Krishna

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Le 12/06/2019 SOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ

Mercredi 12 juin 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

" Cycle MICHEL GONDRY " (3/3)

SOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ
BE KIND, REWIND

(Michel GONDRY - États-Unis-GB - 2008 - 94 min)

COMMENT REFAIRE DES FILMS CÉLÈBRES AVEC TROIS FOIS RIEN. ENVOÛTANT
Enfant prodige du vidéoclip devenu ces dernières années la nouvelle coqueluche du cinéma indépendant américain, Michel Gondry, 43 ans, donne l'impression de se tenir devant le cinéma comme un enfant devant un immense coffre à jouets. Avec Soyez sympa, rembobinez, comédie complètement déjantée, le cinéaste français bascule de la fantaisie théorique acidulée qui caractérisait Eternal Sunshine of The Spotless Mind ou La Science des rêves, à un burlesque follement original, alliant outrance et finesse, maîtrise et improvisation, avec une maestria à couper le souffle.[...]
Pétris d'un esprit bon enfant et politiquement correct (au bon sens du terme), les gags s'enchaînent dans un tourbillon de cinéphagie potache et d'improvisations débridées. Mike refuse de participer à un remake de Miss Daisy et son chauffeur, parce qu'il juge le film un peu trop paternaliste ; Sigourney Weaver, la démente "cerbère de la porte" de SOS Fantômes, intervient sous les traits d'une représentante des studios hollywoodiens pour détruire l'intégralité des films "suédés"...
Soyez sympas, rembobinez, dont le titre américain, Be Kind, Rewind, infiniment mieux senti, fait référence à la phrase type inscrite sur les cassettes vidéo de location, prône la bricole contre la standardisation aseptisée, la transmission contre la déculturation mondialisée. Célébration de l'enfance et de ses puissances créatrices, il est, de tous les films de son auteur, celui qui s'abandonne le plus librement à la croyance dans le cinéma.[Isabelle Regnier, Le Monde, 04 mars 2008]

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LE 5/06/2019 LA SCIENCE DES RÊVES

ATTENTION: LA SÉANCE AURA LIEU UN MARDI
Mardi 5 juin 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

" Cycle MICHEL GONDRY " (2/3)

LA SCIENCE DES RÊVES

(Michel GONDRY - France-Italie - 2006 - 105 min)

UNE BEAUTÉ ET UNE DRÔLERIE ÉTRANGES
Stéphane souffre par ailleurs d'un désordre mystérieux qui le rend incapable de distinguer les états de veille et de sommeil. Sans savoir avec certitude s'il rêve ou s'il est conscient, il vit sa vie plusieurs fois, dans un Paris assez semblable à celui que nous connaissons et dans un monde sans gravité ni causalité, les deux étant peuplés des mêmes figures. La plus belle d'entre elles est celle de Stéphanie (Charlotte Gainsbourg), timide voisine de palier de Stéphane.
On voit bien le joli petit film qu'on peut tirer de ces postulats. Il est d'ailleurs quelque part dans La Science des rêves. Mais il est entouré d'une autre matière, plus trouble, l'étoffe des songes. D'ailleurs, Michel Gondry ne cherche pas vraiment à faire joli : on le soupçonne d'avoir dépensé des trésors d'ingéniosité et de technologie pour donner à son film l'aspect du super-8. Les couleurs s'en trouvent assourdies, les personnages n'ont pas très bonne mine. C'est que les rêves sont épuisants, que créer sans cesse de nouveaux mondes ne donne pas la clé du bonheur. Stéphane et Stéphanie vivent ainsi une romance imparfaite dans laquelle l'imaginaire voulu (les bricolages) ou subi (les rêves de Stéphane) s'invite, pas toujours opportunément.
Pour qui a aimé Eternal Sunshine, la différence de traitement des personnages est saisissante. Ici, Gael Garcia Bernal et Charlotte Gainsbourg sont maintenus dans leur condition de mortels, ce dont ils s'accommodent avec une grâce peu commune. Jalonné de séquences oniriques d'une beauté et d'une drôlerie étranges, La Science des rêves est un film exquis avec juste ce qu'il faut d'amertume pour rester longtemps à l'esprit. [Thomas Sotinel, Le Monde, 21 août 2009]

