Le 18/01/2017 Le Sixième Continent
- Publié dans Festival des Maudits Films
Mercredi 18 janvier 2017 à 18h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Mercredi 18 janvier 2017 à 18h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Mercredi 18 janvier 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Samedi 21 janvier 2017 à 18h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Samedi 21 janvier 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Samedi 21 janvier 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
Cinq filles totalement badass en mode ninja: Chuck Norris peut aller se rhabiller!
Mardi 7 février 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble
« Vous savez ce que sont les limbes ?
Les limbes ne sont pas exactement l'Enfer...
C'est un endroit aux marges de l'Enfer. »
Le 8 juin 2016, l'ONU annonce que plus de 10 000 migrants sont morts en Méditerranée depuis 2014.
Sur l’Aquarius, Jean Paul Mari est parti comme volontaire pour secourir les naufragés qui se noient par milliers au large des côtes libyennes. Il a rejoint SOS Méditerranée, une association de bénévoles qui n’ont qu’un objectif : sauver le plus possible de vies dans cette portion de mer où les réfugiés se noient par milliers. Les migrants ne savent pas nager… Et quand ils grimpent sur l’Aquarius en abandonnant leurs embarcations de fortune sur le point de couler, ils sont à bout, exténués après des mois de marche dans le désert, de rétention dans des camps où ils ont été détenus en otages et parfois réduits à l’esclavage. À ce moment précis, ils n’ont plus rien d’humain. Durant cet instant suspendu à bord de l’Aquarius, ils recouvrent enfin une parcelle d’humanité. C’est cet instant que Jean Paul Mari a saisi, celui de la rencontre entre ces miraculés revenus de l’enfer et une poignée de bénévoles qui ont mis leur vie entre parenthèses pour sauver celle des autres.
En Libye on nous traite comme des esclaves [in sosmediterranee.fr]
Y., ivoirien, 26 ans, raconte les épreuves qu'il a traversées en Libye avant d'être poussé en mer à bord d'un canot pneumatique, et d'être secouru en mer par l'Aquarius le 13 janvier dernier [2016].
« Je me suis parti seul, je suis passé par le Burkina, la Côte d’Ivoire le Niger et puis la Libye pour arriver à Al Qatrun la première ville libyenne dans le désert. J’ai passé deux semaines pratiquement sans manger et sans boire. J’étais là-bas, sans aucun papiers, sans aucun document de valeur, traité comme une marchandise » raconte Y. Il explique qu’il s’est ensuite retrouvé dans un camp, où il n’avait droit qu’à « une cuillérée de nourriture et un pain par jour et rien jusqu’au lendemain». Il raconte que le 3 décembre il y a eu une révolte autour de la prison où il se trouvait, sans savoir exactement expliquer où elle se trouvait. « Vous savez, ça ne va pas très bien entre les libyens. Ils se disputent le business ».
« Ce jour là, certains ont commencé à pousser la porte et 15 à 20 personnes se sont échappées. Les autres ont été tuées. En tout une quarantaine de personnes sont mortes ». Il se souvient avoir vu certains de ses compagnons tomber sous les balles. « J’ai réussi à m’en sortir et j’ai été aidé par un noir du Niger. Il m’a récupéré et il m’a donné à manger. Il m’a mis en contact avec d’autres personnes et je suis parti pour Bani Walid. Pour 100 dinars, on m’a fourré dans un 4x4. Arrivé à Bani Walid, je ne pouvais plus retourner en arrière ». Celui qui l’a « aidé » devient alors son « tuteur », explique Y. « J’étais obligé de travailler pour lui. Faire n’importe quel travail : laver la maison, la voiture, tondre le gazon, aller aux champs. Je n’ai jamais été payé. Tout ce qu’on m’a donné c’est une cuillérée de nourriture ».
