Krishna

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Hustler white

Mardi 20 janvier 2015 - 22h - Salle Juliet Berto

Soirée d'ouverture consacrée à Bruce LaBruce

Réalisation : Bruce LaBruce, Rick Castro
Scénario : Bruce LaBruce, Rick Castro
Interprétation : Tony Ward, Bruce LaBruce, Kevin P. Scott, Alex Austin, Kevin Kramer

Jürgen Anger, écrivain prétentieux, arrive à Los Angeles. Roulant sur Santa Monica, il perd de son assurance quand apparaît Monty Ward, jeune prostitué en fuite.

Équipés d’une caméra 16mm, Bruce LaBruce et Rick Castro filment des histoires d’amour (surtout physiques) avec un plaisir sans bornes. Les références cinématographiques les plus improbables (de Billy Wilder à Kenneth Anger), la culture classique et la contre-culture, l’undergound, tout se mêle pour former un bijou rare. Hustler White éclabousse de lumière et scintille sous le soleil californien, même dans ses côtés les plus glauques...

Séance présentée par Eric Peretti, en partenariat avec le Festival Vues d’En Face

Film interdit aux moins de 16 ans - avec avertissement

The Advocate for fagdom

Mardi 20 janvier 2015 - 20h - Salle Juliet Berto

Soirée d'ouverture consacrée à Bruce LaBruce

Documentaire français de 2011 - 91 mn
Réalisation : Angélique Bosio
Interventions : Bruce LaBruce, Rick Castro, Richard Kern, John Waters, Harmony Korine, Bruce Benderson

Qui est vraiment Bruce LaBruce ? Comment, de fils d’agriculteurs né dans la province canadienne de l’Ontario, est-il devenu une figure incontournable du mouvement punk queercore ? En quoi son œuvrereflète-t-elle un pan de la culture gay underground ? Voici quelques unes des nombreuses questions auxquelles la réalisatrice Angélique Bosio tente de répondre dans ce passionnant documentaire.

Croisant tour à tour images d’archives, making-ofs, extraits de films et interviews - du photographe new-yorkais Richard Kern au cinéaste Harmony Korine en passant par le «Pope of Trash» John Waters et Bruce LaBruce lui-même - The Advocate for Fagdom dresse le portrait d’un cinéaste sans concession. En reconstituant le parcours de cette figure iconoclaste du cinéma gay (et punk), Angélique Bosio nous fait ainsi découvrir une œuvre résolumment politique qui abolit la frontière entre pornographie et films dits «traditionnels», à contrecourant d’un certain mode d’être bourgeois de la culture homosexuelle. Une plongée fascinante dans l’univers de Bruce LaBruce, un artiste qui ne laisse personne indifférent.


Séance présentée par Eric Peretti, en présence du producteur Stéphane Bouyer (Chat qui fume), en partenariat avec le Festival Vues d’En Face

Seconds, l'opération diabolique

Résumé

Arthur Hamilton est un homme d'âge mûr, marié, travaillant dans une banque à un poste haut placé. Un soir, il reçoit un jour un coup de téléphone de Charlie Evans, un ancien ami qu'il croyait mort. Charlie, qui l'avait déjà appelé hier, le convainc qu'il n'est pas mort, et lui propose un rendez-vous le lendemain. Hésitant, Arthur finit par se rendre à l'adresse donnée, où se trouve une blanchisserie. De là il est envoyé vers un abattoir, où il est mené dans un fourgon et convoyé jusque dans un bâtiment. Il est reçu par Ruby, qui lui explique qu'il peut s'engager dans un programme lui permettant de démarrer une nouvelle vie en échange de 30 000 dollars. Cet argent couvre entre autre les frais de chirurgie esthétique, et l'acquisition et la transformation d'un cadavre qui permet de simuler sa mort. N'acceptant pas tout de suite, d'une part Ruby le menace, d'autre part le créateur de la compagnie le convainc qu'il n'a pas d'attache solide dans sa vie actuelle. Il finit par signer le contrat....

