Christophe

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Le Baiser de la femme araignée

Mercredi 8 avril 2015, 20h
Le baiser de la femme araignée / Kiss of the Spider Woman
Hector Babenco (Brésil - 1984)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
En partenariat avec le 15è Festival " Vues d'en face "

« Ce film possède, du début à la fin, l'étoffe des grands chefs-d'oeuvres. C'est une toile de celluloïd. »
The New York Times.
« Hector Babenco a réalisé une oeuvre curieuse, intelligente, étonnante, déroutante, digne et poignante.» 
Excessif.com.

William Hurt: Oscar du Meilleur acteur
et Prix d'Interprétation masculine au Festival de Cannes 1985.

Le Baiser de la femme araignée est de la trempe de ces films cultes qui font partie de notre mémoire collective, de notre histoire, de notre identité, au même titre que des chefs-d’œuvre comme Théorème, Querelle ou Torch Song Trilogy.
Dans une prison d’un pays d’Amérique latine, Valentino, militant politique (Raoul Julia) et Molina, un homosexuel travesti (époustouflant William Hurt), deux personnages isolés dans leurs idéaux, vivant deux réalités différentes, sont enfermés dans la même cellule. Les longues heures de la journée sont rythmées par les cris des détenus passés sous la torture des gardiens. Pour fuir la peur et l’ennui, Molina s’évade par les songes et rêve de l’âge d’or du cinéma. Tous les jours, il raconte en détail à son codétenu l’histoire d’un film d’espionnage romantique de l’époque de l’UFA qui avait bercé son enfance. Molina se la joue Zarah Leander et semble s’identifier à l’héroïne de cette histoire d’amour, de trahison et de mort.
Molina n’est-il pas en train d’inventer cette histoire ? N’est-il pas en réalité en train de la vivre et de la construire ? Cette histoire de femme araignée n’est-elle pas tout simplement sa propre histoire ? Prisonniers de leurs conditions, de leurs désirs, en dépit des tentatives de manipulation des gardiens, le révolutionnaire marxiste et l’homosexuel efféminé vont apprendre à se connaître, s’apprivoiser, s’entraider, s’aimer. Mais tout cela n’est–il pas un jeu de dupes ? Chacun ne voit-il pas à travers l’autre le moyen de s’assurer la liberté ?
Film carcéral onirique et labyrinthique (on pense souvent à Brazil de Terry Gilliam ou à Birdy d’Allan Parker), mais aussi vrai film politique, théâtre de la tragédie humaine à l’ambiguïté vénéneuse, Le Baiser de la femme araignée tutoie plus d’une fois le sublime. Adapté brillamment par le Brésilien Hector Babenco du roman éponyme de l’Argentin Manuel Puig, spécialiste des techniques littéraires expérimentales, le film est présenté pour la première fois à Cannes dans la sélection officielle en 1985. William Hurt y obtient le prix de la meilleure interprétation masculine. Le film est revenu à Cannes en 2010 dans la sélection Cannes Classics, vingt-cinq ans tout juste après sa première présentation au Festival, dans une copie flambant neuve. Une reconnaissance méritée pour un film désormais classique.
Ivan Mitifiot, 5 février 2015.
[http://www.heteroclite.org/2015/02/le-baiser-de-la-femme-araignee-babenco/]

Titus

Mercredi 1er avril 2015, 20h
Titus [Charlie Cattrall (GB - 2013)]
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

Prix du public au Festival du Film Britanique de Dinard
Attention: ce film est inédit en salle

Titus, jazzman afro-américain, dépérit à Londres chez une amie, séparé de son amour, son saxophone alto. C'est alors que Jessica entre dans sa vie pour mettre, pendant un temps, ses démons en sommeil. Titus nous plonge dans une histoire poétique, la rédemption d'un homme n'ayant connu que l'enfer. Il modernise le couple "film noir et blanc et jazz" pour le plaisir des yeux et des oreilles.
Le jazz, forcément ! Derrière l'histoire dramatique du scénario, il y a une magnifique invitation à l'écoute musicale. Certaines scènes sont portées par la musique. Paradoxalement, l'on peut savourer certains moments du film les yeux fermés. Mais ce serait dommage au vu de subtilité des angles de vues choisis lors de la réalisation.