« En Libye, on nous traite comme des esclaves » explique Y. « On nous fait faire des travaux que des machines peuvent faire, tout ça pour une cuillérée de nourriture par jour. J’ai des traces dans le dos. J’ai été frappé. On me mettait un truc électrique sur la cuisse chaque matin. Et puis j’ai eu une fracture, je suis tombé, j’ai perdu connaissance. Mais il fallait que je retourne travailler. Ils ne nous payent jamais pour le travail que nous faisons, ils nous frappent. C’est pour tout le monde pareil. Et tu ne peux pas t’échapper. Il y a des enfants de dix ans, de douze ans avec des armes, ils nous chassent, ils disent « ici c’est chez nous » et ils n’hésitent pas à tirer » poursuit le jeune homme, d’un ton détaché.
Mardi 14 mars 2017, 18h30 : Ouverture des « 50 ans du Ciné-club de Grenoble »
en présence d’Éric Piolle,
Maire de Grenoble.
Salon de la Maison de l’International
(à côté du Cinéma Juliet-Berto)
« Je ne crois pas que les films soient faits pour être compris,
ni que leurs images et leurs sujets doivent être expliqués.
On devrait exiger bien davantage d’un film, quelque chose de très différent.
Un film doit modifier la perception du spectateur, l’inciter à fondre l’image,
le son et l’idée dans une expérience unifiée lui permettant de pénétrer
et d’apprécier la vie intérieure du film. » – Michelangelo Antonioni.
« Gradually Antonioni brings us face to face with time and space, nothing more,
nothing less. And they stare right back at us. It was frightening, and it was freeing.
The possibilities of cinema were suddenly limitless. » – Martin Scorsese.
[Cités par Nicholas Renaud, Hors-Champs, Novembre-Décembre 2016].
Michelangelo Antonioni sur son film :
« Je ne sais pas comment est la réalité. La réalité nous échappe, elle ment continuellement. Lorsque nous pensons l’avoir saisie, elle est déjà différente. Je me méfie toujours de ce que je vois, de ce qu’une image nous montre, parce que j’imagine ce qu’il y a au-delà, et nous ne savons pas ce qu’il y a derrière une image. Le photographe du film qui n’est pas un philosophe, veut aller voir de plus près, mais lorsqu’il l’agrandit, l’objet lui-même se décompose et disparaît. Il y a donc un moment au cours duquel on saisit la réalité, mais l’instant d’après, elle nous a déjà échappé. Voilà, un peu, le sens de Blow up ».
MICHELANGELO ANTONIONI, UN PEINTRE MODERNE
« Cinéaste de l’incommunicabilité » : cette étiquette colle à la peau de Michelangelo Antonioni, encore désigné par cette formule au moment de sa mort, le 30 juillet 2007. L’expression est forcément réductrice pour un artiste qui a laissé une empreinte aussi forte et personnelle dans le cinéma, à l’instar d’Ingmar Bergman disparu le même jour que lui. Bien que différents, ces deux grands peintres du couple en crise représentent des figures phares du cinéma d’auteur européen, au point de voir leur nom devenir un qualificatif : ainsi parle-t-on de films antonioniens, preuve d’une esthétique devenue une référence et pour certains (Wenders par exemple) un héritage. Chez Antonioni, les paysages, l’architecture, le ciel et la couleur ont leur mot à dire, en silence toujours, comme s’ils étaient des personnages à part entière : ils participent à la désintégration d’un amour, d’une identité, d’un récit et à la diffusion d’un malaise informulable. De la radiographie inédite, à la fois très picturale et documentaire, qu’il fait du monde contemporain, le cinéaste tirera toute sa modernité et une puissance formelle rare.