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Le 29/05/2019 ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND

Mercredi 29 mai 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

" Cycle MICHEL GONDRY " (1/3)

ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND

(Michel GONDRY - États-Unis - 2004 - 100 min)

"Il y a une tendance, chez les gens qui font du cinéma amateur, à vouloir faire comme les grands.
Ce n'est pas forcément ce que je voudrais encourager. C'est plus créatif, évidemment, de partir de rien.
"
Michel Gondry (Le Monde, 4 mars 2008)

MICHEL GONDRY, DE L'UNIVERS DU CLIP À CELUI DU CINÉMA
La première apparition de Michel Gondry dans ces colonnes remonte à 1989. Le journaliste qui l'attendait à la rédaction avait été ainsi prévenu de son arrivée : "Oui Oui et Roudoudou vous demandent." Oui Oui, c'était le nom du groupe de rock dans lequel Michel Gondry officiait comme batteur, Roudoudou, par ailleurs musicien, faisait office d'attaché de presse. En ces temps reculés, Michel Gondry, échappé d'une école d'art, avait déjà commencé à réaliser les clips de Oui Oui. Quinze ans plus tard, à Deauville, Michel Gondry est l'une des vedettes du Festival du cinéma américain. Il est là pour présenter Eternal Sunshine of the Spotless Mind, son deuxième long métrage, dont la distribution ressemble au classement des meilleurs acteurs en activité à Hollywood : Jim Carey, Kate Winslett, Kirsten Dunst, Mark Ruffalo, Elijah Wood... Ecrit avec Charlie Kauffman, le scénariste de Dans la peau de John Malkovich, Eternal Sunshine classe définitivement Gondry parmi les nouveaux auteurs du cinéma américain, aux côtés de son ami Spike Jonze (qui est lui aussi passé par le clip), de Wes Anderson ou de David O. Russell. [...]
Michel Gondry est batteur, mais sa passion de l'image et du bricolage ne l'a pas quitté. A Lille, lors d'une braderie, il a acheté une caméra Bolex : "J'ai commencé à voir qu'avec cette caméra, une ou deux lumières et un film Kodachrome 40, on pouvait faire pas mal de choses." A cette époque, il partage un appartement avec le musicien et cinéphile Jean-Louis Bonpoint : " C'est lui qui a procédé à la restauration de L'Atalante, en 1990. Il avait une collection de films français du début du siècle aux années 1970. Il me faisait un programme, Duvivier un soir, De Funès, si j'avais été sage, le lendemain. " De cette éducation particulière il a gardé un grand respect pour les principes de mise en scène de Bresson - " utiliser la caméra pour capter quelque chose qui est fort en soi " -, tout en professant son admiration pour les animateurs comme Norman McLaren ou Ladislas Starevitch. [Thomas Sotinel, Le Monde, 06 octobre 2004]

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Le 22/05/2019 PAPA EST EN VOYAGE D'AFFAIRES

Mercredi 22 mai à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

"Yougonostalgie"

PAPA EST EN VOYAGE D'AFFAIRES

(Emir KUSTURICA - Yougoslavie - 1985 - 132 min)

Un cinéaste inventif et contesté
À QUARANTE ANS, il est certainement le cinéaste le plus récompensé de sa génération. Si, en 1979, son premier long-métrage a été interdit par les autorités de la Yougoslavie d'alors (une forme d'hommage), les cinq suivants ont tous obtenu un prix de haut rang dans les grands festivals internationaux. Dont, privilège rarissime, deux Palmes d'or à Cannes pour Papa est en voyaged'affaires (1985) et Underground, qui sort mercredi 25 octobre en France.
Bref, Emir Kusturica et ses oeuvres ne laissent pas indifférents. Ce Sarajévien cosmopolite (il a enseigné et tourné Arizona Dream aux Etats-Unis, il vit aujourd'hui en France) impose une présence qui force toujours l'attention. La luxuriance de son style, son talent cinématographique peuvent aussi susciter la polémique lorsqu'ils se confrontent à l'histoire de l'ex-Yougoslavie et à l'actuelle guerre dans les Balkans. Underground, acclamé à Cannes, a aussi été fêté à Belgrade. Dans la capitale de la Bosnie, en revanche, ce triomphe laisse perplexes et amers les anciens amis de celui qui fut l'une des figures les plus flamboyantes de la vie intellectuelle de Sarajevo. C'était avant la guerre. [Le Monde,26 octobre 1995]