(Source Wikipédia)

 

Pour la seconde année consécutive, le Festival des Maudits Films s'associe au cinéma Art et Plaisirs de Voreppe pour une séance hors les murs le samedi 17 janvier 2015.

Au programme de cette soirée "Regards Croisés / Maudits Films" : Seconds – L'Opération Diabolique de John Frankenheimer.

Le film sera présenté par Laurent Huyart, analyste filmique.

Le Festin de Babette

Mercredi 14 janvier 20145, 20h
Le festin de Babette  / Babettes Gaestebud
Gabriel Axel (Danemark - 1987)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
 
Un film beau, simple, pur, où passent l'amour des êtresl'innocence des humbles, le mystère de la création artistitque, où souffle le vent de l'esprit. [...]
La mise en scène de Gabriel Axel, sa mise en images où le noir, le blanc, toutes les nuances du gris, disent, au fil des saisons, les couleurs du temps, de la religion, épousent les cheminements narratifs de Karen Blixen.
Jacques Siclier [Le Monde, 27-28 mars 1988].
 
Le film de Gabriel Axel rejoint The Dead de John Huston, le repas y suit le même mouvement de la résurgence du passé, pour aboutir à la même révélation d'une histoire d'amour impossible et morte. Plus qu'un oeuvre d'atmosphère pointilliste, Le Festin de Babette reste, avant tout une belle histoire, un conte moderne où le merveilleux n'a d'autre pouvoir sur la vie que de rendre les échecs, les regrets et la mort plus doux. Avec ce film poétique, Gabriel Axel prend place parmi les cinéastes conteurs, qui aiment leur histoire, mais aussi leurs personnages et leurs acteurs: ils sont tous ici magnifiques.
Frédéric Strauss [Cahiers du cinéma, n° 405 (Mars 1988), p. 43-45].
 
... Autour de beaux visages
"J'ai eu cinquante-quatre jours de tournage, ce qui est confortable mais nécessaire à cause d'acteurs âgés qui jouaient au théâtre le soir. L'aîné (le pasteur) a quatre-vingt-quatre ans. Il y a sept comédiens ayant travaillé avec Carl Th. Dreyer principalement dans Ordet, Gertrud, Jour de colère. Je n'ai pas voulu faire un hommage à Dreyer, cela s'est produit presque par hasard. J'ai retrouvé ces beaux visages tous différents qui font passer par le regard, l'intensité, la présence. Ils se complètent. Le général est interprété par Jarl Kulle, le grand comédien de Bergman, notamment de Fanny et Alexandre."

Entretien avec Gabriel Axel [La Revue du cinéma, n° 437 (Avril 1988), p. 20-26]

L'esprit et la matière
" Les problèmes évoqués dans le film sont loin de nous, seulement en apparence. Il parle de la communication empêchée ici par la religion dogmatique. Le repas préparé par Babette provoque la communication entre les êtres, c'est le miracle, il entraîne l'union de l'esprit et la matière. Conte métaphysique, ce film ne s'adresse pas à notre esprit, à notre sens esthétique ou à nos sentiments, mais à notre âme."

Entretien avec Stéphane Audran [La Revue du cinéma, n° 437 (Avril 1988), p. 20-26]

Un conte de Karen Blixen fournit le savoureux scénario de ce film, qui connut une carrière étonnante. En 1871, une Française chassée par la Commune trouve refuge au Danemark, dans un village très pieux. Les deux filles du défunt et vénéré pasteur prennent Babette à leur service, mais, au bout de quatorze ans, elle s'apprête à les quitter en leur préparant un inoubliable festin... Il y aura douze personnes à table, autant que d'apôtres. Et Babette offre avec ce repas la part la plus belle de son histoire : « Prenez, ceci est ma vie », semble-t-elle dire...
La symbolique religieuse rencontre ici celle de la chair fraîche : les mets, diablement sophistiqués, ont le goût de toutes les tentations. C'est soupe de tortue contre cantiques, nourritures terrestres contre nourritures spirituelles... Le duel se joue cependant dans la douceur et la subtilité. La nostalgie rassemble les personnages, qui ont tous le regret d'un amour qu'ils ont laissé passer. Dans la communauté priant pour l'éternité, le festin rappelle que les bonheurs éphémères, qui font tant souffrir, peuvent aussi être des miracles. Gabriel Axel met en scène cette histoire avec un fin plaisir, tout comme Stéphane Audran l'interprète : elle est divine.
Frédéric Strauss [Télérama, 26 décembre 2009]