L’œuvre d’Antonioni a été et continue d’être éminemment fertile pour la littérature sur le cinéma. On a donc beaucoup cherché à expliquer ce qui « n’est pas fait pour être expliqué », comme il le disait lui-même. Bien entendu, certains critiques et historiens sont bien conscients des écueils du langage et du travail analytique en face des films d’Antonioni, ils ont su trouver des angles et le vocabulaire pour en rendre certaines dimensions plus intelligibles. Mais aussi un ensemble de clichés, de raccourcis et de spéculations se sont propagés. De plus, la masse des discours a presque laissé croire que l’œuvre est faite pour l’analyse, qu’elle part elle-même de prémisses théoriques, qu’on a besoin de quelques clés conceptuelles pour y entrer. Antonioni est devenu malgré lui une sorte de faire-valoir intellectuel. Il l’a un peu cherché, pourrait-on dire, avec un film comme Blow Up (1966), y posant des questions sur la nature du réel, son incertitude pour la perception et les problèmes de sa reproduction dans les images, permettant alors à bien des plumes de s’enorgueillir de leur analyse et de virevolter dans la sémiologie (une recherche internet sur Blow Up peut provoquer une nausée aiguë).
Nicolas Renaud [HORS-CHAMPS, Novembre-Décembre 2016].
En fichiers téléchargeables ci-dessous: le Dossier de presse des 50 ans (DP170225_50ans) et deux dossiers d'étude sur le film (LC1_Antonioni_Blow_Up et LC2_Antonioni_Blow_Up. ainsi que la fiche F170314 du film.
On continue à fêter les
"50 ans du Ciné-club de Grenoble" demain Mercredi 15 mars avec
Un crime dans la tête
(John Frankenheimer, 1958)
Cycle " URSS et RUSSIE " (3/3)Stalker
Andreï Tarkovski (URSS, 1979 - 161 mn)
« Il [AT] est le plus grand, parce qu’il se promène dans l’espace des rêves sans rien à expliquer. » (Ingmar Bergman).
« Le film devrait être pour l’auteur et pour le spectateur un acte purificateur. » (Andrï Tarkovski).
Il réapprend la lenteur
Stalker est un film à suspense, mais c’est tout sauf un film d’action. Une œuvre énigmatique dès le départ, qui prend son temps pour avancer, tout comme le Stalker et ses acolytes, qui n’emploient jamais la ligne droite (“Trop dangereux !”). Non seulement le film est lent, mais les personnages font de longues haltes au cours desquelles ils somnolent et débattent de sujets philosophiques ou éthiques.
Si on a célébré les vertus de la slow food, par opposition au fast food, on peut aussi réapprendre la lenteur grâce à Tarkovski. Son cinéma nous permet de regarder et de sentir en toute liberté, sans avoir à se soucier d’une quelconque finalité, en oubliant toute précipitation. La quête des héros de Stalker est tout simplement le sens de la vie. Ils s’attendent à sortir de leur misérable condition humaine grâce à cette expérience indicible. Donc, aucune raison pour se presser.
Il réinsuffle la croyance dans le cinéma
Toute l’histoire repose sur des postulats, des affirmations du Stalker, conteur dans le conte. Tout tient sur sa parole, sur son affirmation que la chambre exauce les désirs les plus fous. Le Stalker prétend également que si l’on ne suit pas ses procédures, on risque sa vie. De toutes ces affirmations et avertissements, rien ne sera confirmé ni infirmé. Un des protagonistes en fait d’ailleurs la remarque à un moment, se demandant si tout cela n’est pas un bluff. D’où la beauté du film, qui fait vibrer et frémir au diapason des personnages, mais sans jamais fournir aucune preuve que toute cette inquiétude soit fondée.
Aucun indice, aucune manifestation surnaturelle, à part les pouvoirs télékinésiques de la fille du Stalker – périphériques au récit. Malgré cela on est tenu en haleine de bout en bout. A chaque détour du chemin, on se demande ce qui va survenir. En cela, le Stalker, joué par le très habité Alexandre Kaïdanovski, est fort convaincant. Le film agit sur nous et nous change. Le film c’est la Zone, la Zone c’est le film : un écrin fermé et intime où tout semble possible et imaginable. [Vincent Ostria (Les Inrocks, 10 juin 2016)]
Mardi 23 janvier 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)En partenariat avec le 10è Festival des Maudits films
Dr Jekyll & Mr Hyde / Edge of Sanity
(GB, France, Hongrie - 1989 - 85 mn)
Gérard Kikoïne, en sa présenceGérard Kikoïne mêle les mythes cinématographiques du Dr Jekyll et de Jack l’Eventreur pour une performance sur mesure d’Anthony Perkins dans un long métrage qui doit beaucoup à l’esthétique des films du Ken Russell des années 80...