A travers sa mise en scène, Papa est en voyage d'affaires est un film politique. Il est un hymne à la liberté de parole. Il nous dévoile du point de vue cinématographique (narration et mise en scène) les mécanismes de l'absolutisme, car cette simple histoire familiale ne sera jamais déconnectée d'un contexte historique marqué. Le cinéaste porte, déplace, rattache le spectateur à l'histoire d'une famille et l'histoire d'un pays. L'analogie est bien tentante... Le temps d'un récit, c'est un mouvement qui s'installe, oscillant constamment entre la fiction et le constat. [...]
Papa est en voyage d'affaires comporte une thématique récurrente à l'œuvre du cinéaste : une cellule familiale va se composer, se séparer, se diviser, se recomposer et se pardonner au gré des séquences. C'est alors que l'histoire individuelle rejoint l'histoire collective : une famille (histoire individuelle) est malmenée par une société à pensée unique (histoire collective). C'est une malheureuse divergence d'opinion qui va conduire toute la famille à la dérive. Le film débute en 1952. Cela correspond exactement à la période au cours de laquelle Tito désire se séparer du Kominform, afin de devenir le seul gouverneur pour la République fédérale populaire de Yougoslavie. [Yohann Lemaire (lignes-de-fuite.net)]

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Le 18/05/2019 SARAJEVO : STATE IN TIME

Samedi 18 mai 2019 à 20h
 Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

NSK RENDEZ-VOUS GRENOBLE (2/2)
En partenariat avec GRENOBLE VIT L'EUROPE

SARAJEVO: STATE IN TIME
Une histoire de Laibach et du NSK

(Benjamin JUNG / Théo MEURISSE - France - Bosnie-Herzégovine, 2019 - 52 min)

En présence d'Ivan Novak, leader de Laibach, et des réalisateurs
  Ouverture de la buvette à 19h.

Note des réalisateurs
Sarajevo : State in Time raconte une aventure inédite, jamais racontée et jamais traitée dans un film documentaire. L’histoire de SSIT, c’est la petite histoire dans la grande, celle d’artistes slovènes venus soutenir les habitants assiégés de Sarajevo en 1995, en pleine guerre de Bosnie-Herzégovine. (...) Notre aventure nous a fait voyager dans plus de six pays différents au cœur de l’Europe et des Balkans, depuis Ljubljana en passant par Paris et Bienne, jusqu’à la belle Sarajevo, théâtre des affrontements entre nationalistes pendant ce qui est considéré comme le plus long siège de l’Histoire moderne. Artistes, militaires, historiens et habitants de Sarajevo témoins des années terribles du siège... Tous les protagonistes de l’aventure du NSK nous ont donné les clés pour reconstituer leur périple et raconter une histoire encore inconnue du grand public.

SIÈGE DE SARAJEVO, BOSNIE-HERZÉGOVINE, 1995
Cela fait trois ans que les habitants vivent au rythme des explosions et des tirs de sniper. Alors que nombreux sont ceux qui prennent les armes, une autre forme de résistance se met en place : la culture permet aux habitants d’affirmer leur humanité.
Le temps d’un concert, d’une pièce de théâtre ou d’un film, ils oublient l’isolement, le bruit des bombes et les restrictions alimentaires. C’est dans ce climat d’urgence humanitaire et artistique que Laibach et les artistes du NSK traversent l’ex-Yougoslavie en flammes jusqu’à Sarajevo. Ils proclament la ville territoire de l’État NSK dans le temps. SARAJEVO : STATE IN TIME donne la parole à ceux qui ont écrit ce pan de l’histoire et à ceux qui ont vécu l’événement, considéré aujourd’hui comme un des plus importants du siège.

