In the Mood for Love

In the mood for love

(Wong Kar-waï, HK - 2000)

Mercredi 19 mars 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

« Etre cinéaste à Hong-Kong, c’est refuser de suivre le rythme effréné des métamorphoses pour en imposer d’autres. C’est conserver le droit au secret, aux affections particulières que l’on révèle peu à peu,
à l’échelle d’une œuvre. Cela veut dire : filmer des lieux et imprimer le souvenir. »
Wong Kar-waï, L’Architecte et le vampire,
Cahier du Cinéma / Made in China (Numéro Hors-Série, 1999).

Wong Kar-wai est sans conteste le cinéaste le plus fascinant de sa géneration. Ses films emprunts d'un romantisme désenchanté sont sans équivalent dans le cinéma actuel. Tantôt percutant et chaotique, tantôt éthéré et langoureux. Sans cesse imité, au cinéma comme dans la publicité, à Hong Kong comme dans le reste du monde. Un style qu'il a développé avec le chef opérateur Christopher Doyle. Un style hérité à la fois du cinéma de sabre chinois et du cinéma d'action de Hong Kong mais aussi du cinéma occidental et de sa passion pour la photographie.
Aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands cinéastes contemporains, et récent Président du Festival de Cannes (2006), Wong Kar-wai passionne par son travail sur ses personnages, son expérimentaiton de l'image et sa fragmentation du temps.

Les deux longs métrages du cinéaste chinois Wong Kar-Wai, In the Mood for Love et 2046, peuvent être regardés comme un seul et même poème narratif se continuant d’un film à l’autre. Cette continuité ne se présente pas comme une suite à l’américaine, mais comme la poursuite d’une réflexion qui ramène sans cesse l’artiste aux figures qu’il a un jour créées. Ce diptyque maniériste relate l’histoire d’un amour irréalisé et l’obsession de son souvenir : un ancien amour impossible ouvre sur une série d’amours possibles dont il tend en retour à déterminer la fin. [URI:http://id.erudit.org/iderudit/012320ar]

In the Mood for Love
La mise en scène est un éblouissement. Au point qu’on serait tenté de ne retenir que cela. Les corps des deux stars du cinéma de Hong Kong, magnifiés au ralenti sous les éclairages de Christopher Doyle et de Mark Li Ping-bing ; l’extraordinaire garde-robe de Maggue Cheung, symphonie de rouges éclatants et de motifs floraux qui se détachent dans la pénombre des intérieurs, ou sous la clarté des réverbères dans la nuit noire et pluvieuses ; les volutes de fumées des cigarettes de Tony Leung, et une obsédante ritournelle qui rythme cette chronique d’un amour impossible. Mais à trop vanter la forme, on finirait par perdre de vue l’essentiel : une émotion qui ne saurait se réduire à une expérience esthétique.[…]

L’intrigue se déroule de manière linéaire et chronologique, mais les citations d’un roman de Leu Yee-chang (qui, sous forme de cartons, se substituent à la voix off des narrateurs des précédents films de Wong-Kar-waï) imposent une distance par rapport à l’action. Chaque geste, chaque rituel (dont le caractère cyclique est souligné sur la bande-son par un entêtant leitmotiv) revêtent une importance particulière dans la mesure où ils s’inscrivent dans la perspective d’une impasse sentimentale annoncée d’emblée. D’où les tentatives de littéralement ralentir le temps pour immortaliser l’instant présent, et l’attention portée au moindre détail comme témoin d’un espoir de bonheur enfui.
Plus encore que les non-dits des dialogues, les inserts sur les objets ou les flashes de lumière qui embrasent la pellicule expriment l’état d’esprit des personnages enfermés (voir les nombreux plans qui les surprennent derrière des barreaux) dans leur rôle de mari et d’épouse. Ce décalage se retrouve aussi dans l’élégance des parures de Maggie Cheung, qui tranche avec la modestie des décors (chambres exigües, immeubles vieillots, restaurants populaires…) et la quotidienneté des situations. Ce que ne manque pas de remarquer madame Suen qui voit sa locataire sortir acheter des nouilles en robe de soirée.
                                                     Philippe Rouyer, Positif, n° 477 (Novembre 2000), pp. 74-75.

