Logo
Imprimer cette page

Le 10/05/2017 L'Atalante

Le 10/05/2017 L'Atalante

Mercredi 10 mai 2017 à 20h
Cinéma Juliet Berto
Place Saint-André, Grenoble

Cycle "Au fil de l'eau (3/3)
L'Atalante

(Jean Vigo, France - 1934)

" Jean Vigo, le Rimbaud du cinéma. " Henri Langlois.

 « Le but sera atteint si l’on parvient à révéler la raison cachée d’un geste, à extraire d’une personne banale et de hasard sa beauté intérieure ou sa caricature, si l’on parvient à révéler l’esprit d’une collectivité d’après une de ses manifestations purement physiques. Et cela avec une force telle que désormais le monde qu’autrefois nous côtoyons avec indifférence s’offre à nous malgré lui au-delà de ses apparences. »
Jean Vigo [in Pierre Lherminier, Jean Vigo, Editions Pierre Lherminier/Filméditions, Paris, 1984, p. 47]. 

« Plusieurs tentatives de reconstitution furent menées à partir de 1950. Mais c’est ce dimanche 13 mai 1990 que le film maudit vient de renaître dans toute sa beauté, son originalité d’écriture, son réalisme social et poétique, son exaltation de l’amour fou, son aspect onirique, son esprit anarchiste, son rythme narratif auquel s’accorde la musique de Maurice Jaubert, qui a parfois des accents à la Kurt Weill, et ses merveilleux interprètes : Dita Parlo, Jean Dasté, Michel Simon, Gilles Margaritis… Un choc, un éblouissement, même pour les cinéphiles. Et pour celle qui, à peine plus âgée que le film, se tenait, les larmes aux yeux, à la sortie de la salle : Luce Vigo, fille de Jean. »
Jacques Siclier, Le Monde [15 mai 1990].

« On envie ceux qui vont découvrir aujourd'hui ce film sublime. Son auteur, le surdoué Jean Vigo, mourut en 1934, à 29 ans, en plein montage. Évidemment, les distributeurs en profitèrent pour l'affubler d'un titre plus commercial, Le Chaland qui passe, titre d'une rengaine de l'époque. L'intrigue, apportée par le producteur Jacques-Louis Nounez à Vigo, est typique du cinéma réaliste des années 30 : la jeune femme d'un marinier, lassée de sa vie monotone et médiocre, se laisse séduire par les tentations de la ville, mais elle reviendra à son mari. Vigo l'avait même d'abord qualifiée de "scénario pour patronage". Mais il n'avait plus trop le choix, sa réputation d'anticonformiste freinant déjà sa carrière. Il décide alors de s'approprier ce scénario comme un point de départ, et à l'arrivée, en fait son film, transcendé par une poésie hors du commun : poésie dans le bouquet de la mariée qui flotte au fil de l'eau, poésie dans le bric-à-brac du père Jules (Michel Simon en clodo rabelaisien), poésie dans la course de Jean vers la mer, etc. Il faut y ajouter la dimension subversive, qui est la marque de Vigo (Zéro de conduite, son précédent film, venait d'être victime de la censure) : ici, il ridiculise par exemple la cérémonie du mariage. Cette insurrection permanente contre la société bourgeoise et cette liaison de l'idée d'amour fou avec celle de révolution font de Jean Vigo l'un des rares cinéastes surréalistes. " La fantaisie, disait-il, est la seule chose intéressante de la vie. Je voudrais la pousser jusqu'à la loufoquerie." »
Olivier Nicklaus, Les Inrockuptibles [lecinematographe.com]

Si les interprètes effectuent une composition légendaire, l’essentiel est ailleurs, à commencer par ces prises de vue inédites montrant l’avancée de la péniche et ses environs. Bien épaulé par le chef opérateur Boris Kaufman, Jean Vigo filme avec bonheur un vieux port désaffecté près d’un réseau ferré ou reconstitue une guinguette populaire qui semble sortir d’une toile de maître. Il y a dans L’Atalante une imagination foisonnante, qui culmine avec le rêve de Jean imaginant sa jeune épouse nager dans les profondeurs de la mer, en robe de mariée. Mais on pourrait citer de nombreux passages cultes de cette merveille visuelle et sonore, des boniments du camelot incarné par un acteur qui semble improviser (Gilles Margaritis), aux exhibitions du père Jules, dont le burlesque cinématographique est digne des frères Marx. Surnommé le « Rimbaud du cinéma » par Henri Langlois, Jean Vigo nous laisse avec L’Atalante l’une de ces œuvres uniques et magiques qui ont fait la réputation du 7e art.

On trouvera en fichiers téléchargeables, deux dossiers d'étude du CNC sur le film, ainsi que la fiche du film F170510.

Dernière modification ledimanche, 07 mai 2017 15:15

Éléments similaires (par tag)

Dernier de Krishna

©2015 Le Ciné-Club de Grenoble