Le 17/01/2018 Le Vent de le Plaine
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Mercredi 17 janvier 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)Cycle John Huston (2/4)
Le vent de la plaine / The Unforgiven
John HUSTON (États-Unis, 1960 - 125 mn)
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" La couleur de la peau ne signifie rien, seuls comptent les rapports
entre hommes de bonne volonté." (John Huston).
« Le vent de la plaine flamboie de vérisme mythologique, nuancé et tranché
à la fois, ample et subtil, galvanisé par la rude sensibilité du beau trapéziste
désertique Burt Lancaster ; roux, doux et fou comme un dieu. » (Libération).
On se souvenait de Lilian Gish jouant du Mozart sur un piano, en plein air. De beaucoup de chevaux. D'Indiens méchants, massacrés par des cow-boys virils. On se souvenait d'un western, en somme, qui avait pu faire hurler au racisme. Lilian Gish est bien là, son piano aussi, ainsi que les chevaux et les Indiens, mais de racisme point et de manichéisme pas davantage. Au contraire, film ambigu que Le Vent de la plaine, western, si l'on veut ; mais surtout réflexion désabusée de Huston sur le mensonge et la lâcheté. Rachel Zachary, recueillie autrefois par une famille de pionniers et réclamée aujourd'hui par une tribu de Kiowas, est-elle ou non une Indienne ? A partir de là, plus rien n'est tout à fait blanc, ni tout à fait rouge. Et si l'amour finit par vaincre l'intolérance, c'est au prix d'un meurtre. Plus de trente années après sa sortie, l'oeuvre n'a pas pris une ride. Elle est drue, dense, hallucinée à certains moments, tendrement humoristique à d'autres (la passion lentement avouée par Burt Lancaster). Sous la direction de John Huston, Audrey Hepburn est sublime. [Pierre Murat (Télérama, 19 janvier 2008)]
Une oeuvre construite sur un scénario dépouillé, sobre, limpide, qui fait la part belle, pour ne pas dire unique, aux émotions, aux sentiments, à la psychologie de personnages simples, mais profondément humains, dans leurs faiblesses comme dans leurs idéaux. Illuminée de bout en bout par la sensibilité, la grâce, la radieuse beauté d'Audrey Hepburn, l'oeuvre se développe avec lenteur, dessinant progressivement les fractures qui vont s'ouvrir dans les coeurs et les amitiés des membres de la famille Zachary, tout comme de leurs voisins et associés. Dans un temps où la haine Indiens-Blancs, inexorable, prend le pas sur toutes les autres valeurs, la révélation qui s'impose peu à peu, et paraît naturelle, anodine, à tout observateur extérieur, prend ici la forme d'un coup de tonnerre capable de fracasser les liens les plus solides. Capable d'embraser les esprits et de transformer un racisme larvé (même Ben n'y échappe peut-être pas totalement, comme le suggère sa réaction vis à vis de Johnny Portugal (John Saxon)), en une violence extrême. Si Ben se révèle, grâce en partie à l'autorité naturelle et noble de Burt Lancaster, particulièrement intense dans sa détermination, ce sont en fin de compte les deux femmes qui imposent leurs personnalités riches et fascinantes. L'une, Mattilda, par la complexité de son attitude, l'autre, Rachel, par le déchirement intérieur dû à l'éclatement de la vérité. L'inné domine-t-il l'acquis ? Les liens du sang peuvent-ils se révéler plus forts que l'affection vécue ? Une oeuvre toute en pudeur, grave, poétique, dans laquelle les émotions parlent plus haut que les armes.
[Bernard Sellier (http://www.imagesetmots.fr/pages/cinema/vent_plaine.htm)]