Le 19/12/2018 LA MAISON DU DIABLE
- Écrit par Krishna
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Mercredi 19 désembre 2018 à 20h
Cinéma Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
Cycle " Ô DIABLE " (3/3)
LA MAISON DU DIABLE
(Robert WISE - États-Unis - 1964 - 112 min)
" La Maison du diable était fondé sur la peur de l'inconnu, on ne voyait que des ombres.
Le reste est affaire d'imagination." Robert Wise
La Maison du diable (1964) se situe entre deux chefs d’œuvres du réalisateur. Avant de le réaliser, il s’était attelé à l’inimitable West Side Story (1962), couronné par 10 Oscars, dont celui du Meilleur Film et juste après, le cultissime La Mélodie du bonheur (1965), auréolé par 5 Oscars, dont celui du Meilleur Film ! Ici, avec son film d’épouvante, il prend le risque de ne jamais nous dévoiler l’identité des fantômes présents dans la maison hantée. Plutôt que de les montrer aux spectateurs, il choisit de les suggérer, et toutes les astuces sont bonnes à prendre. Robert Wise ayant apporté un soin particulier à sa bande-son, entre grincements, claquements, hurlements et voix off, le mystère reste entier du début à la fin, nous laissant dans l’incompréhension, tout comme les acteurs du film. Pas de trucages, ni d’effets spéciaux, ici on appréciera d’autant plus le petit côté artisanal, comme cette fameuse séquence de la porte qui sous la pression de cette force mystérieuse, menace d’exploser, en se gonflant ou en se déformant complètement. Une œuvre devenue un classique et qui n’a hélas pas échappée aux nombreuses tentatives de remakes, toutes inégales ou décevantes, tels que La Maison des damnés (1973) ou Hantise (1999).
Ce classique du film de maison hantée doit sa célébrité à des effets sonores effrayants et un souci de crédibilité psychologique. Un scientifique réunit un groupe de volontaires dans un vieux manoir dans l’espoir d’observer la présence de fantômes. Parmi ces invités spéciaux, un sceptique, une mythomane refoulée et une lesbienne aux pouvoirs de médium. Au fil des heures, les tensions et les passions vont s’exacerber entre les participants de l’expérience. Aucun spectre ne leur rendra visite, mais l’atmosphère terrifiante qui règne dans la demeure va provoquer une série d’événements tragiques : crise de folie, suicide, accident mortel, … L’excellent technicien (qui fut aussi à plusieurs reprises un cinéaste inspiré) Robert Wise fonde le principe de sa mise en scène sur la suggestion et les effets sonores, beaucoup plus terrifiants que les trucages de l’époque ou les apparitions de spectres. Cet ancien monteur avait fait ses premiers pas de cinéaste sous l’égide de Val Lewton, le célèbre producteur de La Féline et d’une splendide série de films fantastiques qui dédaignait le Grand-Guignol au profit de la litote et de la poésie. [Olivier Père, arte.tv]
Parmi les successeurs patentés, seul Stanley Kubrick tirera les leçons de La Maison du diable. Ce sera Shining. En reprenant le même point de départ que Wise (l'esprit anime un lieu qu'il a reconnu comme sien), il le poussera bien plus loin, vers des contrées où Wise n'avait pas osé s'aventurer. Mais celui-ci avait grandement contribué à poser les fondations d'une horreur nouvelle. [Frédéric Bonnaud, Les Inrocks, 30 novembre 1996].