Note: Le film n'ayant pas encore eu de distribution en France, on peut lire une critique du film lors de sa programmation au Raindance Film Festival (GB), et une interview de Charlie Cattrall sur la genèse du film dans les fichiers téléchargeables ci-dessous.

 

Le Carrosse d'or

 

Mercredi 17 décembre 2014, 20h

 
" Trois aspects du Cinéma de Jean Renoir" (fin)
Le Carrosse d'or (Jean Renoir, France/Italie - 1953)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

« Cet écrin précieux a eu le rare bonheur d’enfermer les riches joyaux qui ont nom : 
Commedia dell’arte, Vivaldi, Magnani. Rien donc de théorique. 
Si un auteur peut se flatter de faire passer
dans la forme ce qui constitue 
d’habitude le fond de son propos,
c’est que celui-ci est en 
même temps le propos privilégié de l’art dans lequel il s’exerce. »
Eric Rohmer [in André Bazin, Jean Renoir [Ed. Champ Libre (1971)].

Le Carrosse d’or est le deuxième film en couleurs de Renoir après Le Fleuve (1951). C’est une étape particulière dans la filmographie du cinéaste après les dix ans de sa prolixe période étatsuniene (L’Étang tragique (1941), Vivre libre (1943), L’Homme du Sud (1945), Le Journal d’une femme de chambre (1946), La Femme sur la plage (1947), etc.). Avec Le Fleuve, Renoir a exploré le potentiel à la fois réaliste et onirique de la couleur, travaillant la picturalité des vêtements, des corps et des décors. On retrouve ces potentialités dans le drôle et flamboyant Carrosse d’or. Dans une histoire apparemment désuète, on retrouve toutes les obsessions habituelles de Renoir : l’hypocrisie sociale, la lutte des classes, la difficulté à exister en dehors de son milieu et de ses passions. Son héroïne, Camilla (Anna Magnani), n’est pas bien différente du bougon Maurice Legrand de La Chienne, qui préfère une vie vagabonde au confort bourgeois et aux préoccupations matérielles.

Jean Renoir sur Le Carrosse d’or
J’ai proposé de m’appuyer sur la commedia dell’arte et de faire de Magnani un personnage de commedia dell’arte. Cette proposition a été acceptée. J’ai donc commencé à étudier la commedia dell’arte et j’ai cherché une musique – c’est très commode d’avoir une musique qui vous aide, même à écrire un screen-play, ça vous met dans un certain état d’esprit – et à ce moment-là un nom a surgi, s’est imposé à mon esprit et immédiatement j’ai demandé à cet illustre personnage d’être mon collaborateur, j’ai nommé Vivaldi. D’ailleurs c’est très commode d’avoir comme collaborateur un personnage qui est mort depuis plusieurs centaines d’années parce qu’il ne proteste jamais, il est toujours de votre avis. Vivaldi a été très gentil. Alors, en me basant sur les rythmes de Vivaldi, j’ai essayé d’écrire un scénario – ce que j’ai fait avec la collaboration de plusieurs camarades.[…]
Jean Narboni, Janine Bazin et Claude Gauteur, Jean Renoir, entretiens et propos, Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma (2005), p. 343.

On peut voir la présentation du Carrosse d'or par Jean Renoir à l'adresse:
https:/
/www.youtube.com/watch?v=6iCzAdFf7s0

Ce programme est le dernier de l'année 2014
Toute l'équipe du CCC vous souhaite de Belles fêtes de fin d'année
et vous donne rendez-vous
le mercredi 7 janvier 2015 à 20 h
pour le premier film du cycle 
« A table! au Cinéma »

La grande bouffe / La grande abbuffata
 (Marco Ferreri, France/Italie - 1972)

La Chienne

Mercredi 10 décembre 2014, 20h
 
" Trois aspects du Cinéma de Jean Renoir" (suite)
La Chienne (Jean Renoir, France - 1931)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

« C’est à cause de mon admiration pour Michel Simon. Je pensais que Michel Simon dans le personnage
de Legrand serait prodigieux […]. Je rêvais de le voir sur l’écran avec certaines expressions,
avec la bouche pincée d’une certaine façon ; je rêvais de le voir avec cette espèce de masque
qui est aussi passionnant qu’un masque de tragédie antique. Et j’ai pu réaliser mon rêve
. »

Jean Renoir [Cahiers du cinéma, 1957].