La Grande Bouffe

Mercredi 7 janvier 2015, 20h
La grande bouffe  / La grande abbuffata
Marco Ferreri (France/Italie - 1973)
Salle Juliet-Berto (Place Saint-André, Grenoble)
" Nous tendions un miroir aux gens et ils n'ont pas aimé se voir dedans.
C'est révélateur d'une grande connerie
." Philippe Noiret.

Car le paradoxe a voulu que Ferreri finisse par être un cinéaste sous-estimé. Alors qu'avec Fassbinder et Oshima, il aura sans doute été, depuis trois decennies, le cinéaste le plus intimement lié au battement du coeur du monde contemporain. La force de son cinéma n'est justement jamais liée à une vision théorique de l'homme, mais à une capacité intuitive de l'inventer, d'en saisir la pulsation intime, la mélancolie et la solitude. Sans dramatisation, complaisance ni emphase, sans avoir recours à des dispositifs (ce mot si galvaudé aujourd'hui qui, à sa manière, dit tout le contraire de ce qu'est le cinéma de Ferreri), il aura capté le désenchantement de la civilisation contemporaine, la crise de valeurs collectives et le manque d'amour. Avec toujours une belle croyance dans l'homme, évidente, sereine.
Serge Toubiana [Cahiers du cinéma, n° 515 (Juillet-Août 1997), p. 21].

