des plans dignes d’Elia Kazan – et la déchirante absurdité de ce milieu de siècle où les cendres succèdent à la ruine.

[Sophie Avon, Sud-Ouest, 27 novembre 2011]
Durant six heures extraordinaires la trilogie Welcome in Vienna (Wohin und zurück) met en scène des hommes et des femmes ordinaires qui fuient ou combattent le nazisme, de la Nuit de Cristal en 1938 à la Libération en 1945. Juifs, communistes, Autrichiens ou Allemands antinazis, ils s'échappent de Vienne jusqu'à Marseille en passant par Paris (Dieu ne croit plus en nous), essaient de trouver leur place à New York (Santa Fe) et s'engagent dans l'armée américaine pour se retrouver dans Vienne détruite (Welcome in Vienna). Mais c'est avant tout l'histoire de l'émigration qui est en jeu, intégration et ségrégation, perte d'identité et renaissance. En trois films à couper le souffle, tournés de 1982 à 1986, Axel Corti dessine une fresque historique incroyable, choisissant des personnages si banals qu'ils paraissent interchangeables, les montrant comme nous sommes au lieu de comment nous devrions être. Les héros n'existent pas, ou seulement par un concours de circonstances qui ne tient qu'à la chance. Le noir et blanc donne aux images un aspect documentaire, incorporant de manière transparente les images d'archives. Filmée et montée avec une telle intelligence, cette leçon à la fois d'histoire et de cinéma est tout simplement un chef d'œuvre.
Tant de films ont été tournés sur cette période, mais ils semblent toujours romancer le désordre. Jean Renoir, Michael Powell, Lucchino Visconti, Rainer Werner Fassbinder, Samuel Fuller, entre autres, en avaient déjà montré la complexité en évitant de rabâcher les poncifs. Le cinéaste autrichien dévoile l'ambiguïté des divers gouvernements, dont la France évidemment, et filme la difficulté à laisser derrière soi le passé pour inventer l'avenir.
[https://blogs.mediapart.fr/jean-jacques-birge/blog/310812/welcome-vienna-en-dvd]

Partie 1 : Dieu ne croit plus en nous
Vienne  1938  :  après  la  Nuit  de  Cristal  et  le  meurtre  de  son  père  par  les  nazis,  Ferry  Tobler,  un adolescent juif, fuit l'Autriche. Avec un laissez-passer difficilement acquis, il échoue à Prague. Là, Il y fait  la  connaissance  de  Gandhi,  soldat  allemand  anti-nazi  échappé  de  Dachau,  et  d'Alena,  une tchèque  chargée  d'assister  les  réfugiés.  Ensemble  et  avec  d'autres  immigrants juifs,  ils  parviennent jusqu'à Paris. Mais, sans papiers, ils sont arrêtés et internés par les autorités françaises dans le camp de  rétention  de  Saint-Just-en-Chaussée.  Profitant  du  chaos  qui  suit  l'invasion  allemande,  ils s'échappent et tentent de rejoindre Marseille dans l'espoir de s'embarquer pour les Etats-Unis. 

On trouvera en fichiers téléchargeables, un bel article sur la trilogie, le dossier de presse du distributeur et la fiche du film F170517.

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