François Truffaut sur Michel Simon [Les films de ma vie, Flammarion (1975), p. 55].
En voyant jouer Michel Simon, les spectateurs ont toujours senti qu’ils regardaient non pas un acteur mais l’acteur ; les meilleurs de ses rôles furent des rôles doubles : Boudu est à la fois un clochard et un enfant qui découvre la vie, le Père Jules de
L’Atalante de Vigo est un marinier fruste en même temps qu’un collectionneur raffiné, le grand bourgeois Irwin Molyneux de Drôle de Drame écrit clandestinement des romans sanguinaires et, pour revenir à Jean Renoir, son Maurice Legrand de La Chienne est à la fois une petit caissier soumis et, sans le savoir, un grand peintre. Je suis persuadé que si les cinéastes ont toujours confié à Michel Simon ces troublants rôles doubles qu’il a magnifiquement interprétés même quand les films étaient faibles, c’est qu’ils ont senti que cet acteur grandiose incarne à la fois la vie et le secret de la vie, l’homme que nous paraissons être et celui que nous sommes vraiment. Jean Renoir aura été le premier à rendre évidente cette vérité : lorsque Michel Simon joue, nous pénétrons au cœur du cœur humain. 

La Chienne, un film "noir"
Le cinéma de Renoir, multiforme, toujours renouvelé, semble donner une impression d’ensemble plutôt souriant. Or il traverse de fréquents et intenses épisodes de « noirceur », voire de désespoir. Là encore Renoir se différencie des cinéastes français dans leur ensemble : tandis que ceux-ci (Clouzot, Allégret, Carné, etc.) se plieront à une sorte de mode du « film noir » dans l’après-guerre, Renoir traversera au même moment une  époque sereine, après avoir réalisé ses films les plus « sombres » dans les années trente – avant d’y revenir dans ses derniers films. Film noir par excellence, parfaite tragédie moderne,
La Chienne bénéficie de l’interprétation exceptionelle de Michel Simon. Premier très grand film de Renoir, il marque en cela un important virage dans son œuvre. Virage également dans sa vie privée : le rôle de Lulu, initialement prévu pour Catherine Hessling sera joué par Janie Marèze. La séparation du couple date de ce moment.
Guy Cavagnac [Jean Renoir. Le désir du mondeSociété des Découvertes (1994), p. 123)].

 

La Grande Illusion

Mercredi 3 décembre 2014, 20h
 
Début du cyle " Trois aspects du Cinéma de Jean Renoir"
La Grande illusion (Jean Renoir, France - 1937)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)

" C'est en effet d'invention qu'il faut parler ici et non d'une simple reproduction documentaire.
L'exactitude du détail est, chez Renoir, autant le fait de l'imagination

que l'observation de la réalité dont il sait toujours dégager le fait significatif mais non conventionnel "
André Bazin [Jean Renoir, Editions Champ Libre, 1971].

Le cinéma de Jean Renoir
Renoir me laisse aujourd’hui l’image d’un auteur qui sut le mieux mettre en application trois des vertus fondamentales d’une certaine forme d’humanisme : la Force, la Sagesse et le Beauté.
Non la Force brutale ni celle qui nait de l’exaltation des vertus viriles. Non, celle toute formelle de la vigueur du trait, de la chaleur du regard porté sur les autres, de la justesse de la critique sociale.
La Sagesse, elle, s’illustre dans l’humour, dans la distance prise systématiquement quand on risque de devenir trop sérieux. Dans la tolérance mise en actes et qui repose sur cette certitude grave que « tout le monde a ses raisons ». Quant à la Beauté, elle est bien sûr dans l’hommage permanent rendu au monde de son père, dans cette soumission voulue, désirée, recherchée à l’ordre naturel qui fait que la Beauté naît aussi bien de notre confrontation avec l’image sensuelle de Catherine Rouvel sortant de l’onde que dans le visage ingrat mais superbement humain de Michel Simon.