La projection de La Grande Bouffe, au cœur du week-end, marque le quarantième anniversaire du scandale qui avait secoué la Croisette en 1973, un des derniers vrais grains à s'être abattu sur les marches cannoises. « J'étais toute naïve, se souvient Andréa Ferréol, mon père était assis derrière moi et il m'a fait un petit signe – pouce levé – quand le film s'est achevé. Je ne m'attendais pas du tout à ce qui nous attendait dehors. J'ai été secouée, physiquement prise à partie, les gens hurlaient, une femme m'a agrippée pour me dire : " Madame, j'ai honte d'être française " et ça ne s'est pas arrêté à Cannes. Quand nous sommes rentrés à Paris, certains restaurants refusaient de nous servir. Un soir, dans un restaurant italien, un femme est venue me voir et m'a dit : " Madame, puisque vous êtes là, je pars! " » Michel Piccoli se souvient, lui, d'un employé de la SNCF qui lui avait dit dans une gare : « Mon pauvre monsieur, c'est terrible votre métier ! Dire que maintenant vous n'aurez plus de travail... »
L’année précédente, en 1972, le cru cannois avait été jugé si faible que le comité de sélection du Festival décide de réagir. Les trois films de la compétition qui concourent pour la France créent, de fait, l’événement : La Planète sauvage, de Topor et Laloux, La Maman et la putain, de Jean Eustache, lui aussi objet de scandale, mais qui divise moins la critique. Et cette fameuse Grande Bouffe, projetée le 21 mai. Dès la mi-séance, les pets et les geysers scato à l’écran commencent à susciter des huées. Andréa Ferréol se souvient qu’à l’orchestre un homme hurlait : « Vous n’avez plus qu’à nous pisser dessus maintenant ! » Qu’est-ce qui, alors, choque tant ? La chair et la graisse, le vomi et le caca. Des montagnes de chair englouties, des hommes dégoûtés par la vie qui se gavent comme des oies, rotent et forniquent. L’homme est réduit à une mécanique physiologique, la société de consommation, exhibée dans toute son obscénité. De quoi exciter les gardiens du bon goût, qui trouvent là matière à s’étrangler d’indignation.
Le film sert, d’ailleurs, de révélateur. Qui aurait pu penser qu’Ingrid Bergman, présidente du jury, juge La Grande Bouffeet La Maman et la putain comme les films « les plus sordides et les plus vulgaires du Festival » ? C’est dans la presse que la violence est le plus marquante. En replongeant dans les articles de l’époque, on est stupéfait. Florilège : « Honte pour les producteurs […], honte pour les comédiens qui ont accepté de se vautrer en fouinant du groin […] dans pareille boue qui n’en finira pas de coller à leur peau » (Jean Cau). « On éprouve une répugnance physique et morale à parler de La Grande Bouffe » (Louis Chauvet, du Figaro). « Le Festival a connu sa journée la plus dégradante et la France sa plus sinistre humiliation » (François Chalais, d'Europe 1). « La Grande Bouffe relève plus de la psychiatrie que de la critique » (André Brincourt, du Figaro). Dans les colonnes de Télérama aussi, on se lâche en s’écharpant. Un « pour/contre » ne suffit plus, la bombance de Ferreri réclame trois critiques dont une, historiquement viscérale, de Claude-Marie Trémois : « Ce que l’on blasphème ici, c’est l’homme, le partage fraternel du pain et la notion même de fête. Ce qu’on sacralise, c’est l’excrément. » Gilbert Salachas est plus narquois dans son verdict négatif, tandis qu’Alain Rémond défend le film avec un certain calme.
Samedi soir, si l'on oublie quelques fauteuils qui claquent, le film est projeté dans un climat d'adhésion rieur et unanime. Même le roumain Cristian Mungiu, réalisateur d'Au delà des collines, et membre du jury de Steven Spielberg, rit à gorge déployée aux dialogues de Francis Blanche. « On nous a reproché d'être grossiers et vulgaires, dit Michel Piccoli, mais c'est tout le contraire, La Grande Bouffe est un film d'amour. Amour des gens, amour des hommes et amour de la femme. » Un seul regret. Des tempêtes comme ça, on n'en connait plus. 
« Chaque année, dit Thierry Fremaux, en ouverture de la séance, on me demande : " Alors quel film fera scandale cette année ?" » Avant d'aller s'asseoir, Andréa Ferréol dit : « Ca serait bien qu'il y ait encore du scandale ce soir. » Il n'y en a pas eu.
Laurent Rogoulet [Télérama, 19 mai 2013]

 

Retour vers le Futur

Partenariat avec l'Assocciation "Rêv'Ailleurs"

Retour vers le futur / Back to the Future

(Robert Zemeckis, USA - 1985)

Mercredi 25 juin 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

« On accepte ou non, on vibre ou non à cette charge démente concoctée par ces purs cinglés de cinéma que sont ceux de la bande à Spielberg, le producteur du film. Ne projetons pas notre moralisme sur ce conte déchaîné franchement drôle, témoignage paroxystique d'une société qui ne doute de rien. »
— Louis Marcorelles (Le Monde, 30  août 1985).

« Un exploit enchanteur qui s'accompagne aussi d'un retour aux fifties, très habile, à une ancienne fureur de vivre qui fait rêver aujourd'hui, sans oublier l'hommage au rock et à ses pionniers. [...] Il faut donc saluer l'intelligence des prouesses de la mise en scène, qui ne se résume pas aux effets techniques, aux trucages époustouflants, mais réussit le mariage du style futuriste et rétro comme au temps fabuleux des surréalistes. »
— Anne de Gasperi (Le Quotidien de Paris).