Techniquement, le film présente aussi de nombreuses qualités. Les décors sont somptueux (notamment le laboratoire du docteur), les costumes délirants, la partition de Frédéric Talgorn à la fois symphonique et élégante, et la photographie très léchée contraste avec la vulgarité assumée de certains dialogues. En s’inspirant de l’expressionnisme allemand et de ses jeux d’ombres (le look d’Anthony Perkins renvoie immanquablement au Cabinet du Dr Caligari), Kikoïne ose une mise en scène originale et inventive, alternant plans d’ensemble, contre-plongées, zooms, gros plans, caméras tournoyantes. Bref, on doit dire qu’on ne s’attendait pas à une telle maîtrise visuelle de sa part. Il capte divinement l’ambiance claustrophobe de la ville, ses rues étroites, sa nuit omniprésente et son atmosphère gothique. [Maxime Lachaud, avoir-alire.com]
Mercredi 24 janvier 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)En partenariat avec le 10è Festival des Maudits films
Péché mortel / Leave Her To Heaven
John Stahl (États-Unis, 1945 - 110 mn)
" Tourné la même année que Duel in the Sun (Duel au soleil), Leave her to heaven est au « film noir» ce que le film de King Vidor,
produit par David O. Selznick, est au western : une œuvre passionnée et fulgurante qui utilise
avec génie les tons du Technicolor de l’époque,devenus ici un élément dramatique indispensable."
[Patrick Brion – Le film noir – Editions de La Martinière, 2004, p. 103)]
Une oeuvre passionnée et fulgurante qui utilise avec génie les tons du Technicolor de l'époque, devenu ici un élément dramatique insdipensable.
Les couleurs du Technicolor, parfaitement conservées, constituent peut-être ce qu’il y a de plus nostalgique dans ce film. Et c’est dans cette nostalgie que réside ce qu’il faut bien appeler un transfert du sujet du film. Bien sûr, l’histoire de l’amour et de la trahison des deux amants puis la mort d’Ellen ne se sont pas évaporées du regard du spectateur d’aujourd’hui. Tout comme le dialogue, le découpage, le montage, le jeu sans faille des acteurs. Tous ces éléments qui constituent la mise en scène sont relayés par un intérêt qui déborde peu à peu tous les autres : les couleurs du Technicolor. En désirant épouser de plus en plus fidèlement le réel et en utilisant des couleurs de plus en plus réalistes, c’est-à-dire neutres, le cinéma d’aujourd’hui s’est détaché de ses propres fondements et de sa propre réalité cinématographique.
Les couleurs de Péché mortel modifient notre regard. Le film de John Stahl n’est qu’une suite de magnifiques cartes postales enfilées les unes à la suite des autres. Et qu’est-ce qu’une carte postale ? Un moment de bonheur, un souvenir, un message, l’amitié, l’amour, la passion...
Les bleus, les roses, les rouges, les verts de Péché mortel séduisent et bercent notre regard. C’est kitsch, c’est baroque, dites-vous ? Oui, car ici seules comptent les couleurs. Je ne connais que très peu de films récents dans lesquels la couleur est si brillamment utilisée pour sa forme et pour son sujet : je citerais volontiers Hamlet, ce film anglais très rare de Celestino Coronado, Coup de coeur de Francis Ford Coppola, Hammet de Wim Wenders, Passion de Jean-Luc Godard.
[Gérard Courant, Cinéma 81, n° 273, septembre 1981].
13-03-2015 Hits:30302 Partenaires Christophe
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