Change pas de main
- Publié dans Festival des Maudits Films
Noël Simsolo et Paul Vecchiali sont des cinéphiles. Ils ont écrit un scénario de « film noir » où passent les souvenirs de Chandler : chantage exercé sur un personnage haut placé, détective privé, boîte de nuit louche, trafic de films « porno », implications politiques et vengeance personnelle. C’est, en somme, Le grand sommeil transporté en France. Mais les rôles qui devraient être tenus par des hommes le sont par des femmes, et de nombreuses séquences pornographiques – de cette pornographie « à la danoise » maintenant autorisée par la censure – s’inscrivent habilement dans la logique du récit. Évidemment les scènes sexuelles sans faux-semblants représentent aujourd’hui – voir le succès de La Foire aux sexes – un atout commercial. Sur ce point, Change pas de main n’est pas un film innocent. Son intérêt est pourtant ailleurs : dans la mythologie singulière de Vecchiali, que développaient déjà L’Étrangleur et Femmes femmes. On retrouve ici l’attention un peu morbide qu’il porte aux hommes physiquement ou moralement infirmes, aux femmes fanées, dures ou douloureuses qui, sous leurs allures de stars rétro parfois touchées par la limite d’âge, cherchent à échapper à leur nature.
Jacques Siclier • Le Monde, 18 septembre 1972.
Présenté en avant-première dans sa version restaurée, Change pas de main constitue l'unique incursion de Paul Vecchiali dans un genre abhorré : le film pornographique. Esthétiquement plus proche d'un érotique soft, cette oeuvre audacieuse s'illustre par ses clins d'oeil habiles au polar et sa dimension politique, témoignages d'un univers qui ne « changera pas demain ». La mise en scène teintée de surréalisme, parachève de brouiller les pistes pour le spectateur, pris à l'instar de l'héroïne dans un dédale d'intrigues tissées par des personnages ambivalents.
Film interdit aux moins de 16 ans
La projection sera suivie d'une discussion avec Christophe Bier sur « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le cinéma pornographique sans jamais oser le demander », animée par Benjamin Cocquenet de Culturopoing.com.
Avant la projection, découvrez « The Abime » d'Esther Poisson
Séance présentée par Eric Peretti, en présence de la distributrice Emmanuelle Lacalm (Shellac)