Que reste-t-il aujourd'hui de Retour vers le futur ? Si le film est devenu avec le temps un modèle du genre, c'est parce qu'il possède assurément quelques atouts non négligeables : forte de personnages hauts en couleurs, originaux, brillement écrits et auxquels une pléiade d‘acteurs apporte une réelle fraîcheur (parmi lesquels Crispin Glover et Lea Thompson), l'intrigue s'affranchit du sensationnalisme qu'implique généralement le concept du voyage dans le temps pour se consacrer à l'émotion. Finalement, rien de plus impressionnant qu'une rencontre avec ses futurs géniteurs sur fond de carte postale nostalgique des années 50... Paradoxes temporels et aventure œdipienne, c'est à cela qu'est confronté Marty qui amène, par la même occasion, l'âme du rock'n roll dans une Amérique puritaine et rétrograde. Une exaltation et un dynamisme communicatif qui agit directement sur le spectateur.
Pur moment de bonheur, Retour vers le futur se révèle être avec le temps l'une de ces bandes immuables et toujours aussi jubilatoires. Vif, décomplexé, novateur, respectueux, le tour de force de Zemeckis s'impose certainement comme l'une des pépites du cinéma popcorn, une de celles que l'on revoit toujours avec autant de plaisir et ce une à deux fois par an ! 
                                                                                        Florent Kretz [http://www.ecranlarge.com]

 

La 8ème femme de Barbe Bleue

Suite du Cycle "The Lubitsch Touch"

La 8è femme de Barbe bleue

(Bluebeard's Eighth Wife,

Ernst Lubitsch, USA - 1938)

Mercredi 18 juin 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

L'art de Lubitsch s’exprime dans La huitième femme de Barbe-Bleue avec une efficacité incomparable, cette façon de mêler les désirs d’argent, de sexe et de pouvoir dans un même élan raffiné et gracieux rendant le film aussi hilarant qu’élégant. Dans ce qu’il serait tentant de considérer comme l’une des plus grandes comédies américaines de tous les temps, soulignons enfin l’extraordinaire festival de Claudette Colbert dans le rôle inoubliable d’une peste tour à tour machiavélique, candide, passionnée, sensuelle, détestable et attachante : La Huitième femme de Barbe-Bleue, une merveille absolue !
Antoine Royer [http://www.tvclassik.com]

Si Sérénade à trois (Design for Living, 1933), réalisé par Lubitsch cinq ans plus tôt, suggérait à coup d’ellipses et de symboles l’idée du triolisme, La Huitième femme de Barbe-Bleue doit être vu comme l’une des premières histoires d’amour sado-masochistes de l’histoire du cinéma ; une photo ayant servi d’affiche montrait d’ailleurs les deux protagonistes attachés l’un à l’autre par une épaisse chaîne (voir galerie). Lors de leur rencontre, Nicole a tenté de charmer Michael, et celui-ci l’a dépassé en l’ignorant - une fois courtisée, la jeune femme revêche le lui fait payer. La deuxième partie du film s’attache ainsi à décrire une relation passionnée n’arrivant à s’exprimer que dans la violence et l’humiliation. Nicole et Michael s’aiment, mais ils jouent à se détester, à se brutaliser même. A plusieurs reprises, leur amour semble consolidé de la douleur qu’ils en viennent à ressentir : après avoir feuilleté La Mégère apprivoisée, il vient la gifler puis la fesser. Lorsqu’elle soigne la blessure qu’elle lui a infligée en le mordant avec de la teinture d’iode, et qu’elle lui demande si cela lui fait mal, il lui sourit en lui disant qu’elle est gentille. Plus tard, elle ira même jusqu’à engager un boxeur pour le mettre K.O., afin indirectement de stimuler sa jalousie. Et même lorsque Michael obéit à un schéma de séduction plus conventionnel (dîner aux chandelles, champagne et musique douce), elle s’échine à réveiller en lui le dégoût et la frustration (le fameux baiser aux oignons), comme pour mieux faire monter le plaisir et repousser le passage à l’acte, qui n’a enfin lieu que dans la dernière partie avec un recours primitif à la soumission et la bestialité (il arrache littéralement la camisole qu’elle lui a fait porter pour se jeter sur elle). Cette relation sidère d’autant plus que La Huitième femme de Barbe-Bleue date de 1938, et que, codes de censure oblige, les auteurs ne peuvent que la suggérer, avec une inventivité inégalée dans les recours scabreux au symbolisme et à la polysémie.
[http://www.dvdclassik.com]

 

 

 

 

The Shop around the corner

Cycle "The Lubitsch Touch"