On peut consulter les renseignements complémentaires sur NSK RENDEZ-VOUS GRENOBLE 2019
dans le dossier de presse en attaché ci-dessous.

Le 15/05/2019 L'envers d'une histoire

Mercredi 15 mai 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

NSK RENDEZ-VOUS GRENOBLE (1/2)
En partenariat avec CINÉDUC et GRENOBLE VIT L'EUROPE

L'ENVERS D'UNE HISTOIRE / DRUGA STANA SVEGA

(Mila TURAJLIC - Serbe - France - Quatar, 2018 - 104 min)

Si je suis vraiment une combattante de la liberté, la liberté que j'ai gagnée est le pire échec de ma vie." Srbijanka Turajlic
" Je pense que c’est un film sur l’engagement, mais aussi sur la transmission d’un certain héritage moral qui, comme tout héritage matériel, doit être pris en compte par chaque génération pour construire sa propre existence. En ce sens, ma mère et moi sommes à l’opposé l’une de l’autre en termes d’engagement : elle ne se questionne jamais, ne se demande pas si tout cela valait le coup. Alors que moi, je suis totalement dans le doute à ce sujet." [Mila Turajlic [lepolyester.com.- 23 octobre 2018]

Une porte restée fermée pendant plus de 70 ans dans l'appartement d'une famille de Belgrade devient le point de départ d’une formidable chronique familiale, politique et historique. La famille est celle de la réalisatrice, incarnée par sa mère, la charismatique Srbijanka Turajlić, ancienne professeure universitaire et importante figure de l'opposition au régime des années 1990. Grâce aux conversations des deux femmes, à la fois profondes et drôles, on parcourt l'histoire mouvementée d'un pays, ses bouleversements et ses changements politiques. Il est souvent question d'engagement citoyen et des responsabilités portées par chaque génération - celles des protagonistes mais aussi celles des spectateurs. Grâce à la générosité du récit, on plonge dans une passionnante fresque dans laquelle la réalisatrice, telle une habile couturière cinématographique, arrive à assembler le personnel et le politique, et par ricochet, la petite et la grande histoire. Dans ce voyage à travers les époques et les idéaux, cette porte fermée se révèle être un magnifique prétexte pour explorer cette aventure humaine.

Animé par un esprit de clarté, le film parvient à entremêler des trames historiques, générationnelles et géopolitiques complexes, grâce à un travail de montage extrêmement efficace, d’une grande fluidité narrative, truffé en outre d’images d’archives étonnantes et peu montrées (l’apostrophe catastrophée de Vinko Hafner, l’un des « pères fondateurs » de la Yougoslavie, à un Milosevic drapé dans son orgueil sur les bancs du Parlement).
Mila Turajlic joue sur la façon dont l’intérieur (l’appartement) et l’extérieur (la rue, l’espace public) se convoquent mutuellement. Sa caméra joue avec habileté du motif des embrasures et des fenêtres qui permettent à l’un et l’autre de communiquer : celles qui ouvrent au-dehors et permettent d’observer, par exemple, les manifestations en cours, mais aussi la télévision, où bruissent les images du pays. Le film n’est ainsi fait que de seuils à franchir, jusqu’au seuil ultime et originel : la scission de l’appartement.
Mais, en matière de passage, le plus beau est encore le relais, d’un côté à l’autre de la caméra, entre la mère et sa fille : ce flambeau des luttes que l’on n’a pas pu mener jusqu’au bout et, avec lui, la vigueur d’un pessimisme sachant qu’il n’y a, peut-être, pas grand-chose à espérer des révolutions. Du moins jusqu’à la prochaine. [Mathieu Macheret, Le Monde, 24 octobre 2018].

 Renseignements complémentaires sur NSK RENDEZ-VOUS GRENOBLE 2019 dans le dossier de presse en attaché ci-dessous.