                                            Roger Viry-Babel, Jean Renoir, Le jeu et la règle [Ramsay Poche Cinéma (1994), p. 8-9]

Extraits de la préface de François Truffaut au Ciné-Roman-Photo de La Grande Illusion (Balland, 1974)
Jean Renoir est donc une intelligence libre, un esprit de tolérance et pourtant, malgré le très grand succès de la Grande Illusion, bien des censures s'exercèrent contre ce film. Projeté au Festival de Venise 1937, le jury n'osa pas lui décerner le Grand Prix (qui alla à Carnet de Bal de Duvivier) et inventa un prix de consolation. Quelques mois plus tard, Mussolini interdisait purement et simplement le film que Goebbels en Allemagne se contentera dans un premier temps d'amputer de toutes les scènes où le personnage de Dalio exprime la générosité juive. En France, par contre, lors de la reprise en 1946, le journaliste Georges Altman se déchaînera contre le film qu'il accusera d'antisémitisme. A cette époque de l'immédiate après-guerre, toutes les copies de la Grande Illusion qui circulent à travers le monde sont incomplètes, ici et là amputées de scènes différentes, et il faudra attendre 1958 pour que Jean Renoir puisse restaurer enfin la copie dans son intégralité. Les manieurs de ciseaux n'avaient pas su voir, contrairement à André Bazin que " le génie de Renoir, même quand il défend une vérité morale ou sociale particulière, c'est de ne jamais le faire non seulement aux dépens des personnages qui incarnent l'erreur mais même aux dépens de leur idéal. Il donne aux idées comme aux hommes toutes leurs chances ". En 1958, on a lancé à Bruxelles un questionnaire international pour déterminer " Les douze meilleurs films du monde " et la Grande Illusion a été le seul film français figurant sur la liste finale, cette Grande Illusion qui avait été, pour Jean Renoir, émigrant aux Etats-Unis en 1940, le meilleur passeport, la carte de visite prestigieuse qui devait lui permettre de poursuivre sa carrière interrompue par la guerre : " Hugo Butler à qui on avait parlé de moi comme metteur en scène possible (pour The Southerner), aimait la Grande Illusion et il était prêt à accepter mes suggestions. Sacrée Grande Illusion ! Je lui dois probablement ma réputation. Je lui dois aussi des malentendus. Si J'avais consenti à tourner de fausses Grandes Illusions, j' aurais probablement fait fortune ".

 

 

Programme "Urbains et ruraux"

Jeudi 27 novembre 2014, 20h
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Cinéma(s) du Québec... 25 ans d'indépendances (fin)
En partenariat avec la Cinémathèque de Grenoble

Notre hommage au collectif indépendant Les Films de l’Autre se termine avec le programme "Urbains et ruraux". A l’issue des projections, la commissaire et cinéaste, Lysanne Thibodeau, invitera le public à échanger autour des films et du fonctionnement de ce collectif. 
Aube urbaine (Jeannine Gagné)
Ma famille en 17 bobines (Claudie Lévesque)

La théorie du tout (Céline Baril)
AUBE URBAINE
Réal. : Jeannine Gagné - Québec, 1995, 22 mn 
Montréal s’éveille. Lentement la vie surgit du silence ouaté. Images et sons se superposent et s’enchaînent pour saisir ce moment incertain où la ville est suspendue, entre chien et loup.
 
MA FAMILLE EN 17 BOBINES
Réal. : Claudie Lévesque - Québec, 2011, 27 mn 
Benjamine d’une famille de 17 enfants, la cinéaste nous offre avec son film, un portrait choral de sa famille, en 17 bobines Super 8, à travers des films originaux et des archives soigneusement agencées. 
 
LA THÉORIE DU TOUT
Réal. : Céline Baril - Québec, 2009, 78 mn 
La théorie du tout navigue entre les gens et les paysages, entre la parole et le territoire. Les gens, invités à nous parler d’eux-mêmes, de leur lien au monde, nous entretiennent de ce tout qui les détermine, le sol, le sous-sol, la forêt, le fleuve. Ce ne sont pas des spécialistes. Pourtant ils en savent énormément sur ce qui les entoure, sur l’histoire des lieux qu’ils habitent. À leur façon, ils nous parlent d’un monde à repenser non pas comme quelque chose qu’on exploite, mais dont on fait partie.
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