The Shop Around the Corner

(Rendez-vous, Ernst Lubitsch, USA - 1940)

Mercredi 11 juin 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

Le Cinéma de Lubitsch
Il y a deux sortes de cinéastes, c’est pareil pour les peintres et les écrivains, il y a ceux qui travaillent même sur une île déserte, sans public, et ceux qui renonceraient, au nom du à quoi bon ? Donc pas de Lubitsch sans public, mais, attention, le public n’est pas en plus de la création, il est avec, il fait partie du film. Dans la bande sonore d’un film de Lubitsch, il y a les dialogues, les bruits, la musique et il y a nos rires, c’est essentiel, sinon il n’y aurait pas de film. Les prodigieuses ellipses de scénario ne fonctionnent que parce que nos rires établissent le pont d’une scène à l’autre. Dans le gruyère Lubitsch, chaque trou est génial.
Employée à tort ou à travers, l’expression « mise en scène » signifie enfin quelque chose, ici elle est un jeu qui ne peut se pratiquer qu’à trois et seulement pendant la durée de la projection. Qui sont les trois ? Lubitsch, le film et le public. […]
J’ai parlé de ce qui s’apprend, j’ai parlé du talent, j’ai parlé de ce qui au fond, et éventuellement, peut s’acheter en y mettant le prix, mais ce qui ne s’apprend et ne s’achète c’est le charme et la malice, ah, le charme malicieux de Lubitsch, voilà qui faisait de lui vraiment un Prince.

François Truffaut, Les films de ma vie (Flammarion, 1975, pp. 71-74). 

« Etrangement, le meilleur film de Lubitsch est assez peu représentatif de son auteur. Les personnages ne sont plus ces princes, ces marginaux vivant dans l'insouciance et le luxe auxquels Lubitsch nous a habitués mais des êtres ordinaires, fragiles et soucieux connaissant une situation précaire tant sur le plan social que sentimental. Le film semble influencé par le grand maître occulte de la comédie américaine de toute cette époque, Leo McCarey. The shop around the cornerobéit en effet dans ses profondeurs au système McCarey qui veut que l'émotion et le rire aient partie liée, que la meilleure comédie soit aussi la plus chargée d'universalité, la moins frivole et celle où les personnages se montrent humains, trop humains de la première à la dernière seconde du récit.
Le miracle de Theshop est que, tout en passant sur un autre registre qui leur est moins familier, Lubitsch et son scénariste, Samson Raphaelson, démontrent la même virtuosité irrésistible à tous les stades de leur travail. Une intrigue merveilleusement nouée, une interprétation subtile et variée, un contexte social décrit avec une grande acuité, quoique l'essentiel de l'action reste enfermée entre les quatre murs d'une boutique, ont permis au film de garder une jeunesse intacte. Le succès du film tint bien-sûr à son génie propre mais aussi, d'une façon plus circonstancielle, à son étonnante description de la précarité sociale des personnages et de la menace diffuse qui pèse sur leur emploi et sur eux-mêmes.Il est vrai qu'aucun film d'aujourd'hui n'a su appréhender avec autant d'humanité les craintes d'une société en proie au chômage. »
Jacques Lourcelles (Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont).