SAMEDI PROCHAIN, 18 MAI, À PARTIR DE 19h
  Soirée spéciale NSK Rendez-vous Grenoble 2019 :
SARAJEVO: STATE IN TIME

Le 7/05/2019 La Randonnée

ATTENTION :
Cette séance du Ciné-club aura lieu le MARDI 7 MAI 2019 à 20h

Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle "Grands espaces, Grand écran "(4/4)

LA RANDONNÉE / WALKABOUT

(Nicolas ROEG - Australie-UK - 1971 - 100 min)

" Nicolas Roeg m’a fait comprendre que, grâce au montage,
il était possible de juxtaposer des événements, des petits faits apparemment sans relations entre eux,
et de créer ainsi un sentiment d’hyperréalisme : cela m’a beaucoup influencé."
[Guillermo del Toro, avril 2009].

Se réapproprier le monde !
Hypnotique

C'est l'effet que produit la "balade sauvage" à laquelle nous convie Nicolas Roeg dans Walkaboutméditation panthéiste et cruelle sur la société occidentale et les rapports troublés entre l'homme et la nature. Après quelques plans furtifs d'une métropole bruissante, où l'activité humaine semble incessante, le cinéaste arrache à la "civilisation" une adolescente et son petit frère pour les projeter, seuls, dans une vaste étendue désertique. C'est alors que leur trajectoire de survie commence – ou plutôt, leur réapprentissage de la vie. Car il s'agit bien du parcours initiatique de deux enfants qui, à travers leur odyssée sauvage et leur rencontre avec un jeune Aborigène, vont peu à peu se réapproprier le monde.
Mais Walkabout n'est pas un hymne pastoral et candide à la Nature. Malgré la majesté des paysages et la chaude lumière qui vient caresser les personnages, Nicolas Roeg filme les dangers qui guettent les enfants à leur insu, à l'instar de Charles Laughton dans La nuit du chasseur : ici un python, là un scorpion, plus loin encore un étrange animal qui en dévore un autre et, bien entendu, l'omniprésence d'un soleil implacable brûlant tout sur son passage. Face à cette nature parfois hostile, le jeune Aborigène se révèle un guide bienveillant avec les deux Occidentaux. Et surtout, le cinéaste montre qu'entre êtres humains, la communication peut s'établir, en dépit de la barrière de la langue. Dans cette magnifique relation qui se tisse entre les trois protagonistes, le petit garçon est un médiateur poétique, dans la grande tradition du cinéma fantastique où les enfants assurent le lien entre le monde réel et le fantasmagorique. Décidément, Walkabout n'en finit pas de dévoiler ses merveilles…[Franck Garbaz, dossier de presse du distributeur]

De film en film, Nicolas Roeg a su bâtir une oeuvre d’une indéniable cohérence, tant stylistique que thématique, qui parvient dans sa diversité même à se centrer autour d’une obsession : la nature humaine et ses failles, l’individu, sa place au sein de l’univers, son rapport à ses propres pulsions. Réalisé en 1971 et écrit par Edward Bond (qui adapte le roman de James Vance Marshall), Walkabout,son deuxième film, prend la forme d’un récit initiatique évoquant le périple de deux jeunes anglais – une jeune fille et son petit frère perdus dans le désert australien – et leur rencontre avec un adolescent aborigène devant faire son « Walkabout » soit l’apprentissage de la vie en apprenant à survivre seul au sein du territoire.
De cette réunion impossible de deux civilisations, va naître une communication au-delà du langage, la découverte de l’univers se faisant l’écho du passage d’un âge à un autre. Humaniste désabusé, Roeg conçoit le cinéma comme un vecteur de réflexion philosophique sur le comportement humain. Qu’il aborde le fantastique (Don’t look now), la science fiction (L’homme qui venait d’ailleurs) ou le drame passionnel (Bad Timing), il raconte la même histoire, la nôtre, avec un attachement quasi ethnologique à la dichotomie entre homme primitif et homme civilisé, libre ou sociabilisé, entre l’instinct et l’intellect. Ici, il confronte l’image du modèle social à celle du bon sauvage à travers la rencontre entre celui qui ne connaît pas la civilisation et celle qui en est le produit. Bad Timing déclinera le même thème lorsqu’il dissèquera le sentiment amoureux en opposant l’hédonisme instinctif de son héroïne au bon sens intellectuel d’un héros bien sous tout rapport, parfait citoyen dissimulant la pulsion la plus animale, symbole de la supercherie sociale. [Olivier Rossignot (culturopoing.com)]