Prix et Récompenses
Prix d'interprétation masculine au festival de Cannes 2000 pour Tony Leung Chiu-waï, et Prix de la Commission Supérieure Technique.
Prix de la Meilleure actrice (Maggie Cheung) et de la Meilleure photographie (Christopher Doyle), lors des Golden Horses Awards 2000.
Prix du Meilleur acteur (Tony Leung Chiu-wai), Actrice (Maggie Cheung), Direction artistique, Costumes, Montage (William Chang), lors des Hong Kong Awards 2000
Grand Prix de l'Union de la Critique de cinéma en 2001.
César du Meilleur film étranger en 2001

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2046

2046

(Wong Kar-waï, HK - 2004)

Mercredi 26 mars 2014 à 20h

Salle Juliet Berto - Grenoble

« Etre cinéaste à Hong-Kong, c’est refuser de suivre le rythme effréné des métamorphoses pour en imposer d’autres. C’est conserver le droit au secret, aux affections particulières que l’on révèle peu à peu,
à l’échelle d’une œuvre. Cela veut dire : filmer des lieux et imprimer le souvenir. »

Wong Kar-waï, L’Architecte et le vampire,
Cahier du Cinéma / Made in China (Numéro Hors-Série, 1999).

Wong Kar-wai est sans conteste le cinéaste le plus fascinant de sa géneration. Ses films emprunts d'un romantisme désenchanté sont sans équivalent dans le cinéma actuel. Tantôt percutant et chaotique, tantôt éthéré et langoureux. Sans cesse imité, au cinéma comme dans la publicité, à Hong Kong comme dans le reste du monde. Un style qu'il a développé avec le chef opérateur Christopher Doyle. Un style hérité à la fois du cinéma de sabre chinois et du cinéma d'action de Hong Kong mais aussi du cinéma occidental et de sa passion pour la photographie.
Aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands cinéastes contemporains, et récent Président du Festival de Cannes (2006), Wong Kar-wai passionne par son travail sur ses personnages, son expérimentaiton de l'image et sa fragmentation du temps.

In the Mood for Love et 2046
Les deux longs métrages du cinéaste chinois Wong Kar-Wai, In the Mood for Love et 2046, peuvent être regardés comme un seul et même poème narratif se continuant d’un film à l’autre. Cette continuité ne se présente pas comme une suite à l’américaine, mais comme la poursuite d’une réflexion qui ramène sans cesse l’artiste aux figures qu’il a un jour créées. Ce diptyque maniériste relate l’histoire d’un amour irréalisé et l’obsession de son souvenir : un ancien amour impossible ouvre sur une série d’amours possibles dont il tend en retour à déterminer la fin. [URI:http://id.erudit.org/iderudit/012320ar]

La critique de Télérama
Rares sont les films à provoquer une impression physique aussi manifeste : frisson jubilatoire, intense sourire intérieur, heureuse empathie avec la beauté à l'œuvre sur l'écran. En vrac et en majesté, l'apprentissage du japonais par une jeune femme (adorable Faye Wong), saisi à travers un élégant jeu de jambes. L'érotisme juvénile, et moqueur, d'une amoureuse courtisane (Zhang Ziyi, dont le visage de porcelaine s'anime enfin). Des corps, des visages, des étoffes. Plus obstinément, la fine moustache désabusée de M. Chow, ce viveur triste, traversant les couloirs de l'Oriental Hôtel au milieu des années 1960, les salles de restaurant enfumées, les ruelles pluvieuses.
Wong Kar-wai a l'art de filmer comme aucun autre un Hongkong stylisé et chatoyant, une certaine idée de l'Orient et du désir. Il manie en maître les couleurs du songe ou du souvenir (ici ocre et émeraude), et jamais ce maniérisme ne fait obstacle à l'ivresse des yeux - et des oreilles, le cinéaste n'étant pas sourd aux BO. langoureuses. Il explore avec entêtement son sujet de prédilection, le temps qui passe et les amours qui filent. On le sait depuis In the mood for love, dont 2046 est... quoi, au juste ? la suite officieuse ? le dérivé officiel ? la version « upgradée », comme on dit d'un logiciel qu'il est « mis à jour » ? Peu importe, puisque le spleen enjoué de son héros, ce paumé magnifique, est à jamais, par ricochet, le nôtre. [Aurélien Ferenczi, TELERAMA, 25 avril /2009].

 

 

 
 
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