Un jour, Ernst Lubitsch décide de tourner un vrai mélodrame juif. Il le fait avec une telle finesse, un tel raffinement, que personne ne s'en rend compte. Un film juif avec James Stewart, c'est la plus belle blague juive d'avant-guerre, un temps où les blagues juives avaient de l'allant. The Shop Around The Corner sort en 1940. Autant dire qu'il s'est écrit et tourné avant que les Allemands ne marchent dans les rues de Hongrie ou de Pologne comme si c'était chez eux. La « boutique au coin de la rue », c'est à Budapest qu'on la trouve, un coin de cet empire austro-hongrois auquel la sophistication de Lubitsch doit tant. L'intelligence lubitschienne, c'est d'abord celle des farces muettes que les parlants que nous sommes n'écoutent même plus. Ce sont ensuite ­ là, le lecteur sait de quoi ça parle ­ les grivoiseries légères de Sérénade à trois (1933, Miriam Hopkins, et ses deux amants échangistes, Gary Cooper et Fredric March), les fantaisies antitotalitaires de Ninotchka (1939, Garbo, déstalinisée par l'Amérique) ou celles de To Be or Not To Be (1942, un faux Hitler à Varsovie). Le moins qu'on puisse dire, c'est que Lubitsch n'était pas dupe. Pour un petit juif, un fils de tailleur berlinois, il s'est moins fait avoir que d'autres.
Il n'est pas explicitement question de juifs dans The Shop Around The Corner, mais de deux petits employés de Budapest (James Stewart, Margaret Sullavan), qui s'aiment sans le savoir ­ et qui vivent dans la crainte quotidienne de perdre leur emploi (d'où le succès grandissant du film à chaque ressortie). Le cinéma étant l'art de l'implicite, du sous-entendu, du suggéré (contrairement à cette «vérité», ce «réalisme», ce «naturel», dont les historiens et les imbéciles le créditent), on ne cherchera pas ici à convaincre le lecteur que ces deux-là, et les autres personnages, tous les autres, sont juifs. C'est comme ça. C'est à prendre ou à laisser. Ça se voit, ça s'écoute, ça s'entend, ça se respire, ça se vit. De Matischek (Frank Morgan), le patron menaçant mais adorable, à Pirovitch (Félix Bressart), le plus vieux des employés du magasin, celui qui se cache comme le ferait un Groucho Marx dès que le boss lui demande son opinion, ils sont tous juifs. Très peu lubitschien, au fond, comme le fait finement remarquer Jacques Lourcelles, (Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont), ce superbe mélo social pourrait aussi bien être signé du grand maître de la comédie américaine, Leo McCarey.
LOUIS SKORECKI (Liberation, 15 MARS 2002).

 

Carte Blanche

SOIRÉE COURTS MÉTRAGES Carte Blanche à Pierre Yves Hampartzoumian - 74mn MARDI 10 JUIN à 20h Sup d'élec / Première / Ça caille à l'ombre / Fin de série / Sans voix L’occasion de rencontrer une étonnante galerie de portraits : André le gardien d’immeuble, Anna et son hameau de naissance, Ludovic pianiste surdoué, ou encore Jeanne, sa télé, son facteur et sa fille. Et Mamy Cathy. Dans un western

SUP D'ELEC
Fiction, 29 min, pur film de genre. 2010. HD Format 1.85
De Pierre-Yves Hampartzoumian
Avec Serge Papagalli et Alix Arbet
Production Palm Prod et Pioux Prod
To u r n é à Grenoble
L'histoire : Si il y a bien une personne sympathique au sein de Sup D'Elec, c'est bien André le gardien. Mais ce dernier est le souffre-douleur de six étudiants insupportables qui un soir décident de se laisser enfermer dans les locaux pour récupérer un téléphone mobile. Ce qui devait être un amusement tourne vite au cauchemar. Une chose est sûre : la nuit sera très longue...
 
Fin de série
Fiction, 14 min, drame. 2011. HD 16/9
De Carlos Chapman, scénario Ingrid Ralaomanana
Avec Giselle Zaimia, Fabienne Estève, Serge Allermoz-
Production Court Après Tes Rêves.
To urné dans la Métro.
L'histoire : Dans le monde de Jeannine, il y a le télé-achat, le facteur, et sa fille. A 75 ans, quels sont ses rêves? Un vélo d'appartement et un sèche-cheveux sur pied?
 
Ca Caille à l'Ombre
Fiction, 10', Western, 2013. HD. Cinémascope
De Pierre-Yves Hampartzoumian
Avec les joueurs de l'Ultime Western
Production Pioux Prod et Don Quichotte
Tourné dans les décors de Western d'Almeria (Espagne)
L'histoire : Mamy Cathy habite la petite ville de La Hood à la frontière du Texas depuis toujours. Elle est le témoin infatigable de la vie pour le moins mouvementée qui l'entoure...
 
