Les Ogres
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Les Ogres, Léa Fehner, 2015 (DVD disponible à la bibliothèque de Grenoble, visible sur Mubi, UniversCiné, myCanal, Orange)
C’est l’été, le monde se presse sur les plages du Languedoc. Parmi les activités estivales, une troupe de comédiens itinérants propose aux vacanciers un spectacle tiré de L’Ours, farce en un acte de Tchekov, dans une mise en scène qui tire sur le cirque. Nous suivons les pérégrinations de la troupe.
Le film de Léa Fehner, Les Ogres commence par une longue séquence de... théâtre. Et c'est épatant. C'est aussi drôlement culotté, car la réalisatrice a embauché ses parents et fait appel à sa propre histoire familiale pour évoquer la vie de troupe. Ce n’est probablement pas le moindre intérêt du film que de montrer l’envers du décor, ou plutôt le va-et-vient des acteurs des coulisses à la scène et ces parties théâtrales sont tournées avec une grande maestria par une caméra virevoltante.
Une troupe, c’est un projet, une vie en commun mais c’est aussi la somme d’individualités au caractère bien trempé. Si ce genre de vie offre une bonne dose de liberté, il implique aussi son lot de contraintes et de responsabilités. En premier lieu pour le directeur, mais pas seulement puisque chaque élément de la troupe est indispensable au bon fonctionnement de l’ensemble. Tout cela n'est pas de tout repos, dans tous les sens du terme : il faut jouer, bien sûr, mais aussi monter et démonter le chapiteau, négocier avec les municipalités, gérer les problèmes, voire les drames, qui se succèdent. Sans oublier la vie de famille, les enfants qui n’en font souvent qu’à leur tête, les amours, la vie de couple qui s’insère tant bien que mal dans la vie de la troupe. Le film n’est pas parfait. Il aurait sans doute gagné à être un peu resserré. Mais ces « ogres » dégagent une telle énergie, un tel appétit de vivre et de jouer que l'ensemble est drôlement réjouissant. À l’image d’Adèle Haenel qui, enceinte jusqu’au cou, manque d’accoucher sur scène en robe de mariée. Elle est époustouflante.
Françoise Wirth