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Les Amants crucifiés

Les Amants crucifiés

Les Amants crucifiés Réalisé par Kenji Mizoguchi en 1954

Synopsis

XVIIe siècle. Mohei est le brillant employé de l’imprimeur des calendriers du palais impérial. O-San, la jeune épouse de son patron, sollicite son aide pour éponger les dettes de sa famille car son mari est trop avare. Mohei accepte et emprunte l’argent sur la commande d'un client. Dénoncés et menacés d’adultère, Mohei et O-San vont devoir fuir avant de s’avouer l’un l’autre leur amour.

En un peu plus

Mizoguchi fait une critique de cette société japonaise du XVIIe siècle, en montrant qu'elle est fondée sur la réputation, la place sociale de chaque personne. De plus, elle est fortement influencée par l’argent qu’on en possède ou pas, que l’on achète, que l’on en prête ou non. C’est pourquoi, la peur du déshonneur guide les protagonistes. Dans cette société, les sentiments fraternels et/ou amoureux ne sont pas naturels, toujours contraints, imposés par la famille(mariage arrangés par les anciens), ou par les relations entre employé/employeur. La mise en scène est impeccable et très tranchante entre ces intérieurs rigides et ces extérieurs très souples. Ces deux champs montrent que seul à l'extérieur, la véritable rencontre entre deux personnes peut se construire, se fortifier jusqu'à son paroxysme, la naissance d’un amour inattendu, fou et destructeur. J’ai personnellement été cueilli, surpris par cet amour fou car je n'avais aucune connaissance de ce film ni de ce réalisateur. Cette passion m’a littéralement retourné par ces situations humaines et ce destin annoncé dans le titre même du film. Il y a une réplique qui résume ces quelques lignes “je n’ai jamais vu Madame si heureuse”: elle qui avait tout dans son mariage; pour le fuir pour vivre enfin cet amour avec l’employé de son ami. Ce choix la couvre de déshonneur ainsi qu’à son ami. Mais elle sera riche, aimée et respectée comme jamais. J’ai lu cette citation d’Eric Rohmer : « S’il nous touche de très près, ce n’est pas parce qu’il démarque l’Occident, mais parce que, parti de fort loin, il aboutit à la même conception de l’essentiel. » Étant sensible à la qualité visuelle du film, la restauration en 4K est juste magnifique. Le travail est perceptible lors certains plans sombres ou ceux en exterieur nappés de brouillard.

Où voir ce film rare ?

Je vous propose de découvrir ce film qui est proposé par la cinetek dans le cycle mensuel Passion. le cycle comporte 9 autres films dont “La femme d’à coté” de François Truffaut, “Brève rencontre” de David Lean….) Ce film est aussi disponible en DVD/Blu ray.

Christophe Germain

Media

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