Le 02/04/2019 JEAN-FRANCOIS I EL SENTIT DE LA VIDA

Mardi 2 avril 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

En partenariat avec le Festival OJO LOCO

JEAN-FRANÇOIS I EL SENTIT DE LA VIDA

(Sergi PORTABELLA - Espagne - 2018 - 95 min)

Dans son premier long-métrage, Portabella (scénariste de El fin del mundo será en Brasil, 2013) traite ici la détresse adolescente avec une finesse loin de tout pathos dans une fuite ingénue vers la France. Elle dénote cependant une certaine invraisemblance et une impuissance de la part des adultes : l'adolescent est à la dérive, personne (ni sa mère, ni la directrice de l'école, ni son psy) ne parvient à l'aider, ce qui le pousse à fuir vers Paris. Comme si cette fuite pouvait gommer ses problèmes d'enfant différent. Le film se transforme en quête existentielle dans un monde où les adultes n'ont pas leur place : Francesc se donne une nouvelle identité en devenant Jean-François, il enlève son patch, découvre l'amour et la soif d'aventure. Tout devient possible, sa vie peut changer ; il s'ouvre au monde et renie sa propre identité.
Si le ton triste et dramatique est planté d'emblée dans un cauchemar de Francesc (celui de sa propre mort), le reste du film cherche néanmoins à aller vers la comédie ironique sous fond de musique classique et rock. Les acteurs plantent à la perfection leurs personnages en quête d'un sens pour leur propre vie. L'équilibre entre le dramatique et la légèreté est parfait. [...]
Une belle ode à l'adolescence qui nous rappelle, à l'heure d'internet, qu'il faut vivre et croire en ses rêves. Aurore Kusy [cinespagne.com]

Le 30/04/2019 Il était une fois en Anatolie

ATTENTION :
  Cette séance du Ciné-club aura lieu le MARDI 30 avril 2019 à 20h

Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle "Grands espaces, Grand écran "(3/4)

IL ÉTAIT UNE FOIS EN ANATOLIE
Festival de Cannes 2011: Grand Prix

Meilleur film au Festival international du film de Dublin 2012

(NURI BILGE CEYLAN - Turquie/Bosnie-Herzégovine - 2011 - 157 min)

" Il était une fois en Anatolie a la beauté des films rares et fiers, minoritaires dans leur époque."

Ce qui est neuf, c’est la Turquie. Les films de Ceylan sont issus d’un pays qui a été marginal dans l’histoire du cinéma, nous donnant de ses nouvelles et nous permettant de vérifier en quoi il nous ressemble et nous dissemble.
Et puis, si ce cinéma du plan large, de la durée et de l’introspection n’est pas nouveau, à l’heure des écrans réduits (que reste-t-il d’un plan large sur un iPhone ?), de la vitesse et de la technologie triomphante, sa lenteur désabusée et son ampleur contemplative en ressortent avec plus d’acuité. 
[Serge Kaganski, Les Inrocks - 01 novembre 2011]

Le déroulement de l'un des grands films de ce Festival de Cannes, 2 h 37 magistrales, au cours desquelles ce poète ténébreux qu'est le Turc Nuri Bilge Ceylan illustre ce que veut dire faire du cinéma : sonder la faiblesse des hommes et leurs désirs, évoquer ce qui transparaît d'âme dans leurs silences et ce que leurs obsessions traduisent de soucis quotidiens, communiquer des sensations, coller au temps qui passe, brouiller les notions de documentaire et de fiction.
Il était une fois en Anatolie nous raconte une histoire, avec la densité romanesque d'un Dostoïevski, sa dextérité à mêler les styles (réaliste, tragique, bouffon) et à nourrir l'intrigue de digressions. Par la plausibilité des faits qu'elle dépeint, le rythme avec lequel elle les égrène, la précision tour à tour juridique et chirurgicale qui y est observée, cette histoire colle si précisément au réel que l'on pourrait la comparer avec la manière dont un Raymond Depardon ou un Fred Wiseman enregistrent faits divers, travaux de police ou audiences de tribunal. La façon dont s'y écoulent les heures rappelle le chemin de croix infernal du moribond ballotté dans l'enfer des urgences médicales de La Mort de Dante Lazarescu, du Roumain Cristi Piu (2006). [Jean-Luc Douin, Le Monde,14 avril 2011]