PREMIERE
Fiction, 11 min 12, humour « musical » 2012. HD Format 1.85
De Pierre-Yves Hampartzoumian
Avec Pierre-Yves Plat et Gilles Arbonna
Production Palm Prod et Pioux Prod
To u r n é au superbe théâtre Charles Dullin de Chambéry. L'histoire : Ludovic Ambidecz est un prodige du piano. sa carrière démarre et son ascension est très (trop ?) rapide. Mais ce soir dans la salle mythique où il se produit, Henri-Charles De Rives est présent. Il est LE critique qui peut faire ou défaire une carrière. Le concert commence et... tout ne se déroule pas vraiment comme prévu...
 
 
Sans voix
Fiction, 10 min, drame. 2014. HD cinemascope.
De Ingrid Rajaomanana.
Avec Emilie Noél
Production Museplume et Court Après Tes Rêves
Tourné dans les Balcons de Belledonne.
L'histoire : Anna est partie depuis très longtemps. Aujourd'hui, elle est de retour dans son hameau. Que va-t-elle (re)trouver?
 
 
 

Un Ami...

Fiction, 7 min 43, 2014 comédie dramatique - HD — 4K — N/B — Format 2.35
De Pierre-Yves Hampartzoumian
avec Serge Papagalli et Gilles Arbona
Produit par Jérémie Chevret PLUS DE PROD
Tourné à Ste Foys les Lyon
L'histoire : Un cimetière. C'est la fin d'une cérémonie d'enterrement. La foule se disperse, deux hommes restent devant la tombe. Ils parlent du défunt, d'eux, de la vie et de la mort._ Qui sont- ils ?

Les Démons de la liberté

Cycle " Vive la liberté "

Les Démons de la liberté (Brute Force)

Jules Dassin (USA - 1947)

Mercredi 4 juin 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

La réalisation des Démons de la liberté est signée par l’un des maîtres du film noir américain, Jules Dassin (La Cité des voiles, Les Bas-fonds de Frisco, Les Forbans de la nuit, Du Rififi chez les hommes, Jamais le dimanche, Topkapi, …). Après ses quelques commandes pour la MGM, la réalisation du film noir Les Démons de la liberté est une vraie bouffée d’air pour le cinéaste. Dassin plonge sa caméra dans le milieu carcéral et met en place son film noir dans la réalisation avec les nombreuses caractéristiques du genre, avec un jeu de lumière très contrasté rappelant l’expressionisme allemand, plongeant les prisonniers dans l’obscurité (Dassin la renforce avec l’utilisation de la pluie, des personnages avec un passé très complexe, des meurtres, des espaces très restreints (les cellules), de nombreuses scènes obscures, des femmes fatales (dans les rêves des prisonniers), … . La photographie en noir et blanc de William H. Daniels avec ce travail sur les lumières est en tout point remarquable et apporte beaucoup de brutalité et renforce le personnage inquiétant de Munsey. Mais là où Jules Dassin se démarque des films noirs, c’est dans le réalisme qu’il donne à ses scènes se rapprochant du style documentaire, suivant de près les activités des prisonniers. La violence et la brutalité n’aura jamais été aussi vraies que dans le film de Dassin, à la fois psychologiques et physiques, grâce à une mise en scène très musclée comme dans les dernières scènes, magistrales, de l’évasion. Efficacité dans l’image brutale, Dassin assure tout au temps dans la profondeur du film lorsqu’il opte de nous dévoiler les rêves des prisonniers, celui de Lancaster est formidable par son émotion. Dassin se rapproche alors de ses personnages (avec de nombreux plans fixes sur les visages) pour capter toutes leurs émotions et accentuer le ras bol et l’épuisement de ces derniers. On notera aussi la belle partition comme à son habitude de Miklos Rosza.
Les Démons de la Liberté est la consécration internationale pour Jules Dassin et la confirmation du grand talent de Burt Lancaster, le cinéaste continuera sur sa lancée avec le chef d’œuvre Les Forbans de la nuit avant de s’envoler vers l’Europe.
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