En resserrant le cadre sur l’intime, le cinéaste opère un glissement de l’observation des paramètres sociaux (professionnels, idéels) de son échiquier vers un questionnement paradoxalement plus absolu de la morale et de son rapport à la légalité. Bilge Ceylan sait faire sentir la réflexion sans l’expliciter afin de donner, après, davantage d’ampleur à sa manifestation en actes. A nous donc, de deviner ce que renferment ces longs silences des personnages. Cela suppose un effort d’investissement du spectateur dans le film. Le suspense particulier qui peut dès lors émerger et qui décuple la portée émotionnelle d’actes en eux-mêmes minimes (celui, final, du médecin) n’est pas à négliger. Il montre bien qu’Il était une fois en Anatolie ne révèle pas d’un cinéma du « rien », mais d’un cinéma du subtil, qui lutte contre la passivité du spectateur. [31 août 2011(silence-action.com)]

Ceylan s’inscrit ainsi clairement dans une esthétique de l’opacité, où les différents régimes d’être s’entremêlent et se parasitent : l’errance des personnages à travers la nuit vaut aussi pour le spectateur, qui, entre le vrai et le faux, le signifiant et l’insignifiant, est forcé de trouver un chemin, sans savoir à quoi tout cela est censé aboutir. Il était une fois en Anatolie prend la forme d’une dérive, le film bégaie, l’objet de la quête se dilue, ceci pour mieux aboutir au dessein du cinéaste : la dissection de l’âme humaine – pour laquelle sa passion est avérée, il cite Dostoïevski à l’envi comme source d’inspiration. Car s’il est un point d’arrivée dans ce langoureux cheminement, c’est bien celui de l’autopsie du corps, finalement retrouvé ligoté au petit matin. Seulement perçue par le son – précis et très évocateur –, la dissection agit comme un miroir, l’aboutissement d’un film dont l’objet est bien de révéler une intériorité impénétrable. [Arnaud Hée, Olivia Cooper Hadjian, critikat.com]

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Le 10/04/2019 2001: L'odyssée de l'Espace

Mercredi 10 avril 2019 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Cycle "Grands espaces, Grand écran "(2/4)

2001, L'ODYSSÉE DE L'ESPACE

(Stanley KUBRICK - États-Unis - 1964 - 154 min)

" Le metteur en scène a conçu un film qui a frappé soudain de vieillissement tout le cinéma de science-fiction, au risque de décevoir les "spécialistes" qui n'y retrouvaient pas matérialisés leurs chers extraterrestres et de rendre perplexes les "amateurs" par l'audace de sa narration." [Michel Ciment].

Stanley Kubrick sur son film:
« J'ai essayé de créer une expérience visuelle, qui contourne l'entendement et ses constructions verbales, pour pénétrer directement l'inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique. J'ai voulu que le film soit une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur à un niveau profond de conscience, juste comme la musique ; « expliquer » une symphonie de Beethoven, ce serait l'émasculer en érigeant une barrière artificielle entre la conception et l'appréciation. »
« Quand un film a de la substance ou de la subtilité, on ne peut jamais en parler de manière complète. C'est souvent à côté de la plaque et forcément simpliste. La vérité a trop de facettes pour se résumer en cinq lignes. Généralement, si le travail est bon, rien de ce qu'on en dit n'est pertinent. »
« Vous êtes libres de vous interroger tant que vous voulez sur le sens philosophique et allégorique du film — et une telle interrogation est une indication qu'il a réussi à amener le public à un niveau avancé — mais je ne veux pas donner une grille de lecture précise pour 2001 que tout spectateur se sentirait obligé de suivre de peur de ne pas en saisir la signification. »
 

 

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